Promouvoir l’éloquence en s’emparant du thème de la laïcité, principe souvent mal compris et par voie de conséquence souvent mal apprécié des jeunes générations participe d’une intention pédagogique nécessaire dans le contexte du manque de connaissance et de reconnaissance de ce principe républicain essentiel.

C’était le projet, ancré dans la reconnaissance de la place de l’oral dans la formation générale des lycéens, que la Fédération de Paris de la Ligue de l’Enseignement entendait promouvoir. Travailler en même temps une compétence sociale, la capacité à prendre la parole en public, et l’apprentissage de la laïcité, socle premier des libertés individuelles et collectives, constituaient le ticket gagnant d’une formation émancipatrice.

Hélas, le concours d’éloquence des lycéens d’Ile-de-France, financé par le Conseil Régional et organisé par la Fédération de Paris de la Ligue de l’Enseignement a tourné au fiasco.

On a pu y entendre que : « La laïcité est le cercueil des femmes », « la laïcité est une forme de dictature », « La laïcité doit être réformée car aujourd’hui elle sert surtout à empêcher le port du voile. Alors qu’on doit avoir le droit d’afficher sa religion ». Ces propos émanent des 7 concurrentes présentées par la Fédération de Paris de la Ligue de l’Enseignement, alors que les 3 autres, formés par l’association Expressions de France, ont développé une argumentation tout à fait républicaine.

Comment expliquer cette faillite d’un projet pédagogique ambitieux, parrainé par une association historiquement liée à la laïcité ? Insuffisances des outils pédagogiques fournis ? Ambiguïtés des enseignants ? Accompagnement défectueux des enseignants ?

Les assertions développées par certains jeunes auraient mérité d’être invalidées et rectifiées critiquées et invalidées. Il n’en fut rien. Se contenter de rejeter « l’interdiction de [la]parole [des jeunes]» comme le fait la Ligue de l’Enseignement n’est qu’un aveu de démission pédagogique et un constat d’échec de la mission affichée.

Une véritable « pédagogie de la laïcité » est moins confortable et plus exigeante que cette démission devant une propagande ambiante anti laïque qui cherche à devenir dominante.

Le Collectif laïque national défend l’émancipation de la jeunesse : la transmission du principe de laïcité aux jeunes générations est la garantie d’une République solide et épanouie offerte à toutes et tous.

La transmission de la laïcité comme source d’émancipation vis-à-vis des dogmes, de tous les systèmes religieux et de tous les pouvoirs despotiques et autoritaires mérite beaucoup mieux de la part des associations qui s’en réclament.