C’est une passion française à laquelle les politiques ne peuvent pas échapper. Ministres, maires, parlementaires… Chaque jour, ils nous livrent leur recette de cuisine préférée, inspirée de leurs attaches locales ou familiales. Une histoire de terroir, d’amis et de plaisirs partagés, loin des grands restaurants parisiens.
Patrick Mignola aime la cuisine du dimanche. Celle que l’on compose au gré des restes de la semaine. Lorsqu’il enfile son tablier, le président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale fait fi de toute contrainte culinaire: il mélange les derniers ingrédients dont il dispose. Selon lui, «les meilleurs plats sont ceux du pauvre, quand on ramasse ce qu’il y a dans le frigo».
Son péché mignon, symbole d’une gastronomie qui s’adapte, est un gâteau sucré salé au nom de «farcement savoyard». Enrobé de lard, l’ensemble contient généralement des patates, de la crème fraîche, des pommes et quelques raisins. «Vous mettez ce que vous voulez dedans!», souligne Patrick Mignola.
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Moins célèbre que les illustres raclettes, tartiflettes ou fondues, le farcement offre pourtant les mêmes garanties. «On trouve ça très sympa parce que l’on mange tous ensemble autour de la table, sans avoir à se lever», explique l’élu.
Ce repas est l’héritage de son grand-père, qui tenait un restaurant dans la commune de Viviers-du-Lac, en Savoie. Les dimanches, Patrick Mignola, alors enfant, l’aidait régulièrement à faire la plonge et servir les clients sur la terrasse. L’occasion pour lui de passer par les cuisines. «Mon grand-père n’était pas très pédagogue, mais il me laissait l’observer», raconte le député.
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Le jeune homme apprend ses secrets culinaires. Il ne peut pas toucher aux fourneaux, mais il voit les plats de grenouilles, d’écrevisses et de soufflés au fromage défiler sous ses yeux. Son aîné le sensibilise au mariage des saveurs et à l’art de la cuisson parfaite.
Véritable mentor pour Patrick Mignola, il devient également son entraîneur d’aviron. Quand il n’est pas en cuisine, l’adolescent rame sur les flots du lac du Bourget, à quelques centaines de mètres du restaurant familial. «Ça a duré une dizaine d’années, j’ai été deux fois en finale des championnats de France d’aviron», se souvient l’élu.
Produit star: le beaufort
Il a ensuite quitté sa Savoie natale pour étudier à Sciences Po Paris, sans perdre de vue son guide. «Quand j’avais 20 ans, je ne pouvais le voir qu’une fois tous les deux-trois mois, mais la relation était la même», indique avec nostalgie Patrick Mignola.
De ce rapport privilégié, il a gardé le goût de la transmission culinaire. À l’Assemblée nationale, l’élu partage les vivres de Savoie avec les membres de son groupe parlementaire. «Ça devient une petite compétition entre nous, chacun essaye d’apporter son produit de terroir», s’amuse le député.
Pour conquérir les estomacs, le Chambérien peut compter sur son «produit star», le beaufort. Fin stratège, il n’hésite pas à recourir à une «forme de corruption gastronomique» en élargissant les dégustations aux différents ministères. «À chaque fois que je vais voir un ministre, je lui apporte un morceau de beaufort», explique-t-il.
Patrick Mignola prend par ailleurs le soin d’immortaliser ces instants par des photos. Une façon de se faire l’ambassadeur de la gastronomie savoyarde. Et de rendre hommage à son défunt grand-père.
La recette
● Rapper des pommes de terre et des pommes, puis les mélanger dans un plat.
● Ajouter des œufs, de la crème fraîche, de la farine et éventuellement quelques fruits secs. Enrober le tout de lard.
● Faire cuire le plat avec un couvercle durant deux heures et demie, à une chaleur d’au moins 200 °C.