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GIROTTO Jean-louis, rédacteur du site www.soufisme.org et
FEUR Raphael, conférencier sur le soufisme dans le sud de la France
“Le soufisme incarne un visage trop méconnu de l’islam : celui de la générosité, de l’ouverture et de la fraternité. Il se présente comme une voie de transformation intérieure, accessible à celui ou à celle qui a une quête spirituelle sincère, quelle que soit sa culture ou son milieu social d’origine. Connu depuis plus d’un millénaire, le soufisme a été révélé au monde occidental notamment à travers Rûmi et les derviches tourneurs, Ibn ‘Arabi ou l’Emir Abdelkader.
Le soufisme est le mysticisme de l’Islam. Comme tel, il a la particularité d’exister aussi bien dans l’Islam sunnite que dans l’Islam chiite. Décrire le soufisme est une tâche redoutable. Comme tout mysticisme, il est avant tout une recherche de Dieu et son expression peut prendre des formes très différentes. Par ses aspects ésotériques, il présente des pratiques secrètes, des rites d’initiation, eux aussi, variables selon les maîtres qui l’enseignent.
Chaque maître se constitue en une cohorte de disciples attirés par la réputation de son enseignement. Tout au plus, ces maîtres déclarent se rattacher à une ” confrérie “, elle même, fondée par un célèbre soufi des siècles passés, Ibn Arabi. Personne ne vérifie une quelconque orthodoxie de l’enseignement donné, du moment qu’il se réfère à l’Islam.
L’importance de cet Islam secret n’en est pas moins remarquable. Historiquement, il a joué un rôle de premier plan dans la naissance des déviations du chiisme que sont l’Ismaëlisme et la religion druze. En littérature, il a profondément inspiré certaines des oeuvres arabo-persanes les plus remarquables comme les Contes des Mille et Une Nuits ou le poème d’amour de Leyla et Majnoun. Selon les soufis, toute existence procède de Dieu car Dieu seul est réel. Le monde créé n’est que le reflet du divin, ” l’univers est l’Ombre de l’Absolu “. Percevoir Dieu, derrière l’écran des choses, implique la pureté de l’âme. Seul un effort de renoncement au monde permet de s’élancer vers Dieu : ” l’homme est un miroir qui, une fois poli, réfléchit Dieu “.
Le Dieu que découvrent les soufis est un Dieu d’amour et on n’accède à Lui que par l’Amour “. Qui connaît Dieu, l’aime ; qui connaît le monde, y renonce “. ” Si tu veux être libre, sois captif de l’Amour. “
Même diversité et même imagination dans les techniques spirituelles du soufisme. La recherche de Dieu, par le symbolisme passe, chez certains soufis, par la musique ou la danse qui, disent-ils transcende la pensée . C’est ce que pratiquait Djalal ed din Roumi, dit Mevlana, le fondateur des derviche tourneurs. Chez d’autres soufis, le symbolisme est un exercice intellectuel où l’on spécule, comme le font les Juifs de la Kabbale, sur la valeur chiffrée des lettres. Ce peut être, aussi, par la répétition indéfinie de l’invocation des noms de Dieu que le soufi recherche son union avec Lui.
Le soufisme apporte ainsi à l’Islam une dimension poétique et mystique qu’on chercherait en vain chez les exégètes du texte coranique. Ces derniers, irrités par ce débordement de ferveur, cherchent à marginaliser le soufisme. C’est pourquoi, les soufis tiennent tant à leurs pratiques en les faisant remonter au prophète lui-même ! Le prophète Mohamed aurait reçu, en même temps que le Coran, des révélations ésotériques qu’il n’aurait communiquées qu’à certains de ses compagnons. Ainsi les maîtres soufis rattachent-ils, tous, leur enseignement à une longue chaîne de prédécesseurs qui les authentifie.
Cette légitimité par la référence au prophète n’entraîne, cependant, pas d’uniformisation du mouvement soufi. Les écoles foisonnent et chacune a son style et ses pratiques. Elles sont généralement désignées, en français, sous le nom de confréries. Avant de procéder à l’étude de quelques unes d’entre elles, il faut, toutefois, garder à l’esprit que les confréries sont devenues, non pas une institution, mais au moins une manière de vivre l’Islam. Il est généralement admis que toutes sortes de mouvements, mystiques ou non, se parent du titre de confrérie pour exercer ses activités. On rencontre, parfois, des confréries fort peu mystiques, à la spiritualité rudimentaire, bien éloignée des spéculations élevées qui ont fait du soufisme, l’une des composantes majeures de la spiritualité universelle.
67, Rue Saint François de Sales – 73000 Chambéry
Contact : Foudil BENABADJI Président de l’U.D.E.A. 04 79 96 13 55