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ONU : Le 15 mars désormais Journée de lutte contre l’islamophobie
La résolution, proposée par le Pakistan, invite les États membres à organiser des événements « visant à accroître la sensibilisation sur la lutte contre l’islamophobie »
Ce qu’en dit l’ONU :
« La Journée dédiée à la lutte contre l’islamophobie a pour but de favoriser un dialogue à l’échelle mondiale sur la promotion à tous les niveaux d’une culture de tolérance et de paix fondée sur le respect des droits humains et de la diversité des religions et des convictions. Ce texte était d’ailleurs présenté au titre du point de l’ordre du jour intitulé « Culture de paix ». Pour le Pakistan, qui a présenté la résolution au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), l’islamophobie est une violation des droits humains et des libertés de religion et de conviction des musulmans. Elle est une source d’anxiété dans le monde musulman surtout depuis le 11 septembre 2001 où les attaques, les soupçons et la peur des musulmans ont pris des proportions « épidémiques ». L’islamophobie est amplifiée par certains discours politiques et de nouvelles lois et restrictions de visas, a relevé le délégué en notant aussi qu’elle est visible dans certains médias et dans les discours d’extrême droite qui exploitent la peur de l’islam à des fins électorales.
L’Indonésie -le plus grand pays musulman au monde- a salué un texte promouvant la tolérance et l’harmonie interconfessionnelle, les droits humains et les libertés fondamentales des musulmans. L’Assemblée envoie un message de pluralisme et de tolérance, a estimé la délégation. L’Arabie saoudite, se prévalant de sa place de « berceau de l’islam », a espéré que ce texte mette fin à la confusion entre islam et terrorisme.
Malgré le consensus atteint sur cette résolution, plusieurs délégations ont exprimé des critiques. Le terme d’« islamophobie » ne fait l’objet d’aucune définition agréée en droit international, a ainsi objecté la France. Cette formule laisse penser que c’est la religion qui est protégée en tant que telle, et non les croyants, or, c’est bien la liberté de croire, de ne pas croire ou le droit de changer de religion que nous devons promouvoir, a expliqué le représentant. La France a aussi relevé que cette résolution ne répond pas à la préoccupation de lutter contre toutes les formes de discrimination, car elle segmente la lutte contre l’intolérance religieuse, en ne sélectionnant qu’une religion à l’exclusion des autres, et en ne faisant pas de référence à la liberté de croire ou de ne pas croire.
L’ONU veut agir pour faire diminuer les actes contre les musulmans. Les 193 membres de l’Assemblée générale des Nations unies ont ainsi adopté mardi, par consensus, une résolution proposée par le Pakistan qui fait de chaque 15 mars une Journée de lutte contre l’islamophobie. Non contraignant, le texte « appelle au renforcement des efforts internationaux pour favoriser un dialogue mondial sur la promotion d’une culture de tolérance et de paix à tous les niveaux, fondée sur le respect des droits de l’homme et de la diversité des religions et des convictions ».
En mettant en avant l’islamophobie, l’OCI a mis l’accent sur la protection de la foi islamique et non sur les droits et libertés des hommes et femmes dans leur croyance, a renchéri l’Union européenne. L’Inde, pour sa part, a dénoncé une résolution qui risque d’encourager l’intolérance contre les religions non abrahamiques, y compris l’hindouisme et le sikhisme, arguant qu’il ne faut pas minimiser la peur que connaissent plus d’un milliard de pratiquants de ces autres religions. Ce texte fait fi de l’inclusion et du pluralisme, a tranché la délégation indienne. »
Commentaires
On ne peut que se féliciter que le Pakistan soit à l’origine de cette initiative. Le Pakistan notamment connu pour son interprétation des droits humains, en matière de liberté d’expression, de blasphèmes, de disparitions forcées, de droits des femmes et de crimes d’honneur où les assassins sont acquittés, etc… se préoccupe de l’islamophobie, le 15 mars est la date retenue. Le 1er avril eût été possible.
Il n’est d’ailleurs pas précisé si les guerres et crimes entre musulmans sont inclus dans cette journée.
Lors de la même session et de la même façon furent adoptées des résolutions non contraignantes sur les pâturages, les veuves, les bicyclettes, ce fut une belle assemblée générale, en séance plénière, 76ème session, 61ème séance. On attend la prochaine
Le 15 mars devient la journée internationale de lutte contre l’islamophobi
La France a contesté la création d’une journée internationale de lutte contre l’islamophobie © Fred de Noyelle / Getty Images
L’Assemblée générale des Nations Unies vient de créer la journée de lutte contre l’islamophobie. Une résolution contestée par certains pays, dont la France.
Le 15 mars est désormais la journée internationale de lutte contre l’islamophobie. Cette résolution a été proposée par le Pakistan, une république islamique qui compte plus de 173 millions de musulmans. Le pays estime que l’islamophobie constitue « une violation des droits humains et des libertés de religion et de conviction des musulmans » et souligne l’anxiété qui pèse sur les musulmans depuis le 11 septembre 2001.
« Les attaques, les soupçons et la peur des musulmans ont pris des proportions “épidémiques”, et l’islamophobie est amplifiée par certains discours politiques et de nouvelles lois et restrictions de visas » déplore le délégué pakistanais à l’ONU. Il dénonce également une islamophobie « visible dans certains médias et dans les discours d’extrême droite qui exploitent la peur de l’islam à des fins électorales ».
La résolution a été adoptée par consensus par les 193 membres de l’Assemblée générale des Nations unies. Mais plusieurs États membres, dont la France, ont exprimé des critiques sur la création d’une telle journée.
UN TERME QUI FAIT DÉBAT
La France a ainsi désapprouvé l’utilisation du terme d’« islamophobie », qui ne fait l’objet d’aucune définition agréée en droit international. « Cette formule laisse penser que c’est la religion qui est protégée en tant que telle, et non les croyants », regrette Nicolas de Rivière, représentant de la France à l’ONU.
« La résolution ne répond pas à la préoccupation, que nous partageons tous, de lutter contre toutes les formes de discriminations » déplore-t-il, « car elle segmente la lutte contre l’intolérance religieuse, en ne sélectionnant qu’une seule religion à l’exclusion des autres, sans référence à la liberté de croire ou de ne pas croire ».
APPEL À LA TOLÉRANCE
Le texte « appelle au renforcement des efforts internationaux pour favoriser un dialogue mondial sur la promotion d’une culture de tolérance et de paix à tous les niveaux, fondée sur le respect des droits de l’homme et de la diversité des religions et des convictions ».
La résolution « déplore vivement tous les actes de violence à l’encontre des personnes sur la base de leur religion ou de leurs convictions et les actes dirigés contre leurs lieux de culte, ainsi que toutes les attaques contre et dans les lieux, sites et sanctuaires religieux, qui sont une violation du droit international ».
UNE JOURNÉE POUR SENSIBILISER
Le texte « invite à organiser et à soutenir divers événements à haute visibilité visant à accroître efficacement la sensibilisation à tous les niveaux sur la lutte contre l’islamophobie ».
La création d’une journée internationale est un symbole : la résolution de l’ONU est non contraignante, les pays qui ne l’observeraient pas n’encourent donc aucune sanction. Mais dédier une journée à la lutte contre l’islamophobie permet de mobiliser « les États membres, les organisations compétentes des Nations unies, les autres organisations internationales et régionales et la société civile, le secteur privé et les organisations confessionnelles, associations et des institutions publiques ».
Autant de moyens de faire évoluer les mentalités vers plus de tolérance : d’après un sondage Ifop pour la Dilcrah et la Fondation Jean-Jaurès, 42 % des musulmans vivant en France affirment avoir fait l’objet d’au moins une forme de discrimination liée à leur religion au moins une fois dans leur vie.