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Choisie en référence aux attentats de Madrid, qui avaient fait 191 morts en 2004, cette date fut celle aussi du premier meurtre commis par Mohammed Merah en 2012 à Toulouse.
On commémore ce mercredi, dans le recueillement, mais avant tout dans l’unité nationale, toutes les victimes des attentats terroristes, en France et en Europe. Ce 11 mars a été choisi par le Président Emmanuel Macron, en harmonie avec la date décidée par les instances européennes.
Jusqu’en 2018, la France rendait hommage à ses victimes des attentats tous les 19 septembre, date anniversaire de l’attentat à la bombe contre un DC 10 de la compagnie UTA qui avait fait 170 victimes en 1989 au Niger.
Mais cette date fut aussi celle du premier meurtre commis par Mohammed Merah en 2012 à Toulouse et Montauban. Ce jour-là, sur un parking devant le gymnase du château de l’Hers, quartier de Montaudran à Toulouse, il est 16h10 quand Mohammed Merah prononce ces mots funestes : “tu tues mes frères, je te tue”. Il abat alors le maréchal des logis-chef Imad Ibn Ziaten, un Français d’origine marocaine, sous-officier au 1er régiment du train parachutiste, d’une seule balle de calibre 45 dans la tête.
Le 19 mars 2012 la population toulousaine s’était rassemblée place du capitole pour rendre hommage aux victimes des attentats commis par Mohammed Merah. Dans les jours qui suivent, la cavale meurtrière du terroriste islamiste fera 7 autres victimes.
D’abord 2 militaires tués – et un troisième resté tétraplégique – le 15 mars à proximité de la caserne du 17ème régiment de génie parachutiste de Montauban.
Enfin 3 enfants et un rabbin-professeur de l’école juive Ozar Hatorah , dans le quartier de la Roseraie à Toulouse, succombent sous les balles du tueur le 19 mars. Un autre élève est grièvement blessé.
Cette série de 7 meurtres de sang-froid s’achève par la mort du terroriste, le 22 mars 2012 après 30 heures de siège de son appartement, dans le quartier de la Côte pavée à Toulouse.
C’est le tournant dans l’histoire des attentats islamistes en France, commis par la suite par des commandos terroristes isolés, baptisés “loups solitaires”, et composés d’une ou deux personnes, à l’exemple de la tuerie de “Charlie hebdo” le 7 janvier 2015, du “Bataclan” et d’autres lieux dans Paris, le 13 Novembre 2015 et du 14 juillet 2016 à Nice.
Cette journée, décidée pour répondre “aux demandes exprimées par de très nombreuses victimes” selon la présidence, va constituer un hommage de la France à la fois pour les victimes des attentats commis en France et pour les victimes françaises d’attentats commis à l’étranger.
Une cérémonie nationale va se tenir au Trocadéro à Paris afin de pouvoir rendre cet hommage. Lors de celle-ci, des lectures de textes, des interprétations de chansons comme l’hymne national et un discours du président de la République, Emmanuel Macron, auront lieu. Le roi d’Espagne, Felipe VI, invité de cette édition, prononcera lui aussi un discours.
Le décret du 7 novembre 2019 annonçant l’instauration de cette journée indique également qu’“une cérémonie analogue peut être organisée dans chaque département à l’initiative du préfet”.
Alors que se tient ce mercredi la première Journée national d’hommage aux victimes du terrorisme en France, Noëlle Szczepanski, victime de l’attentat de Saint-Michel en 1995, a accepté de témoigner au micro d’Europe 1. De ses souvenirs de l’événement à un quotidien marqué par le traumatisme, elle se livre et donne son avis sur le regard que la société lui porte.
Le 25 juillet 1995, l’attentat de Saint-Michel a fait 8 morts et 117 blessés, dont Noëlle Szczepanski. (Photo d’illustration)
Le 11 mars sera désormais une Journée nationale d’hommage. Ce mercredi, Emmanuel Macron va présider à Paris, aux côtés du roi d’Espagne, la cérémonie de la première Journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme en France ainsi qu’aux Français frappés à l’étranger. Désormais, chaque année, cette même date verra se tenir cette cérémonie au Trocadéro, afin de ne pas heurter des victimes en mettant l’accent sur un attentat plutôt qu’un autre. Une date qui est loin d’être choisie au hasard, puisque le 11 mars voit déjà se tenir Journée européenne des victimes du terrorisme.
>> Au cours de cet hommage, des médailles seront remise à 99 personnes, une forme de reconnaissance pour les victimes. “La cérémonie a été co-construite avec neuf associations de victimes”, précise l’Elysée, qui veut “n’oublier aucune victime depuis 1974”, date de l’attentat de Carlos au Drugstore Publicis. Même si cette Journée nationale ne fait l’unanimité auprès de toutes les victimes, une association de l’attentat de Nice ayant annoncé un boycott, elle est plébiscitée par une large majorité. C’est notamment le cas de Noëlle Szczepanski, blessée comme 116 autres personnes dans l’attentat du RER B de Saint Michel, le 25 juillet 1995, qui a également fait 8 morts, a accepté de se confier au micro d’Europe 1.
“Comme toutes les victimes qui sont en vie, je suis culpabilisée”
“J’étais à quelques mètres de la bombe, j’ai failli brûler vive dans cet attentat, j’ai un stress post-traumatique important. Malheureusement, je dois le dire, j’en suis ressortie vivante. Comme toutes les victimes qui sont en vie, je suis culpabilisée. Et 25 ans plus tard, c’est toujours la même chose : quand il y a une difficulté, vous revenez au point zéro, c’est-à-dire l’attentat, c’est impossible d’oublier.
Alors oui, cette Journée nationale est quelque chose d’important. C’est une reconnaissance, parce qu’il faut savoir que lorsqu’on est victime du terrorisme, on s’en va dans l’oubli par la suite. L’attentat de Saint-Michel a d’ailleurs été totalement oublié alors qu’il a fait 8 morts et 200 blessés [117 blessés, ndlr], il y a 25 ans. Là, on va nous remettre une médaille, parfait, je ne critique pas. Quand on fait quelque chose, j’applaudis des deux mains, le débat n’est pas là. Mais il ne faut pas oublier le quotidien, c’est-à-dire l’handicap qui suit cet acte de terrorisme. Et je trouve qu’il y a là un grand manquement de la part de l’État.
J’espère que les victimes n’auront plus maintenant à vivre ce parcours du combattant, j’ai mis 10 ans pour m’en sortir. D’autant qu’à chaque nouvel attentat, c’est comme si j’étais dedans, les deux pieds pataugent dans le sang, c’est instinctif. Vous revivez tout, vous revoyez tout, on ne peut pas lutter.
En France on est sensible sur le coup, mais après on n’en a plus rien à faire
J’espère qu’il n’y aura plus jamais d’attentat, c’est un poison violent pour la société, et l’un n’efface pas l’autre. Qu’il ait eu lieu il y a 15 jours ou il y a 10-20-30 ans, ça reste un attentat. En France on est sensible sur le coup, mais après on n’en a plus rien à faire. On regarde les victimes comme un fardeau, et d’un seul coup, vous gênez la société. Que les Français respectent au moins décemment les victimes, n’oubliez pas et ne nous oubliez pas.”