NOS CONSEILS – Avec la guerre en Ukraine, les incertitudes sont nombreuses. Quel placement privilégier? Faut-il garnir son livret A? Faut-il éviter certains placements? On vous aiguille.
Face à l’offensive russe en Ukraine, les incertitudes restent nombreuses. Les épargnants qui veulent placer leurs économies en lieu sûr n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers les livrets bancaires et autres produits réglementés, qui bénéficient d’une grande protection. Mais il leur sera très compliqué de cumuler à la fois sécurité, liquidité et rentabilité. «Ils devront forcément faire l’impasse sur l’un de ces trois critères», estime Vincent Cudkowicz, cofondateur du site de conseil en placements bienprevoir.fr.
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Les taux directeurs bas maintenus par la Banque centrale européenne et l’inflation (d’après l’Insee, elle pourrait dépasser les 4 % sur un an en mars après avoir déjà atteint 3,6 % en février) ne plaident pas en faveur des placements garantis. «Avec la guerre en Ukraine, la hausse des prix devrait s’accentuer et s’installer dans la durée», prévient Cyril Blesson, associé au sein du cabinet d’études économiques et financières Pair conseil. Il faudra inévitablement se satisfaire d’une faible rémunération.
1. Quel placement doit-on privilégier?
Avec un rendement de 2,2 % depuis le 1er février 2022, le livret d’épargne populaire (LEP) est le produit réglementé le plus rémunérateur (en pratique, son taux correspond au chiffre le plus élevé entre le taux du livret A majoré de 0,5 point et l’inflation moyenne du semestre précédent, hors tabac). Privilégiez-le si vous y avez accès (son plafond est de 7700 € et il est limité à 2 par foyer). Pour ouvrir ce livret, cette année, le revenu fiscal de 2020 figurant sur votre avis d’imposition 2021 ne doit pas excéder 20.297 € pour une part. Ce placement reste méconnu: selon la Banque de France, 13,3 % des Français majeurs détenaient un LEP en 2020, alors que 50 % y ont droit. En cause, l’obligation de prouver chaque année que les critères de revenus sont bien respectés. L’accès à ce livret devrait toutefois être facilité: un décret de mars 2021 permet aux banques de contrôler automatiquement l’éligibilité de leurs clients auprès du fisc, qui doit aussi prévenir par e-mail tous les Français pouvant souscrire un LEP.
2. Faut-il garnir son livret A?
Il reste incontournable puisque ce placement a vu son rendement, garanti par l’État, passer de 0,5 à 1 % depuis le 1er février dernier, une première depuis dix ans. Avec la forte hausse des prix, son rendement réel est pourtant négatif et ne préserve pas le pouvoir d’achat. «En période de crise, les placements sécurisés sont toujours privilégiés par les ménages», constate Cyril Blesson. D’autant que ce produit d’épargne, accessible dès la naissance, conserve plusieurs atouts: il est sans frais, très souple – les retraits sont possibles à tout moment – et ses intérêts sont totalement défiscalisés et nets de prélèvements sociaux. Son «cousin», le livret de développement durable et solidaire (LDDS), offre les mêmes avantages, mais il est limité à 2 au maximum par foyer (son plafond s’élève à 12.000 €, 22.950 € pour le livret A). «Un couple avec deux enfants peut ainsi placer 115.800 € sans risque, ce qui n’est pas négligeable», chiffre Cyril Blesson.
3. Faut-il éviter certains placements?
Les livrets bancaires fiscalisés ne rapportaient, en moyenne, que 0,09 % brut par an fin 2021, selon la Banque de France. De rares offres sortent du lot comme, par exemple, le livret Cashbee qui propose 2 % bruts sur 3 mois, puis 0,60 % (0,7 % net sur un an, soit moins que le livret A). Sans limite de dépôt, ces superlivrets s’avèrent seulement utiles pour placer un capital acquis lors de la vente d’un bien ou d’une succession avant de le réaffecter et si vous avez déjà fait le plein sur des livrets réglementés. Attention, ils ne bénéficient pas toujours de la garantie des dépôts à hauteur de 100.000 € en cas de faillite de la structure qui le propose (cela peut être vérifié sur le site garantiedesdepots.fr). C’était le cas de la fintech française Swoon, qui offrait un livret rémunéré à 3 % et qui a été mise en liquidation l’an passé.
Autre produit dont on peut se passer: les comptes à terme qui imposent de bloquer votre argent pendant une certaine durée (de 1 mois à 5 ans) pour toucher une rémunération fixée à l’avance (par exemple, 0,7 % sur 2 ans chez PSA Banque). D’une part, ces placements sont fiscalisés (30 % de prélèvement forfaitaire unique – PFU – ou au barème progressif de l’impôt sur le revenu) et, d’autre part, un retrait anticipé entraîne des frais, variables selon les banques, mais pénalisants. Sans compter des rendements, à ce jour, bien maigres.
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