L’écrivain Salman Rushdie, auteur du roman « Les Versets sataniques », avait été condamné à mort pour blasphème par une fatwa de l’ayatollah Khomeini en 1989, et sa tête mise à prix par le régime des mollahs en Iran. Bien que vivant sous protection, il vient d’être agressé au couteau à New York par un fanatique chiite, et gravement blessé.

Depuis 33 ans, l’UFAL est toujours Salman Rushdie.

Depuis 33 ans, il incarne la liberté de création, menacée par le totalitarisme islamiste, qui manipule les foules et les croyants par la religion. Il ne s’agit pas de loups solitaires, d’extrémistes plus ou moins déséquilibrés, mais de la fanatisation de millions d’individus organisée par des autorités religieuses, depuis des Etats se proclamant islamiques. La théocratie, c’est l’intolérance érigée en système et la banalisation de l’assassinat religieux.

Salman Rushdie, considéré blasphémateur pour avoir écrit une fiction touchant à la rédaction du Coran, et apostat, pour avoir rompu avec l’islam auquel il était assigné de naissance, est une double figure de la liberté : de création, et de conscience. Aux yeux de l’islam intégriste, il doit être exécuté. Et voilà ce qui fait que, 33 ans après la fatwa, un jeune homme de 24 ans né aux Etats-Unis d’Amérique qui n’a ni connu Khomeini, ni lu les Versets, peut tenter d’assassiner, à New-York, un écrivain de réputation mondiale qui donne une conférence.

« Un nouveau mot (a) été inventé pour permettre aux aveugles de rester aveugles : l’islamophobie. »

Salman Rushdie

Et pourtant, dans l’occident qui se gargarise de liberté, certains « attendent d’y voir plus clair sur les mobiles de l’attentat», ou parlent d’un ouvrage « controversé » à propos des Versets sataniques, reprenant tels quels les anathèmes meurtriers de l’islamisme. C’est qu’entre temps, a prospéré sous nos latitudes la condamnation de « l’islamophobie », plus présentable que le blasphème, mais qui véhicule la même prétention totalitaire et meurtrière de l’islamisme –en se parant de la non-discrimination d’une religion, forcément « minoritaire », confondue avec ses adeptes ou supposés tels !

Les réactions honteuses des dénonciateurs systématiques de l’islamophobie, sur le mode implicite : « Au fond, il l’a bien cherché en provoquant les croyants », sont autant de coups de couteaux supplémentaires portés à Salman Rushdie. Et l’orchestration communautariste du thème par des intégristes du prêche (la da’wa, couplée avec l’épée pour la conquête du pouvoir, selon les Frères musulmans) installés dans notre pays mérite d’être prise au sérieux, et non réduite à une simple affaire de liberté religieuse.

Lisons Salman Rushdie, comme nous regardons et faisons circuler les caricatures pour la liberté desquelles la rédaction de Charlie Hebdo puis Samuel Paty ont donné leurs vies. Et puis, si nous voulons préserver le droit de « dire merde à Dieu » (comme l’écrit Richard Malka), sachons dire « merde aux dealers de l’islamophobie ».

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