Nous ne savons et ne voulons spéculer sur la part du calcul électoral. Prenons aujourd’hui acte d’une décision … attendue, toute tardive fût-elle. Est-elle due à nos efforts conjugués. Est-elle due à un minimum de décence lorsque Trop c’est Trop et que l’antisémitisme décomplexé défigure le pays. Calcul électoral disent les esprits chagrin et avertis…
Toujours est-il que nous ne bouderons pas notre satisfaction en apprenant que le PR français boycottera à son tour la Conférence de suivi de Durban prévue le 22 septembre, en raison de son historique de déclarations antisémites. La France restera donc à l’écart de la Conférence des Nations Unies sur le racisme le mois prochain en raison de préoccupations concernant l’antisémitisme, a annoncé vendredi son bureau via AFP : Le PR a décidé et annoncé hier 13 aout que la décision était due à sa préoccupation concernant un historique de propos antisémites tenus lors de la conférence de l’ONU sur le racisme, dite conférence de Durban : Attachée à l’universalisme des droits de l’Homme, la France continuera de lutter contre toutes les forces de racisme et veillera à ce que la conférence de suivi de Durban se tienne dans le respect des principes fondateurs des Nations unies, a déclaré la Présidence française, Emmanuel Macron fustigeant l’insupportable regain de l’antisémitisme dans notre Europe , ce mal souterrain qui peut porter son visage de toujours ou emprunter les masques nouveaux de la haine islamiste de l’antisionisme.
Pour rappel, la réunion de New York est organisée pour marquer le 20e anniversaire de la Conférence de 2001 à Durban, en Afrique du Sud, dite contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance, qui s’est tenue à Durban, en Afrique du Sud, en 2001 et a abouti à la Déclaration et Programme d’action de Durban contre le racisme.
Pour rappel encore, lors de la première édition de ce forum, tenu du 31 août au 8 septembre 2001, quelques jours seulement avant les attaques terroristes du 11 septembre, et marquée par de profondes divisions sur les questions de l’antisémitisme, du colonialisme et de l’esclavagisme, des pays arabes avaient tenté d’assimiler le sionisme au racisme, ce qui occasionna le retrait d’Israël et des Etats-Unis. De nombreux pays occidentaux, dont la France, avaient déjà boycotté la Conférence de Suivi de Durban en 2009, ainsi que celle de 2011, pour s’élever contre les déclarations antisémites qui y étaient prononcées, la seconde édition en 2011 à Genève ayant vu les représentants des pays européens quitter la salle de Conférence lors d’un discours anti-israélien prononcé à la tribune par Mahmoud Ahmadinejad, Président iranien de l’époque.
Si les Nations Unies avaient organisé de grandes Conférences contre le racisme en 1978 et 1983, l’événement phare auquel on fait souvent référence est ce rassemblement de 2001 à Durban en Afrique du Sud, qui a depuis été surnommé Durban I. Les participants à cet événement avaient publié un document connu sous le nom de Durban Déclaration et Programme d’action, lequel document condamnait le racisme et toutes les formes qui y étaient liées, y compris l’antisémitisme, sauf qu’une première ébauche de cette déclaration avait tenté d’assimiler … le sionisme au racisme.
Si plusieurs pays, parmi lesquels l’Australie, l’Autriche, le Canada, les Etats-Unis, la Hongrie, Israël, les Pays-Bas, la République tchèque et le Royaume-Uni, avaient déjà annoncé qu’ils ne comptaient pas participer à la prochaine Edition, la France aura pour le moins … traîné des pieds avant de prendre la décision attendue.
De nombreuses voix, notamment issues de la communauté juive, se sont hier exprimées sur Twitter, saluant la décision de l’Elysée.
Bravo, a tweeté après l’annonce de l’Élysée Simone Rodan-Benzaquen, Directrice générale de l’AJC Europe American Jewish Association, qui avait dans une tribune de presse le mois dernier qualifié la Conférence de 2001 de terrible revers pour la lutte universaliste contre le racisme, pervertissant et instrumentalisant cette cause contre le sionisme, Israël et les Juifs et avait accusé Durban d’avoir marqué un tournant voire un point de départ dans la manière dont l’antisémitisme se manifeste aujourd’hui.
Désaveu pour les pays arabes et les Palestiniens qui espéraient obtenir une condamnation claire des violations des droits de l’Homme commises selon eux contre des Palestiniens en Israël et dans les territoires occupés et souhaitaient voir le sionisme assimilé à une forme de racisme, la participation palestinienne avec une délégation officielle venant de Palestine ou de New York étant pour sa part confirmée.
La décision française, tardive, a l’intérêt d’exister : aura-t-elle été guidée par quelque calcul électoraliste et les appels incessants de personnalités ou d’institutions ont-ils pesé. Assurément un peu de tout ça. Un peu de gêne encore de participer lâchement en se taisant à la vague d’antisémitisme décomplexé qui salit l’Europe et la France. Une quasi impossibilité de garder la face et collaborer plus encore alors qu’un Document de travail rédigé en vue de la réunion de septembre réaffirmait l’engagement plein et entier à la mise en œuvre du programme d’action de Durban adopté en 2001 et comportant des mesures envers Israël, seul pays mentionné comme raciste dans la déclaration des pays membres de l’ONU participant à la Conférence, conduisant Francis Kalifat, Président du CRIF, à lancer un appel solennel aux dirigeants français à se retirer de cette conférence, afin que la France ne perde pas son âme en participant à cette mascarade : La perversité de cette réunion ne réside pas seulement dans la diabolisation obsessionnelle d’Israël : elle réside dans le fait qu’elle absout en quelque sorte les nazis, avait déclaré Francis Kalifat, selon qui la Conférence de Durban en 2001 avait été l’exemple le plus flagrant de ce délire antisémite.
La décision, rendue publique hier 13 août par le Quai d’Orsay, est assurément l’aboutissement d’un travail mené par les infatigables “donneurs d’alerte” relayés pour une fois par nos institutions communautaires, le CRIF notamment.