De notre correspondant à Jérusalem
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La position du gouvernement israélien est d’autant plus malaisée que les contacts établis depuis 2014 entre l’État hébreu et Riyad n’ont rien d’officiels et restent fragiles en dépit d’intérêts stratégiques communs. Le royaume saoudien ne reconnaît pas publiquement l’instauration d’un dialogue avec son nouveau partenaire et va parfois jusqu’à le nier. Cela n’a pas empêché Mohammed Ben Salman de rencontrer en mars dernier à Washington des représentants de grandes organisations juives.
Selon le lanceur d’alerte Edward Snowden et l’institut de recherche canadien Citizen Lab, un logiciel espion a été utilisé par les services saoudiens pour tracer Jamal Khashoggi
Entourée de zones d’ombre, la relation israélo-saoudienne est également assombrie par des révélations sur des ventes de matériel d’espionnage et de surveillance aux pays du Golfe et en particulier à l’Arabie saoudite pour traquer leurs dissidents. Selon le lanceur d’alerte Edward Snowden et l’institut de recherche canadien Citizen Lab, un logiciel espion a été utilisé par les services saoudiens pour tracer Jamal Khashoggi.
Mis au point par la société NSO Group, basée en Israël, il aurait été installé sur le téléphone d’Omar Abdulaziz, un autre dissident saoudien exilé qui était en relation étroite avec le journaliste. D’une efficacité absolue, ce virus appelé Pegasus peut débloquer n’importe quel téléphone portable via un hameçonnage. Après l’ouverture d’un lien, il s’installe silencieusement et enregistre toutes les communications, interactions et emplacements d’un smartphone. Fondé par d’anciens membres de l’unité de renseignement électromagnétique de l’armée israélienne, puis racheté par une société américaine, NSO Group affirme pour sa part que le logiciel sert uniquement à combattre le crime et le terrorisme.
En 2016, Ahmed Mansoor, un militant des droits de l’homme des Émirats arabes unis, avait pourtant été piégé par le virus. Mansoor purge actuellement une peine de dix ans de prison pour avoir publié des articles critiques à l’égard du régime sur les réseaux sociaux. Selon le journal Haaretz, qui a publié une enquête fleuve sur le sujet, d’autres systèmes d’espionnage téléphonique ont été vendus à Bahreïn, un petit royaume où la population à majorité chiite est dirigée par une maison royale sunnite. En février dernier, Nabil Rajab, le militant le plus en vue de Bahreïn, a été condamné à cinq ans de prison à la suite d’une série de tweets critiques à l’égard du régime.