Agressions physiques ou sexuelles, insultes, menaces… Les personnes handicapées, surtout les femmes, sont davantage victimes de violences que le reste de la population et expriment un plus fort sentiment d’insécurité, selon une étude publiée mercredi 22 juillet. «Le handicap fait partie des caractéristiques – avec la situation familiale ou l’âge – qui influent le plus sur la probabilité d’avoir subi des violences physiques, sexuelles et verbales », affirme cette étude de la Drees (service statistique des ministères sociaux) basée sur l’enquête «Cadre de vie et sécurité» établie à partir de chiffres de l’Insee et du ministère de l’Intérieur.
Dans le détail, 7,3% des personnes handicapées déclarent avoir subi au cours des deux dernières années des violences physiques et/ou sexuelles (5,1% dans le reste de la population), autant ont été exposées à des menaces (contre 5,8%), et 15,4% à des injures (contre 14,1%).
Parmi les personnes identifiées comme «handicapées ou ayant quelques gênes ou difficultés dans la vie quotidienne », plus d’une sur quatre (25,2%) déclare avoir subi au moins une atteinte (vol, menace ou injure, violences physiques ou sexuelles), contre une sur cinq pour le reste de la population. Les femmes en situation de handicap sont encore plus concernées : 9% ont été victimes de violences physiques et/ou sexuelles au sein de leur ménage ou en dehors (contre 5,8% des femmes sans handicap), dont 4% ont en particulier subi des violences sexuelles (contre 1,7%).
Seul un quart des victimes se sont déplacées au commissariat ou à la gendarmerie après les faits, dont près de la moitié ont porté plainte pour violences physiques ou sexuelles.
Concernant les plaintes déposées par des victimes majeures pour agressions sexuelles, un quart des faits ont eu lieu à leur domicile, un quart dans des établissements spécialisés (instituts médico-éducatifs, établissement et service d’aide par le travail, structures de santé), un quart en foyer, et le reste dans des lieux non précisés. Concernant les plaintes pour viols, près d’un fait sur deux (43%) a eu lieu au domicile, 27% en établissement, 14% en foyer, le reste dans des lieux non précisés. Pour les mineurs, les faits (agressions sexuelles comme viols) ont majoritairement lieu à domicile ou dans des établissements spécialisés.
Qu’elles aient ou non été victimes, 17% des personnes handicapées déclarent se sentir en insécurité dans leur quartier et 16% ont déjà renoncé à sortir de chez elles pour des raisons de sécurité, contre 11% et 9% du reste de la population.
La stratégie d’emploi inclusif pour les personnes handicapées mise à mal.
Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée du dossier, craint que la crise ruine les efforts entrepris depuis trois ans pour faciliter leur insertion.
Sophie Cluzel, à l’Élysée, en 2019. Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro
Maintenir le cap! Telle est l’ambition de Sophie Cluzel, la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées , pour qui celles-ci comptent parmi les grandes victimes de la crise économique. En temps normal, déjà, elles ont du mal à s’insérer sur le marché du travail. Seulement 988.000 des 2,8 millions de personnes reconnues handicapées en âge de travailler, étaient en emploi fin 2019. Soit un tiers! Quant à leur taux de chômage de 18 %, il est deux fois plus élevé que celui des valides. Actuellement, plus de 507.000 handicapés sont inscrits à Pôle emploi…
Les craintes de Sophie Cluzel sont d’autant plus fondées que le secteur de l’emploi protégé a été lui aussi soumis à rude épreuve durant les huit semaines de confinement. La quasi-totalité des Établissement et service d’aide par le travail (Esat) ont fermé leurs portes. Quant aux entreprises adaptées (EA), 32 % ont stoppé leur exploitation, 60 % maintenu une activité partielle et 8 % une activité totale. Au total, le secteur a enregistré.