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Extrémisme violence et contexte éducatif.
Depuis la vague d’attentats initiée avec l’assaut de Charlie Hebdo en janvier 2015, les discours sur la “radicalisation” se sont multipliés dans l’espace public, en particulier autour d’une incompréhension : comment des jeunes, français ou installés en France de longue date, peuvent-ils adopter des positions haineuses à l’égard de ceux qu’ils décrivent comme leurs ennemis, et choisir de pratiquer des actions violentes à leur encontre ?
Dans quelle mesure et comment, par ailleurs, l’apparition de certaines positions extrêmes dans le domaine religieux serait alors portée par le motif essentiel d’un gain de sens au cœur d’une identité collective forte ? Une sorte de communauté virtuelle, immédiatement accessible, s’extrait alors de toute notion de territoire, de structure étatique et même d’appartenance familiale. Une forme de rupture générationnelle émerge, et les jeunes se montrent critiques vis-à-vis du modèle religieux parental en se laïcisant, ou, au contraire, en revenant aux « fondements » sur une démarche plus individualiste.
Cela introduit donc directement la question de l’éducation, et notamment l’éducation à la citoyenneté et à la formation des préférences politiques des jeunes en quête de modèle religieux, et en particulier à la manière de créer dans le cadre scolaire des espaces de débats à la fois ouverts et protégés. Que suggérerait alors à nos communautés éducatives l’émergence de l’extrémisme religieux violent par rapport aux valeurs du « vivre ensemble », et à la transmission qu’elles supposent ? Les expressions religieuses contemporaines les plus extrêmes s’inscriraient alors subjectivement et collectivement dans ce cadre de déficit des valeurs symboliques partagées qui feraient lien.
Par ailleurs, le monde éducatif est confronté à la problématique émergente du décalage entre discours scientifique et religieux, qui mène dans certains cas au dysfonctionnement de l’institution scolaire (avec notamment le refus de participer à certains cours).
Ainsi, la formation citoyenne pourrait s’en trouver entravée. Plutôt que d’empêcher toute expression radicale de la part des adolescents déployant des signes ostentatoires de religiosité, pour qui cela peut constituer une étape dans la construction de la subjectivité politique et religieuse, il conviendrait dès lors de les accompagner vers la prise de position dans un espace pluraliste. La formation des personnels éducatifs à l’interaction avec ces formes d’expression extrémistes est alors à penser, dans un contexte où ils peuvent avoir le sentiment qu’elles dénient la possibilité même d’un lien social.
Il s’agit d’établir un état des lieux de la question, alors que, plus académique, et d’établir une confrontation des données amenées par les acteurs de terrain et de celles issues de la recherche académique.