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Alors que nous avons l’impression de laisser derrière nous (pour combien de temps ?) bien des éléments traumatisants de la pandémie (surcharge hospitalière, mesures de distanciation sociale, couvre-feux, confinements, etc.), nous sommes bien conscients que celle-ci a laissé des séquelles profondes qu’il faudra affronter pour des années, comme l’accélération d’une dégradation du système de santé publique commencée bien en amont. Plus encore, la pandémie a représenté dans certains domaines un tournant. Nous avons changé de monde et savons que nous ne reviendrons pas en arrière. Au premier plan de ce changement : l’usage désormais massif et quotidien du numérique sous toutes ses formes – pour ceux, du moins, qui en ont les moyens. Certes, le mouvement avait commencé depuis deux décennies mais les deux dernières années ont vu sa massification et surtout son application à des domaines jusqu’alors inégalement touchés, comme par exemple, de façon assez emblématique, la vie de nos communautés croyantes.
Au même moment, le fondateur de Facebook annonce la création de Metaverse, un monde entièrement virtuel, en le présentant comme l’avenir incontournable de nos relations sociales. Ce que certains désignaient déjà depuis des années – sans nul doute à raison – comme la « révolution numérique » s’accélère ainsi chaque jour un peu plus. La façon dont nous construisons notre rapport à Dieu en est nécessairement impactée de multiples façons. Rapport au savoir, à l’Écriture, à la parole prêchée en chaire, relations communautaires, vie de prière, modalités du témoignage, rapport au réel, etc. : autant d’éléments constitutifs de notre vie de foi qui se voient bouleversés par le monde numérique, nous appelant à un discernement complexe mais passionnant.
Anne-Sophie Vivier-Muresan, directrice de la publication