Je n’ai jamais trouvé Robert Ménard sympathique.
D’abord parce que ses positions sur l’immigration, sur les « aspects positifs » de la colonisation, sont juste insupportables. Ensuite parce qu’il a été journaliste, et que ce genre de déclarations est une insulte à la déontologie journalistique.
Et puis, coup de tonnerre dans Landernau, Robert Ménard fait, cette semaine, un spectaculaire mea culpa : «Je vais plaider coupable : j’ai dit, écrit, publié à Béziers un certain nombre de choses par exemple au moment des combats en Syrie et en Irak et l’arrivée des réfugiés chez nous que je regrette, que j’ai honte d’avoir dit et fait. C’est une faute», déclare-t-il sur la chaîne LCI.
La presse s’interroge, surprise et sceptique « Quelle mouche a piqué Robert Ménard ? » titre l’Opinion. « Sur les réfugiés, Robert Ménard se découvre humaniste », raille Libération.
Et pourquoi ne pas simplement créditer Robert Ménard de sincérité. Le journaliste observe, analyse. Le doute est son guide. « L’erreur est humaine, admettre la sienne est surhumain », a écrit l’éditorialiste américain Doug Larson. Peut-être Robert Ménard a-t-il retrouvé ses réflexes de reporter. Naturellement, cela n’efface pas ses déclarations sur le colonialisme. Mais après tout, le meilleur est peut-être à venir…
En tous cas, il faut un certain courage pour ainsi oser piétiner la fourmilière, et affronter l’ire de ses anciens amis. Marion Maréchal Le Pen, nouveau soutient d’Eric Zemmour, avait voulu monter en première ligne : « Qu’il aille dire cela aux morts et aux mutilés à vie, victimes du Bataclan ». Mal le lui en a pris. L’ancien président de Reporters sans frontières a la répartie assassine : « C’est minable, juste minable. J’allais ajouter un mot plus dur, c’est dégueulasse. Que Marion Maréchal ne se prenne pas pour une espèce de géopoliticienne de plateau de télévision et qu’elle aille voir un petit peu ce que c’est que le malheur des gens. Elle manque, comme Eric Zemmour, du minimum d’humanité. C’est de la démagogie de comptoir. J’ai honte pour elle, qu’elle ait pu dire une chose comme ça. » .
Du coup, les imbécilités ségrégationnistes d’Eric Zemmour « Nous savons faire la différence entre des migrants et des réfugiés issus d’une civilisation chrétienne » apparaissent, aux yeux de plus en plus de Français, pour ce qu’elles sont : pathétiques.
« Il n’y a pas deux sortes de victimes : il n’y a pas les Européens chrétiens qu’il faudrait défendre et puis les gens du Moyen-Orient qui seraient musulmans et qu’on aurait eu raison de ne pas accepter chez nous » rétorque Robert Ménard. Nous n’aurions pas dit mieux. Espérons que le grâce continue d’éclairer nos politiciens… espérons…
Abdeljallil Asmar