Porquerolles
Milena, une étudiante marseillaise, comptait profiter des deux jours de congé hebdomadaire que lui laisse son job d’été pour rejoindre des amis sur la plus grande des îles d’Or. Un périple assez simple sur le papier. TER à 8h30 gare Saint-Charles. Arrivée une heure et demie plus tard à Hyères. Puis bus jusqu’à l’embarcadère de la Tour fondue. Elle avait réservé son billet électronique pour la navette maritime de 11 heures.
Cet été, afin de limiter le nombre de passages, les touristes doivent en effet acheter leur place en amont, l’objectif des autorités étant de ne pas dépasser 4000 personnes par jour. Une mesure inédite, imposée par Jean-Pierre Giran, le maire LR d’Hyères, dont dépend Porquerolles, afin d’éviter l’enfer de la saison dernière : île surpeuplée et commerçants débordés, incapables de fournir un service correct.
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Pour l’étudiante, le voyage a priori simple s’est transformé en épopée dès la gare d’Hyères. C’est d’abord un bus pris d’assaut, avec une vingtaine de personnes debout. Puis des bouchons non-stop tout le long du parcours. Avec comme conséquence un trajet de 20 minutes qui va prendre plus d’une heure. Le bus ne parviendra pas à son terminus et déversera ses passagers à 200 mètres de la gare maritime.
À ce moment, Milena panique car la navette sur laquelle elle a réservé sa place est partie. Elle n’est pas la seule: comme elle, la plupart de ses voisins courent en direction de l’embarcadère, doublant une imposante de file de voitures à l’arrêt, faute de place dans les deux parkings. Partout, des familles s’énervent. Mais tous embarqueront.
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«Comme les autres années»
L’explication est soufflée par un des matelots saisonniers de la compagnie TLV: «J’avais cru comprendre qu’on tournerait avec un bateau toutes les 30 minutes, selon les horaires affichés. En réalité, on fait comme les autres années. On charge au fur et à mesure et dès que 300 passagers sont à bord, on largue les amarres.» Autrement dit, les mesures prises par les autorités pour limiter le flux de touristes ne sont pas appliquées: la compagnie continue d’ailleurs à vendre sur place des billets pour ceux qui n’ont pas réservé.
Les plages sont toujours aussi bondées et les sentiers toujours autant envahis par les vélos
Un agent du parc national
Un agent du parc national en charge de la protection de ce site fragile ne peut que constater l’échec de la mesure. «Les plages sont toujours aussi bondées et les sentiers toujours autant envahis par les vélos.» Et le même de pointer que l’interdiction des massifs forestiers par arrêté préfectoral la semaine du 15 août pour risque d’incendie a rendu la situation encore plus critique. «Les touristes se sont retrouvés entassés sur les trois plages étroites du littoral nord, avec interdiction d’emprunter la plupart des chemins de l’île sous peine d’une amende de 135 euros.»
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Sur le port de Porquerolles, dans la longue file des passagers en attente de la navette retour sous un soleil de plomb, les commentaires sont amers car la facture de la journée est salée. 24 euros la traversée par personne, 10 euros le parking, sans compter les extras – glaces, café, restaurant et, bien sûr… les vélos! «On a dépensé 42 euros par personne pour des vélos électriques. Le plan de l’île fourni avec annonçait 20 km de chemins ouverts. En réalité, seuls trois parcours de 3 km étaient possibles. Dans les 20 km, il y avait l’aller-retour!»
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