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COMPTE RENDU DES ASSISES TERRITORIALES DE L’ISLAM EN FRANCE – SAVOIE
du 14 septembre 2018 organisées par Mr le Préfet de la Savoie
Mr Alexandre ALLEGRET-PILOT (Cabinet du Préfet) contacte les musulmans et les amis des musulmans en Savoie : « A la demande de Monsieur le ministre de l’Intérieur, des assises territoriales de l’islam de France auront lieu en Savoie, pour inscrire l’organisation de l’islam dans le cadre de nos institutions Républicaines ».Mr A. ALLEGRET-PILOT me propose d’intervenir sur : « la Formation des Imams et des Aumôniers ». Je travaille sur ce sujet depuis plus de 2 années. La rencontre des assises a lieu à l’Université Savoie-Mont-Blanc le 14 septembre 2018. Une soixantaine de personnes compose cette rencontre.
Le Préfet de la Savoie, Louis AUGIER présente le projet devant le président de l’Université Savoie-Mont Blanc, Denis VARASCHIN. Suite de l’appel du Président de la République, Emmanuel MACRON et du Premier Ministre, Edouard PHILIPPE, le Préfet détaille les grandes lignes du programme des assises : « Cela dans un souci de représentativité, dira-t-il, nous avons sollicité la présence de membres du monde associatif, politique, économique, intellectuel, sportif et artistique. Vous êtes conviés à participer aux assises territoriales de l’islam de France et il me semble que vous pourriez très utilement apporter des idées, précisera-t-il ». « L’objectif est de faire part aux représentants de l’État du diagnostic qu’ils portent sur l’organisation de la deuxième religion de France. Et surtout faire montre de la force de propositions s’agissant de la gouvernance, du financement du culte musulman et de la formation des imams et des aumôniers ». Après cette introduction liminaire, le préfet rappelle qu’il n’a pas attendu les assises pour rencontrer les responsables musulmans en Savoie : « Vous avez aussi rencontré les RT. Je vous ai déjà réunis et continuerai à le faire ! », promet-il.
Denis VARASCHIN, Président de l’Université Savoie-Mont Blanc, rappelle l’importance de ces assises. Il met en exergue les bienfaits et l’importance de la formation, de l’éducation qu’il est utile d’assurer auprès des instances nationales musulmanes sur le territoire français. « La feuille de route est claire, dira-t-il en substance. Il s’agit d’aborder, comme vient de le dire le Préfet, les thèmes de la représentation institutionnelle de l’islam de France, de la gouvernance des lieux de culte, de leur financement et de la formation des ministres du culte ».
Alexandre ALLEGRET-PILOT, ayant eu la charge de l’organisation de ces assises, explique à l’assemblée : « Ces assises seront l’occasion de formuler des propositions. En particulier, à la suite des intervenants, une restitution plénière permettra de donner la parole à la salle.
Clément BENELBAZ, Maître de Conférence en Droit Public, à l’Université Savoie-Mont Blanc, rappelle les fondamentaux de la laïcité qui repose sur des principes et valeurs : La laïcité ne se réduit pas à la liberté de religion ou à la neutralité ; elle est l’un et l’autre, mais aussi davantage. Ses deux principaux éléments sont alors la liberté de conscience et la séparation, proclamés dans les deux premiers articles de la loi de 1905 et dont le législateur a pris soin de préciser le sens. Il poursuit en précisant que cela signifie également l’absence de tout dogmatisme professé par l’Etat : si celui-ci est laïque, il écarte tout endoctrinement ; car il n’est ni religieux, ni antireligieux, il est a‑religieux. Les Eglises sont affranchies de tout contrôle étatique ; et l’Etat, s’est lui, libéré d’une tutelle confessionnelle. En même temps, la loi, loin de restreindre les libertés liées aux religions, les proclame, et assure leur protection. Le texte pose ensuite le principe de l’absence de distinction entre les anciens cultes reconnus, et les autres, ce qui constitue le deuxième élément composant la laïcité : l’égalité. Ainsi, la laïcité est la garantie de l’égalité, des citoyens, mais aussi des cultes. Chacun est considéré de la même façon par l’Etat laïque, qui n’en favorise ni défavorise aucun. Les personnes publiques ne doivent pas entraver l’exercice des religions, ni s’immiscer dans les consciences individuelles, ce qui constitue une première règle d’abstention, d’obligation négative. Mais elles doivent aussi agir si, justement, les droits et libertés se trouvent menacés ou entravés, ce qui constitue alors une règle d’action, d’obligation positive. La laïcité n’est donc pas une option spirituelle parmi d’autres, mais ce qui garantit l’intégrité de chacune dans la coexistence avec les autres. Elle est ce qui permet de croire ou de ne pas croire. La séparation, quant à elle, troisième élément de la laïcité, n’implique pas que des droits et libertés, elle proclame également des interdictions : les principes de non reconnaissance et de non subvention proclamés dans la loi aident à mieux cerner et définir la laïcité, mais inversement, ils ne peuvent eux-mêmes se comprendre sans elle. Ce principe de non subvention est ainsi un élément essentiel de la séparation, et donc de la laïcité ; c’est aussi une garantie que la liberté de chaque culte sera assurée. Ainsi, concernant les financements accordés aux cultes, qu’ils soient déguisés, directs ou indirects, ils sont en principe illégaux. Il semble clair que les dispositions de l’article 2 de la loi sont indissociables, et historiquement ils ont toujours été inséparables. La Séparation est une composante indissociable de la laïcité, une de ses traductions juridiques, un de ses fondements. Enfin, l’obligation de neutralité des services publics, dernier volet de la laïcité, passe par leur apparence, et l’image qu’ils donnent aux usagers. Vus de l’extérieur ou de l’intérieur, les services ne doivent donner l’impression ni de favoriser, ni de défavoriser aucun culte, aucune croyance. Sur le plan organique, il est clair que les locaux des services publics doivent être neutres, et une administration ne peut servir à un quelconque prosélytisme religieux. Il s’agit d’une condition indispensable à l’égalité de traitement entre les usagers, et à l’impartialité du service dont on ne doit pas douter. Laïcité, séparation, égalité et liberté, neutralité sont intimement liés. La séparation elle-même se conçoit par les trois règles : non reconnaissance, non salariat, non financement : l’un ne va pas sans l’autre. Elle garantit le libre exercice des cultes et la liberté de religion, mais aussi la liberté vis-à-vis de la religion : personne ne peut être contraint au respect de dogmes ou prescriptions religieuses.
La République laïque assure, ainsi, l’égalité des citoyens face à l’administration et au service public, quelles que soient leurs convictions ou croyances.
La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres, mais la liberté d’en avoir une. Elle n’est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l’ordre public.
La parole revient à ELBAHRAOUI, délégué du CRCM en Savoie : « Mon intervention, dira-t-il, est axée sur la gouvernance du culte musulman en Savoie, cela pour permettre d’alimenter les propositions de ces assises territoriales de l’Islam en France ». Il informe l’assistance, avec pertinence que cette gouvernance, appelée des vœux de tous, se heurte toutefois à des réalités, à des réticences. Il regrette la gestion communautaire de ces nombreuses associations. Elles se heurtent, dit-il à des résistances et postures idéologiques politiques, voire patriotes… ELBAHRAOUI précise, en outre, que l’instance CFCM est la seule reconnue par les instances officielles. Il rappelle que le CRCM Rhône-Alpes avec l’Université Catholique de Lyon, l’Université Jean Moulin Lyon 3 et la Préfecture de Rhône-Alpes, ensemble, ont structuré et un mis en place un D.U. qui serait un des meilleurs millésimes dans le Rhône Alpes.
Albert FACHLER, communauté juive, intervient en tant qu’ami, de longue date, des musulmans : « Conviés à participer, aux assises territoriales de l’islam de France, voici comment s’est structurée la communauté juive en France, dira-t-il. Il y a eu une grande consultation. Napoléon convia une assemblée de notables juifs nommés par les préfets, puis a réunie un grand Sanhédrin (réunion des grands rabbins) de manière à recevoir des réponses claires et sans ambiguïté à une série de questions ». La sécularisation des communautés juives a été la condition de l’émancipation et de l’accession à la citoyenneté. Les rapports du judaïsme à la modernité ont été l’un des aspects du processus d’émancipation de la communauté juive. Les Juifs ont abandonné un certain nombre de prérogatives et de particularismes pour intégrer la communauté nationale. L’échange, un donnant – donnant satisfaisant pour les deux parties, explique une intégration réussie. La représentation par des consistoires civils locaux, régionaux et nationaux, a permis la gestion des communautés par des personnes issues de la société civile, les rabbins étant embauchés par ces associations cultuelles sous l’autorité religieuse du Grand Rabbinat. Le CRIF de son coté représente l’ensemble des associations laïques, culturelles, caritatives, éducatives et sociales. Cette organisation a permis l’émergence d’un Leadership fait de personnalités éminentes du monde universitaire, médical, économique et culturel qui est à même de représenter cette population auprès des autorités républicaines. C’est entre autre, ce qu’il manque aux musulmans. Je souhaite donc ardemment ce type de gestion laïque, par une intelligentsia de professeurs, médecins, etc. pour nos frères musulmans. Ce sont les intellectuels, ces personnalités de la société civile, qui dans leur majorité, dirige la communauté juive. Le denier point est urgent et incontournable, c’est l’éducation, celle des enfants par des parents soucieux d’éviter amalgames, stéréotypes haineux et caricatures, celle des représentants religieux, par la formation, afin de se débarrasser des rabbins ou imams autoproclamés, non qualifiés, incapables de s’exprimer en français et ignorants des lois de la République. Enfin et également urgent, la censure des contenus racistes, antisémites, islamophobes sur les réseaux sociaux. La parole malveillante a tué par le passé et peut le faire à l’avenir. Albert FACHLER évoque Napoléon Bonaparte qui, en 1808, a structuré les institutions des cultes minoritaires telles que nous les connaissons. Pour devenir des citoyens à part entière (et sortir des persécutions de l’Eglise), les juifs ont accepté les règles imposées par l’Empire puis la République. En organisant le judaïsme français sur un modèle centralisé et hiérarchisé, le consistoire, Napoléon l’a intégré dans le régime des « cultes reconnus ». L’autorité rabbinique y est largement placée sous la tutelle des représentants laïcs des communautés. La création d’un consistoire israélite est aujourd’hui encore, un des deux piliers (avec le CRIF, Conseil représentatif des institutions juives de France crée en 1944), de l’organisation du judaïsme en France. A la question de l’attachement des juifs à la France, la réponse sera unanime : «La France est notre patrie, les Français sont nos frères». «Les juifs sont prêts à défendre la France jusqu’à la mort». Ce qu’ils feront lors des deux grands conflits mondiaux au XXe siècle. Il rappelle comment la communauté juive s’est développée grâce aux intellectuels juifs et s’étonne que pour celle des musulmans, les intellectuels soient majoritairement absents.
Jean-Albert Romeu Prédicateur Laïc Réformé, de l’Église Protestante unie de Savoie, ami des musulmans intervient. Le cadre Républicain et Laïc nous permet de vivre en paix, en respect, en considération et en tolérance entre toutes les religions différentes de notre pays. La France aujourd’hui est plus que jamais multiconfessionnelle, multi-religieuse cela veut dire que nos institutions et l’état respectent, certifient, accordent et protègent l’existence de tous les courants spirituels du pays. L’état républicain peut à tout moment nous assurer la sécurité et la protection de tous les croyants du pays s’ils sont menacés par le fanatisme ; cela correspond aux fondements de nos lois démocratiques. Nous ne pouvons plus dire aujourd’hui : la séparation de l’église et de l’état mais la séparation de l’état et des églises ! La laïcité est un garant de la liberté de croyance, de la liberté de conscience, de la liberté de culte, de la liberté religieuse et de la liberté théologique dans les débats spirituel du pays. Nous sommes tous traités, respectés et considérés à égalité quelques soient le nombre d’adhérents dans les différentes religions. Il n’y a pas de religions mineurs, secondaires et périphériques et des religions majeurs et dominantes juridiquement parce que historiques et majoritaires pour l’état et les lois républicaines. Croyant nous restons des citoyens égaux face à la loi, égaux face aux administrations, égaux face aux collectivités du pays quelles soient municipales, départementales, régionales ou nationales. Cette reconnaissance civique et égalitaire ne nous empêche pas de nous apprécier d’une religion à l’autre. Indirectement la laïcité nous permet de dialoguer et de nous reconnaître entre les différentes religions du pays. La laïcité ouvre un espace inter-religieux en même temps qu’elle ouvre un espace interculturel dans la francophonie du pays. Le dialogue inter-religieux facilite la reconnaissance mutuelle, car le danger est de vivre dans une indifférence les uns des autres, une indifférence générale et permanente entre citoyens croyants cela fragilise la paix publique, cela fragilise la stabilité du pays, cela fragilise la cohésion sociale. Evitons la coexistence dans l’intolérance et la méfiance. L’inter-religieux renforce la fraternité de nos concitoyens quelques soient leur appartenance religieuse. Car l’enjeu au-delà de la liberté religieuse garantie et pérennisée, au-delà de l’égalité consolidée des religions face à l’état et aux lois constitutionnelles. Nous devons bâtir une fraternité inter-religieuse avec aussi les agnostiques et les athées. Une France Fraternelle dans le respect de nos choix théologiques.
Foudil BENABADJI, sollicité pour parler de la formation des imams et des aumôniers de Savoie, indique : « Notre tâche, dans la formation, est de familiariser les imams et les aumôniers avec les usages et les particularités juridiques, culturelles, linguistiques, politiques de la société française avec un enseignement face aux problématiques de notre société. L’islam de France est aussi peu organisé que ne l’étaient le protestantisme et le judaïsmeau début du 19ème siècle ». « Dans les 2500 lieux de culte musulmans en France, où officient plus de 300 imams ‘détachés’ (Turcs, Algériens, Marocains), financés par leur pays d’origine,‘la plupart viennent des pays étrangers, seuls 25 % sont nés en France’.Lorsqu’ils arrivent en France, ils ont du mal à accepter qu’ils ne prêchent pas dans un pays à majorité musulmane. Alors que les jeunes français, de culture musulmane, sont nombreux à fréquenter les mosquées, les imams doivent avoir cette double formation, théologique et civique. Un commerçant disait : « Je viens de la mosquée, je n’ai rien compris au prêche de l’imam ». Il est indispensable de concevoir, dans un premier temps, une formation hors université qui aurait la responsabilité de mettre en place des cycles de formations pour les bas niveaux, très nombreux, dans la pratique de la langue française. A ce niveau, il faut instaurer DES ATTESTATIONSqui les valoriseraient dans leur bénévolat. Dans un second temps, il faut permettre à celles et à ceux qui ont le niveau BEPC, de participer à une formation à partir d’un test de niveau. Au préalable, il est nécessaire de «renforcer le soutien aux cours de français donnés préalablement à l’inscription à ces D.U, afin de leur permettre de donner des prêches en français, de connaître et respecter l’environnement dans lequel ils sont amenés à exercer». A ce stade, il faut instaurer DES CERTIFICATSqui les soutiendraient dans leur poursuite du D.U. Ensuite, se diriger vers ceux et celles capables de bénéficier de «diplômes universitaires de formation sur le fait religieux et la laïcité», les fameuxD.U,qu’il convient de mettre en place. Depuis quatorze ans, le Ministère de l’Intérieur finance, déjà, ces projets. Le projet de formation est donc de permettre aux étudiants d’appréhender les principaux défis contemporains. En conclusion, Foudil BENABADJI indique que la Savoie n’a pas encore accueilli la première promotion de son D.U. Le président de l’Université Savoie Mont Blanc, Monsieur Denis VARASCHIN lui avait écrit le 4 juillet 2017 : « Notre établissement réfléchit, depuis quelques mois maintenant, à un D.U : LAICITE ET RELIGION,sous un angle essentiellement juridique. Si le projet aboutit, nous vous solliciterons, si vous le souhaitez, pour intervenir dans cette future formation ! ».
Le 31 juillet 2017, monsieur Cédric BAYLOCQ, Chargé de Mission au Bureau Central des Cultes au Ministère de l’Intérieur, précise, à mon intention, que : « Suite à notre conversation de la semaine dernière, je vous confirme donc que l’Arrêté du 31 juillet 2017, fixant la liste des formations civiles et civiques devenues obligatoires pour les aumôniers militaires les aumôniers hospitaliers et pénitentiaires, a été publiée récemment au Bulletin Officiel du Ministère de l’Intérieur »
L’année 2019 sera-t-elle l’année savoyarde pour les premiers D.U. ?Avec l’équipe de la société civile qui est prête à intervenir, nous le souhaitons de tout cœur.
Mr Clément BENELBAZ intervient derechef et confirme que la formation des imams et des aumôniers est acquise pour l’année 2019. Mr BENABADJI, très agréablement surpris, propose de fêter cet événement par un méchoui.
Place à la parole au public, chacun énonçant tour à tour ses griefs et, plus rarement, ses propositions.Des questions réponses se manifestent dans la salle ; la sensibilité « salafiste » de certains s’exprime et des surenchères fondamentalistes apparaissent.
Hadj Mohamed SERBI intervient pour apporter un complément sur le financement des mosquées, qui se fait essentiellement par des dons et qui ne se fait que par les anciens. Les jeunes, aujourd’hui, fréquentent beaucoup moins les lieux de culte musulmans, ce qui pose un grand problème pour la relève et les perspectives à venir. Il faut penser à mettre en place le système de dotations, très pratique, dans les pays du Maghreb : Maroc, Algérie, Tunisie, géré par le Ministère des Habous. Il faut que l’état accompagne les associations dans des projets pour financer les dépenses des mosquées, avoir des bâtiments ou des commerces avec exonérations de taxes et avoir des crédit gérés par des banques islamiques ou un autofinancement par l’état.
Un intervenant dans la salle conteste les propos de certains intervenants concernant les dangers courus par nos jeunes et les dérives menées par le salafisme. Il revendique plus de moyens au niveau de l’Etat pour faciliter la création de nouvelles mosquées et que, démunis en France, la communauté musulmane est ainsi très pénalisée. Il ajoute que s’attaquer sans cesse au salafisme, est un faux problème, celui-ci faisant partie intégrante du contenu islamique. Remous et contestations se manifestent dans la salle …
Haoues SENIGUER, n’étant pas en mesure de me remettre son compte rendu dans les temps, assure l’ensemble des intervenants de son soutien et indique son plaisir de travailler ensemble sur le sujet de la formation des agents du culte musulman.
Pour conclure, le Préfet de la Savoie, Louis AUGIER, remercie chaleureusement les conférenciers et particulièrement Alexandre ALLEGRET qui a mis en place de ces Assises Territoriales de l’islam en France de façon efficace. Il remercie Denis VARASCHIN d’avoir assuré, au sein des locaux de l’Université Savoie Mt Blanc, cette belle rencontre. Il rappelle que l’Etat n’a pas vocation à structurer l’islam en France, mais qu’il a pour mission de l’aider pour le mettre au même niveau que les autres religions. Compte tenu de la laïcité, l’Etat ne peut pas agir à la place des musulmans. Ces derniers doivent se prendre en charge en se structurant et en collaborant ensemble pour mettre en place cet islam en France.
LA « FORMATION » DES IMAMS ET DES AUMONIERS.
A – PREAMBULE, B – EDUCATION ET FORMATION, D – CONCLUSION : La priorité, c’est la formation des imams et des aumôniers !
Ma fonction de travailleur social m’a amené à m’interroger sur les dérives actuelles d’une partie de notre jeunesse. Depuis trois décennies, l’islam en France, ne cesse de défrayer la chronique. Educateur spécialisé, avec une expérience de 26 ans d’aumônerie pénitentiaire, au Centre de Détention d’Aïton et la Maison d’Arrêt de Belledonne de Chambéry et actuellement « référent aumônier » de trois hôpitaux, ma préoccupation est la formation des imams et des aumôniers des établissements hospitaliers.
- Ces programmes de formation, prévus sur 2 années, ont été remis à 3 professeurs de l’Université Savoie-Mont-Blanc : Pascal Bouvier, Abdeslam Yahyaoui et Mr Denis Varaschin, Président de l’Université.
- Ils ont été également transmis aux établissements catholiques de la Savoie, à l’UDAF, à des structures de formations savoyardes, à des amis de la société civile, et à des amis des musulmans…
- Avec le Ministère de l’Intérieur à Paris nous avons collaboré pendant 3 ans et nous avons abouti au décret loi du 31 juillet 2017 qui rend cette formation obligatoire.
- Où est l’enjeu et pourquoi cette formation ? Le rôle joué par les imams autoproclamés dans cette évolution, est grand. On notera aussi celui de l’islamisme militant dans la formation et à la résistance à l’intégration. Il semble que des enfants soient conditionnés, que les interventions de ces imams ne soient pas neutres.
- Nous sommes, aujourd’hui, face à des terroristes qui sont prêts à dépasser toutes les limites de l’horreur pour déstabiliser notre société. Rappelez-vous l’assassinat du Père Hamel. Abdel Malik Petit jean, le second âgé de 19 ans était d’Aix les Bains. La violence djihadiste s’est installée en France et en Occident de façon réelle et indubitable depuis 2011. Comment en est-ton arrivé à cette décrépitude des valeurs qui altère, qui attaque notre République ? Ce délitement du pays qui est le notre et que nous avons appris à aimer !
C – EDUCATION ET FORMATION,
- Voici bientôt 20 ans que la formation des imams de France intéresse la République. « L’État se devait de bien former les aumôniers qu’il rémunère », raconte Didier LESCHI, ancien chef du Bureau Central des Cultes au Ministère de l’Intérieur de 2004 à 2008. C’est pour eux que la formation a été d’abord pensée, puis pour tous les imams et les aumôniers. « Certes ils guident la prière, mais ils sont aussi des conseillers dans la vie sociale. Comme les ministres des autres cultes, on leur demande d’être rassurants, de pouvoir parler à leurs fidèles et à l’ensemble de la société. » « Les mosquées on un rôle très important », dit Monsieur Abdeslam YAYAOUI, d’un air entendu : « Elles ont la chance d’avoir les parents et les enfants lors des prêches. C’est facile pour elles de dirent les bonnes paroles ».
- Le programme proposé est celui des formations données dans de quelques villes depuis déjà quelques années. Mais il est loin de correspondre à l’ensemble des besoins.
- « J’ai d’ailleurs suivi la mise en place des formations des imams et des aumôniers à l’Institut El Ghazali dirigé par Mr Djellil Seddiki, en coordination avec le recteur Mr Dalil Boubakeur, à l’Institut Catholique de Paris, et à Lyon, à la mise en place des formations des imams et des aumôniers, avec l’Université Lyon II et l’Institut Catholique à Paris ».
- En ce qui concerne la formation théologique, la seule possibilité juridique pour les cadres religieux musulmans d’obtenir un diplôme national concernant ces matières casuistiques et religieuses, est de les étudier avec une approche scientifique non confessante.
- Elle ne s’adresse pas seulement aux imams et aux aumôniers mais aux ministres des cultes de toutes les religions ainsi qu’aux cadres associatifs.
- Il s’agit, avant tout, de pouvoir disposer d’imams, d’aumôniers et d’éducateurs qui soient en phase avec les milieux dans lesquels ils sont amenés à intervenir, notamment dans les prisons, les hôpitaux et aussi dans les quartiers et les cités vis-à-vis de la jeune génération.
- Aujourd’hui, certains jeunes français d’origine maghrébine, en situation d’échec scolaire et social, manifestent leur refus d’être considérés comme français. L’influence des imams auto proclamés et clandestins est croissante. Ils donnent leur bénédiction à la violence avec l’argumentaire : « Vous êtes dans un pays qui ne respecte ni l’islam ni la charia » L’historien tunisien Mohamed Talbi, (DCD), écrivait : « Je ne crois qu’au Coran et pas à la charia. Le premier est l’oeuvre de Dieu, la seconde n’est qu’une production humaine qui n’a rien à voir avec l’islam et dont les musulmans doivent se libérer. La rationalité ne peut rester plus longtemps étrangère à l’islam ».
- De tels discours légitiment les exactions de toutes sortes et donnent une espèce de justification théologique à la violence. Nous pointons du doigt ce péril. Nous accusons l’Arabie Saoudite et la Qatar de financer ces mouvements de régression et d’imposer, à leur propre peuple, un islam moyenâgeux avec les normes les plus féroces de la planète. Une partie de la communauté d’origine maghrébine de notre pays s’est laissée séduire par des sirènes islamistes venues aussi du Proche Orient arabe et du Pakistan.
- Les salafistes quiétistes, alimentent de nombreuses mosquées, en argent, en billet pour la Mecque, en agneaux pour de régulières festivités. De ce fait, on peut craindre une main mise sur le contenu du prêche !
- Il s’agirait de mettre en place cette formation sur 2 niveaux :
- 1 – Pour les bas niveaux, très nombreux, qui ont des difficultés avec la langue française, de multiplier les formations hors université. Dans ces cycles interviendraient des professionnels, des travailleurs sociaux, des praticiens en matière de droit de la personne, de droit de la laïcité, de droit des associations, etc. Au préalable, il est nécessaire de «renforcer le soutien aux cours de français donnés » afin de leur permettre de donner des prêches en français. D’instaurer des attestations et certificats qui les valorisent dans leur investissement.
- 2 – Ensuite, il faut se diriger vers ceux et celles capables de bénéficier des «diplômes universitaires de formation sur le fait religieux et la laïcité», par des DU. Le Ministère de l’Intérieur finance, déjà, dans quelques régions de France, ces projets. Ces formations ciblent le «contexte socio-historique, le droit et les institutions de la France», la «gestion d’institutions cultuelles» et à une «approche universitaire du Fait Religieux». Il faut prendre pour exemple, la formation dispensée au sein de l’Institut Catholique de Paris et de Lyon, sanctionnée par un DU. Des formations analogues sont en préparation dans d’autres villes.
- Car, c’est en effet par son prêche que l’E.I. a marqué les cœurs et l’esprit de nos jeunes, des sermons relayés dans nos quartiers et nos cités. C’est par des déclamations et ses retransmetteurs, ceux des lieux de culte, aujourd’hui fermés par la justice française, la centaine de milliers de fichiers ‘S’, que l’E.I. a recruté plusieurs centaines de jeunes français et justifier les pires abominations et atrocités. Ses discours ont fait leur chemin.
- Dans les 2500 lieux de culte musulmans en France, où officient plus de 300 imams «détachés» (Turcs, Algériens, Marocains), financés par leur pays d’origine «la plupart viennent des pays étrangers, seuls 25 % sont nés en France », explique Bernard Godard, spécialiste de l’islam. Lorsqu’ils arrivent en France, ils ont du mal à accepter qu’ils ne prêchent pas dans un pays à majorité musulmane. Alors que les jeunes Français sont nombreux à fréquenter les mosquées, les imams doivent avoir cette double formation, théologique et civique. Un commerçant disait : « Je viens de la mosquée, je n’ai rien compris au prêche de l’imam ».
D – CONCLUSION : La priorité, c’est la formation des imams et des aumôniers !
Comment des jeunes, nés en France, se sont-ils transformés en kamikazes ? Cela doit nous interroger. Peut-être qu’ils ne trouvent pas suffisamment, dans les lieux de culte, des imams parlant français, leur rappelant l’histoire exceptionnelle de cette France laïque qui protège le libre culte de sa religion. Nous manquons d’imams formés pour expliquer cela. Beaucoup de mosquées ne trouvent pas d’imams qui parlent arabe et français. Les professeurs (tous deux DCD), Mohammed Arkoun et Ali Merad, agrégés à la Sorbonne étaient spécialistes dans l’exégèse islamique, on ne les a pas aidé pour la création d’institut de théologie en France.
En mars 2015, après les attentats contre Charlie Hebdo, Manuel Valls appelait à Strasbourg, en terre concordataire, à un développement des diplômes universitaires (DU) civils et civiques. À l’époque, cinq diplômes existaient, parmi lesquels la formation pionnière de l’Institut catholique de Paris, ouverte en 2007. À ce jour, vingt neufs sont proposés, y compris à Mayotte, ce qui est paradoxal, intolérable.
Grâce à la formation, nous aurons la tache de réanimer et promouvoir la critique humaniste. La formation des cadres religieux, des imams, des aumôniers, voilà le défi. L’importance d’une formation théologique et civique est colossale, extrême, considérable.
- N’a-t-on pas vu qu’une vingtaine de mosquées et de salles de prières ont été fermées, que de nombreux imams diffusant une idéologie fondamentaliste-salafiste ont été l’objet d’expulsion par plus d’une centaine d’arrêtés d’expulsions pris depuis 2012.
- À l’Institut catholique de Paris et Lyon, la formation mêle musulmans, orthodoxes russes, catholiques, ainsi qu’un pasteur venu de Polynésie. Elle se félicite d’essaimer. « Ces DU sont indispensables », résume Bernard Godard, qui, au bureau des cultes de 2002 à 2014, est à l’origine de ces diplômes. Il évoque un casse-tête vieux de : «quinze ans, voire de trente ans. Laïcité oblige, on ne peut, en France, dispenser à l’université une formation théologique des imams. D’où l’idée de ces diplômes autour de la laïcité. Mais il faut aller à la pêche », ajoute-t-il, très convaincu. J’observe que les religions monothéistes, juives et chrétiennes, en Savoie, amies de l’islam, ne demandent qu’à y participer.
- En 2015, seules cinq universités en métropole proposaient ces diplômes universitaires « civiques et civils ». Depuis, ces DU ont été rendus obligatoires pour les cadres religieux – aumôniers en particulier – par le gouvernement. Qu’ils soient agréés ou non, ils ne sont aujourd’hui pas moins de 18, selon nos décomptes. “Religion, laïcité, inter culturalité”…tout un programme !
- Cette formation n’a rien à voir avec un enseignement théologique, dont nombreux sont les islamisants majoritairement des pays étrangers et s’exprimant difficilement en Français. S’ils ont pour destin de vivre en France et d’y avoir des fonctions socio-cultuelles, il faut qu’ils assument cette formation. La société française à un certain nombre de valeurs. Pourquoi refuserions-nous de les transmettre ? N’avons-nous jamais entendu : « Je viens de la mosquée. Je n’ai rien compris au prêche de l’imam ! »
- Lancé pour la première fois en 2008 par l’Institut catholique de Paris (ICP), le diplôme universitaire « Religions, laïcité et interculturalité » a été conçu à l’époque en étroite collaboration avec le ministère de l’Intérieur. L’université de Strasbourg en 2011 puis celle de Lyon en 2012 ont suivi. En 2015, elles étaient cinq en métropole et deux en outre-mer (voir plus bas) à proposer des diplômes universitaires « civiques et civils » mais, après les attentats de janvier 2015 puis de novembre 2015, le gouvernement était bien décidé à en voir se développer davantage à travers le territoire.
- Les formations, pour être valides auprès des autorités, doivent inclure 120 à 160 heures de cours. Dire ce que la loi dit et, à l’inverse, ne pas lui faire dire ce qu’elle ne dit pas » rappelle le professeur Franck Fregosi, de l’université d’Aix-en-Provence, où il est en charge du DU « Pluralité religieuse, droit, laïcité et sociétés ».
- Catherine-Amélie Chassin, co-directrice du DU qui s’ouvre cette année à l’université de Caen, explique qu’« il y aura une partie générale avec des cours de droit pour comprendre ce qu’est la laïcité mais également de la sociologie, de la philosophie et de l’histoire pour comprendre pourquoi aujourd’hui la France est un État laïque ».
- L’université de Rennes a accueilli en 2016 la première promotion de son DU laïcité intitulé « Religions, droit et vie sociale ». Parmi les seize étudiants, figuraient six imams, dont Rachid Abou Houdeyfa. Le fameux « imam de Brest » a côtoyé Pauline Biou, responsable des aménagements de peines au centre pénitencier de Rennes. Elle explique avoir « appris presque autant dans les échanges informels que pendant les cours ». Religieux et antireligieux se côtoyaient, elle ajoute que c’était « passionnant parce qu’eux se demandaient comment on peut vivre sans croire et nous, inversement »
- Dénoncer les dérives anti françaises et anti républicaines d’une partie de la communauté maghrébine, ce n’est pas la stigmatiser mais défendre, au contraire, la démocratie et le droit à l’intégration en France pour la majorité d’entre-eux. Se taire contribue à condamner tous les autres qui font des efforts. Le refus de parler clair n’aide pas ceux qui souhaitent se démarquer d’actes qu’ils réprouvent. L’antisémitisme prolifère dans nos quartiers. Il est, en partie, le moteur idéologique du terrorisme.
- La Savoie n’a pas encore accueilli sa première promotion de son DU. Le président de l’Université Savoie Mont Blanc, Monsieur Denis VARASCHIN m’écrit le 4 juillet 2017. « Notre établissement réfléchit, depuis quelques mois maintenant, à un DU : LAICITE ET RELIGION, sous un angle essentiellement juridique. Si le projet aboutit, nous solliciterons pour intervenir dans cette future formation ! »
- Le 31 juillet 2017, monsieur Cédric Baylocq, chargé de mission au Bureau Central des Cultes au Ministère de l’Intérieur, m’écrit me téléphone et m’écrit : « Suite à notre conversation de la semaine dernière, je vous confirme donc que l’arrêté du 31 juillet 2017 fixant la liste des formations civiles et civiques devenues obligatoires pour les aumôniers militaires les aumôniers hospitaliers et pénitentiaires a été publié récemment au Bulletin officiel du ministère de l’intérieur » :https://www.interieur.gouv.fr/Publications/Textes-officiels/Bulletin-officiel-du-ministere-de-l-interieur/BOMI-N-2017-08. L’année 2019 sera-t-elle l’année savoyarde pour les premiers DU. Avec l’équipe de la société civile qui est prête à intervenir, nous le souhaitons de tout coeur.
Foudil BENABADJI
Educateur référent -aumônier
Liste des diplômes universitaires sur la laïcité :
EN METROPOLE : Aix-en-Provence : Sciences Po Aix : Certificat Pluralité religieuse, Droit, Laïcité et Sociétés
Angers : Université catholique de l’Ouest : Certificat en pastorale hospitalière
Bordeaux-Talence : Université de Bordeaux : DU Droit, société et religions
Caen : Université de Caen : DU Laïcité et République
Le Mans : Le Mans Université : DU Religions et Athéisme en contexte de laicité
Lille : Université Lille 2 Droit et Santé : DU Religions et société démocratique
Lyon : Université catholique de Lyon: DU « Religion, Liberté Religieuse et laïcité »
Metz : Université de Lorraine : DU Religions, laïcité et inclusion sociale
Montpellier : Université de Montpellier : DU Religions et société démocratique
Nantes : Université de Nantes : DU Droit, société et pluralisme religieux
Paris : Institut catholique de Paris : DU Interculturalité, Laïcité, Religions
Université de Science Po Paris : Certificat Emouna
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne : DU Connaissance de la laïcité
Paris – Sceaux : Université Paris Sud Faculté Jean Monnet : DU République et religions
Rennes : Université de Rennes 1 : DU Religions, droit et vie sociale
Strasbourg : Université de Strasbourg : DU Droit, société et religions,
Toulouse : Université Toulouse 1 Capitole : DU Droit et religions
EN OUTRE-MER : La Réunion : Université de La Réunion, Sainte-Clotilde : DU République et religions
Mayotte : Centre universitaire de formation et de recherche de Mayotte,
Dembeni : DU Valeurs de la République et religions.