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A -Les Grecs fondateurs :
Les Grecs sont les premiers à avoir conçus l’idée de l’État indépendant… des conceptions religieuses. Au temps de Périclès, : 495-429 avant J.C. , le philosophe grec Socrate470-399 avant J.C. En dialoguant, Socrate écarte toutes certitudes et introduit la « dialectique ». Il fait découvrir les propres certitudes chez autrui, il introduit la « maïeutique ». Accusé d’avoir « introduit » de nouveaux dieux, il est condamné à boire la cigüe.
Socrate baigne à Athènes dans une civilisation « laïque ». Très tôt les philosophes[1] Platon, disciple de Socrate, Diogène font la distinction entre « logos » et « mythos », entre la raison et les récits populaires et imaginaires. Ils n’ont cependant pas opéré la séparation de la religion avec l’État.
Ces philosophes disent ne pas croire à ces mythes, à ces représentations symboliques. Le philosophe Averroès[2] montre que la vérité peut être interprétée à trois niveaux possibles : philosophie, théologie et enfin la foi. Les Grecs ont inventé des valeurs qui sont encore celles de la modernité : la démocratie, la liberté des citoyens, mais ils en excluaient les femmes, les métèques et les esclaves, c’est-à-dire les 3/4 de la population.
B – Le mutazilisme :
La formation de la société occidentale a été le fait d’une longue histoire pleine de luttes, d’excommunication et de morts. Il faut attendre le XIII° siècle pour comprendre les origines de la pensée laïque avec la découverte des textes grecs et romains, pour la plupart traduits par les arabes et les juifs.
Mais déjà le mutazilisme, avant ce XIII° siècle…une école de pensée théologique musulmane apparaît ….au VIIIe siècle. Très encouragée, le calife Al-Mamun fait du mutazilisme sa doctrine officielle en 827. Il créera la Maison de la sagesse en 832.
La théologie mutazilite s’est développée sur la logique et le rationalisme, qu’elle associe avec les doctrines islamiques. Elle démontre la compatibilité de la croyance en islam avec le rationalisme. Cette démarche, est reprise sous différentes formes par les autres courants musulmans en particulier avec Averroès. Elle régressera nettement à partir du XIIIe siècle avec Ibn Taymiyya chez les sunnites. Ces derniers vont considérer que la révélation divine n’a pas à être soumise à la critique humaine. Ainsi, après Averroès, on constate « la perte d’audience de la philosophie au profit de la mystique ».
A cette même époque, de nombreux savants musulmans en Andalousie travaillent sur la tolérance, le libre examen, la fécondité de l’esprit critique, l’esprit scientifique. Le devoir est de s’éclairer sur soi même.
C – Du moyen âge à la renaissance :
Érasme (1469-1536) humaniste hollandais, réclame la liberté de discuter les écritures. Il s’agit de mieux comprendre le message, non pour les mettre en doute.
La guerre de trente ans entre Catholiques et Protestants[3]; le comte de Toulouse[4] et l’Hérésie cathare[5] : la révocation de l’Édit de Nantes[6], le Grand schisme de 1054[7], etc.
La réforme (des Protestants) participera à ce même mouvement d’émancipation. Les protestants subiront à leur tour le mauvais le mauvais traitement de l’église catholique. La Réforme va provoquer les guerres de religion. Il y a des bûchers avec Luther. Les Protestants avec Calvin[8] poursuivent leurs réformes encore plus radicales. Au XVI°, la réforme se heurte à l’immense majorité des catholiques ! La Saint Barthélémy le 24 aout 1572 rappelle le massacre de l’intolérance fratricide.
Bientôt la « Renaissance » au XV° en Europe traduira une révolution des mentalités et une formidable affirmation de l’homme. L’humanisme est d’abord l’expression d’une révolte. Puisant ses sources hors de l’église l’homme va s’affranchir du clergé. Très vite ce processus de libération va s’inscrire contre l’autorité religieuse. Prendre le parti de la raison revenait à s’opposer à l’église… pencher pour la liberté revenait à refuser le joug des dogmes.
D – Les temps modernes :
L’Église a toujours la main mise sur ses institutions nombreuses. La Révolution sous les plumes de Voltaire, Rousseau ou Diderot est une étape décisive vers une séparation du civil et du religieux. En 1787, l’Édit de Tolérance, reconnaît enfin qu’il existe en France des non catholiques.
Le rationalisme avec les philosophes modernes : Descartes, Leibniz, Galilée, Spinoza, puis les « lumières », font une nette distinction entre la Raison et la Religion.
Mirabeau (1749-1791), et Condorcet (1743-1794) préciseront : « L’instruction publique doit être séparée de celle du culte religieux ».
C’est pour ramener la paix religieuse que Napoléon Bonaparte négocie avec le pape VII. En 1801, il signe le Concordat. La religion catholique est officiellement reconnue comme celle de la majorité des Français. Le Concordat de 1801 place les Églises sous le contrôle de l’État qui reconnait les cultes catholiques, protestants et juif. Les Prêtres deviennent des fonctionnaires de l’État chargés d’assurer le Service public des cultes, et doivent jurer fidélité au régime. Les Rabbins et les Pasteurs Protestants sont logés à même enseigne. Mais Napoléon rajoute une série d’articles Organiques qui règlemente jusqu’à la vie des prêtres.
- 1° cause des conflits. Ces articles ne seront pas reconnus par l’Église.
- 2° cause des conflits, l’Église va soutenir toutes les églises autoritaires et monarchiques qui se succèdent au XIX° siècle. Rupture unilatérale du Concordat de 1801 entre Pie VII et Bonaparte. C’est la guerre des « deux France ».
Il y a un recul des séparatistes : Thiers (1797-1877) chargé par Falloux (1822-1886) Ministre de l’Instruction Publique : « Il est inconcevable de laisser l’Ecole Publique le soin de former les hommes, libres de toutes contraintes confessionnelles ».
Jules Ferry (1832-1893) ministre de l’Instruction Publique, défait ce que la loi Falloux avait organisé. Les deux lois Ferry ôtent tout caractère confessionnel à l’instruction à l’école.
Il est le fondateur[9] de la laïcité à l’école. « La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte »… devient une formule célèbre.
Réponse de Victor Hugo le 14 janvier 1850 sur la loi Falloux avec un texte fabuleux.
L’opposition républicaine devient farouchement anticléricale. 1869. Avec l’abolition du concordat, le cléricalisme, voilà l’ennemi. Deux France s’opposent : celle du Curé et celle de l’Instituteur, celle du Croyant et celle du Libre Penseur. A partir de 1902, on assiste à de vraies batailles rangées[10] que suscite la politique du gouvernement d’Émile Combes : Expulsions des congrégations religieuses, rupture des relations diplomatique avec le Vatican. Le Concordat devient inapplicable. Éclate ensuite l’affaire des fiches. On découvre que le Général André, ministre de la Guerre fait ficher les officiers qui vont à la messe. Le scandale est tel que le gouvernement Combes finit par être renversé.
La Révolution française a rompu l’Unité de l’État, le Roi n’est plus le représentant du peuple. Les biens du clergé sont confisqués, de nombreux prêtres sont exécutés. La France est ravagée par la guerre civile.
La France est devenue révolutionnaire : Les uns veulent une République garantissant la liberté de conscience et le libre exercice des cultes. Les autres ont peur de perdre la religion. Les uns se disent honnêtes et désignent les traîtres à la Nation. Beaucoup n’ont pas le même concept de la liberté de conscience.
Des questions se posent : Qui doit financer les édifices du Culte ? L’Europe doit-elle revendiquer ses origines chrétiennes ? La France doit-elle entretenir des relations privilégiées avec le Pape ?
Autant de questions. Autant de polémiques.
Aristide Briand défend le projet de séparation. Il a une réputation sulfureuse. Avocat, avec la parole facile, un talent d’orateur, il prend le dessus sur l’Abbé Gayraud.
Maurice Allard député de Perpignan, anticlérical demande la suppression des Aumôneries dans les Lycées. Il veut confisquer les Églises, les Cathédrales, les presbytères, et les affecter à des associations à usages profanes. La liberté religieuse est dangereuse pour la liberté de conscience. Il ne faut pas armer l’église. Il faut confisquer les biens de l’Église. La religion doit devenir anormale, il faut déchristianiser la République. Le christianisme est un outrage à la raison, à la nature. Et puis l’antisémitisme ???
Quand le Dieu anthropoforme des Juifs quitta le Jourdain pour aller conquérir le Monde Méditerranéen, la civilisation à disparue et il faut remercier les Empereurs Romains qui les ont combattu pour faire face à cette philosophie puériles et barbares, si contraire au Panthéisme[11] et au naturalisme de notre race. L’influence judéo chrétienne, avec ses cortèges de préjugés, a causée de grands préjudices. Nous ne voulons pas que le prêtre vienne nous imposer ses dogmes. En attaquant les religions, nous faisons œuvre de progrès social, nous voulons faire disparaître un des moyens les plus puissants que possède la bourgeoisie pour tenir le peuple en esclavage.
Maurice Allard revient à la charge pour demander à remplacer les fêtes religieuses par des jours fériés laïcs. Pour que la laïcisation ne soit pas un vain mot, il faut faire disparaître les fêtes religieuses. L’amendement demandé, « l’interdiction des costumes ecclésiastiques en ville », et rejeté.
E – C’est alors que s’engage la bataille de 1905 :
Le 10 février contre les députés votent un débat sur la séparation. Le Ministre du Culte Martin dépose un projet de Loi. Sous la présidence de Ferdinand Buisson une commission prépare le débat. Un débat fleuve a lieu.
Paul Doumer est Président de la chambre des Députés. Le 21 avril 1905 la France n’est pas schismatique, elle est révolutionnaire.
Aristide Briand député de la Loire devient Ministre le 3 juillet 1905. Un homme d’État qui commence à naître. Il va passionner son public. Votée le 6 décembre, la loi est votée le 9 décembre 1905.[12]
L’Abbé Gayraud : défend l’Union pour la Paix des Consciences. « Vous voulez oppresser l’Église. Vous prétendez apporter la liberté à l’Église, mais vous lui enlevé son budget. Vous avez au-dessus de vos têtes, les droits de Dieu ». La constitution de la V° République est déjà énoncé : « La France est une République indivisible, laïque devant la Loi pour tous les citoyens, sans distinction de races d’origines ou de religions. Elle respecte toutes les croyances ». La loi du 6 décembre 1905 est reçue par le Clergé comme une déclaration de guerre. La laïcité devient une « plateforme » qui permet d’examiner les problèmes de société.
F – Le concept fondateur ;
Les deux guerres mondiales vont brasser la population en même temps, leur situation juridique va se modifier. La laïcité signifie la mise sur un plan toutes les religions, les opinions philosophiques, avec pour obligation pour chacune d’accepter les autres. Cette obligation de défendre et protéger cette tolérance est une astreinte nouvelle pour l’État. Tous les peuples ont fait œuvre de réflexion rationnelle
La laïcité ramène les différences d’opinion à un problème de dialogue. La laïcité enlève à l’État toute l’influence religieuse ou cléricale. Ernest Renan dit: « La laïcité, c’est-à-dire, l’État neutre entre les religions ». L’État n’exerce aucun pouvoir religieux et les églises aucun pouvoir.
G – L’époque contemporaine :
La Loi du 9 déc.1905 a dégagé l’État de tout lien avec un culte particulier, c’est là le résultat d’une histoire spécifique à la France. La sphère privée est le lien ou s’épanouit la liberté de conscience et de croyance que l’État garantie.
L’Implantation de la laïcité avec le problème du multi culturalisme et du pluralisme religieux devient un facteur de coexistence pacifique des religions et des cultures. Elle s’impose encore plus là ou la religion conserve une attitude d’opposition. Elle apparaît lorsque l’église continue à condamner le modernisme.
H – La citoyenneté française :
Le décret Crémieux, d’Adolphe Crémieux, le 24 0ctobre 1870, désigne les décrets ayant trait à la citoyennetéfrançaise pour les Israélites en Algérie. Ce décret instaure la naturalisation immédiate, sans formalité et sans conditiondes juifs d’Algérie, mais pas des musulmans d’Algérie. Cela provoque un énorme ressentiment, et marque le début de la fracture entre les deux communautés en Algérie. Adolphe Crémieux était lui-même juif de confession.
Il est à noter également que l’année 1871 sera marquée par une insurrection en Algérie. Ce décret a été abrogé le 7 octobre 1940, soit 70 ans plus tard, remplacé par le « statut des Juifs » pris à l’initiative de Marcel Peyrouton, ministre de l’Intérieur du régime de Vichy et ancien secrétaire général du Gouvernement général à Alger.
I – Le voile islamique :
En 1989 la rentrée scolaire est perturbée, un incident inattendu ! Trois jeunes musulmanes qui refusent d’ôter leur foulard sont exclues du collège Gabriel-Anaïs de Creil : Motif, atteinte à la laïcité et à la mentalité de l’école Publique. La manifestation de la croyance dans les locaux scolaires n’est pas admise : la loi de 1905, revient au centre des débats publics.
Le port des signes religieux ne doit pas prendre un caractère ostentatoire ou revendicatif.
Le 11 décembre 2003 la commission Stasi prône une Loi, contre le port du voile dans les écoles. Elle est votée le 15 mars 2004. Dans les écoles le port du voile est interdit.
Les hommes se posent tous les mêmes questions mais ils diffèrent sur les voies de la connaissance. Faut-il préférer la question logique, la méditation intérieure, la révélation d’en haut ? Cette recherche n’est pas seulement individuelle, les Prophètes, les Messies, les Apôtres ont laissé aux nombreux peuples de la terre des règles de vie, des articles de foi, la morale issue des livres quelques fois sévère. Le culte peut prendre des formes visibles, démonstratifs exaltés même.
J – La laïcité des musulmans :
A la fin des califats, émergent des savants (oulémas), des hommes dotés de savoir en matière de religion et malgré les risques d’apostasie ou d’hérésie, ils introduisent la critique de la raison, de la science normative, et repensent la tradition « enfermée ». Apparaît la critique scientifique de la raison, avec la philosophie islamique.
Au VIIe siècle, un père de l’Église, saint Jean Damascène théologien chrétien, devient ministre d’un souverain musulman. La laïcité en arabe correspond au concept séculier : « ladiniyya », avant de devenir « ilmaniyya ».
a – La « laïcité » des savants en Islam :
Averroès, (Ibn Rosh, 1126-1198), instaure la rationalité qu’il impose face à la mentalité médiévale. Averroès est l’un des premiers à concevoir une séparation entre le pouvoir étatique et le pouvoir religieux. Ce concept est abordé par d’autres savants contemporains : Ibn Tufayl, l’Avenzoar latin (Ibn Zohr), Bitrûjî (l’Alpettragius). Avicenne, (Ibn Sina, 931-1037).
Ibn Baja connu sous le nom d’Avempace. Le grand voyageur Ibn Battuta (1304-1377). Saladin avait à son chevet un grand médecin, le philosophe et principal théologien du judaïsme, Moïse Maïmonide. Ibn Arabi, (1165-1241). El Ghazali, soufi réformateur religieux. Le sociologue Ibn Khaldoun,’1332-1406).
La culture arabo musulmane, pour Rabelais (1494-1553), représente en France, une culture de référence.
La séparation de la religion et la raison intéresse Ali Abd-Raziq, Djamel Adine El Afghani, M’hammad Abdou. Ces grands maîtres spirituels exploitent des recherches : le droit rationnel et le droit divin, l’esprit critique, l’esprit scientifique et l’éducation universelle, en fonction de la croyance, et parfois aux noms des préceptes religieux. Le frère ainé d’Ali, Mostafa Abd-Raziq, poursuit les réformes de Mohammad Abdou, principale figure du « réformismeIslamique du XIX° S. en Égypte. Il réhabilite ainsi les courants progressistes les « Moutazilites ».
A la fin du XIX°S, les mouvements NAHDA (renaissance) surgit. Soudain la « clôture morale », c’est la nuit qui tombe sur le monde d’islam.
b – La « pensée laïque » suspendue en Islam :
A l’opposé de l’Empire abbâside (750-1258), qui a été un grand carrefour de culture et un creuset de civilisation, l’empire ottoman vivra en se dégradant.
Ibn Taymiya (1263-1328) juriste de l’école hanbalite, hérétique et excentrique, est emprisonna au Caire et à Damas pour ses interprétations littérales du Coran qui choque même les religieux, les Chaféites, en particulier. Il est une figure du courant fondamentaliste de l’islam et un les précurseurs du Wahhabisme. Le monde de l’Islam se retranche sur lui-même dans la « clôture morale ». Ceci prépare la fin d’une grande époque.
Une partie de l’opinion publique paraît encline à penser qu’il y a incompatibilité entre l’exercice de cette religion et les valeurs de la laïcité républicaine. « La nuit totale » est à son point oméga. L’islam des frères musulmans et des Wahhabites, est mêlé en une seule idéologie : « l’occident est l’ennemi, il n’y a de loi que celle du Coran, ceux qui ne suivent pas ses règles sont des mécréants ».
c – La compatibilité, l’incompatibilité avec la laïcité.
L’apparition récente du Wahhabisme saoudien puissant et actif sur la scène politique, produisent une image tronquée et peu modérée de « l’islam », a conduit néanmoins à son installation en France et en Europe.
Difficilement compatible avec les mœurs françaises, le Wahhabisme ne l’est pas moins avec l’islam maghrébin.
On cite souvent le « Tabligh », ce mouvement national né au Pakistan, représenté en France par l’association ‘Foi et Pratique » déclarée en 1972.
Les « Salafistes », sous l’impulsion de Mohamed Ibn Abdel Waheb, décédé en 1791, a visé à restaurer en Arabie le culte et le dogme islamique dans la pureté originelle.
Une association politico religieuse, les frères musulmans, né en 1929 à l’initiative d’un instituteur égyptien, Hassan al-Banna. Il veut fonder une société islamique dont le Coran serait la Loi. Les frères musulmans veulent surtout détruire toute influence occidentale, source d’athéisme et de corruption.
d- Islam, chrétienté, deux visions de laïcité :
La laïcité est jugée injustement, par les intellectuels et les docteurs de la loi islamique, comme ennemis de la religion. Certes elle protège les croyances contre l’incroyance et toutes les différentes croyances.
Peu de personnes abordent ces questions sur le mode de compréhension des cultures et des civilisations. On préfère le mode du rejet, de l’anathème politique. La confrontation des cultures n’a pas véritablement eu lieu de façon régulière et profonde ; il y a eu des rencontres d’hommes de foi d’humanistes.
La prophétie de Samuel Huntington, est elle pour autant inéluctable ?
K – Le soleil de demain : Un travail permanent de prise en compte est à faire sur la laïcité en France et la pensée islamique avec les intellectuels musulmans et ceux de confessions monothéistes.
L’école Jules Ferry a été une institution remarquable en son temps, mais l’école dont la société a besoin n’est plus la même. L’école de demain devra s’ouvrir sur le monde, apprendre à vivre avec l’autre s’inscrit dans une culture différente.
Après la naissance d’un islam autochtone, il faut l’insérer dans la grande famille des religions installée en France. Faute de quoi le pays s’expose à devoir lutter contre un islam importé.
Le respect de l’ordre public républicain doit opérer avec une force toute particulière, lorsque le prosélytisme ou la mise en cause du contenu de l’enseignement ou des rythmes scolaires est au bout de la revendication identitaire.
Appelés à respecter les lois de la république, les musulmans de France sont obligés de réintroduire ce concept laïc, qui n’est autre que « l’interprétation des lois islamiques averroïstes », théoriquement possible, comme nous l’avons vu précédemment.
La connaissance est mère de la tolérance : elle s’inscrit dans une longue tradition de rapprochement entre l’Islam et le monde chrétien, renoue les riches expériences humanistes du VIII e siècle avec Kairouan, Fès, Bagdad, Tlemcen, mais aussi les universités d’Oxford, Bologne, et la Sorbonne.
La France doit se doter d’une école de pensée et publier en français ses propres interprétations théologiques.
L – L’islam :
Les fondamentalistes considèrent la population d’occident, en pleine dérive vers l’impiété. Les musulmans laïques se retrouvent entre le marteau et l’enclume : l’extrême droite européenne et l’intégrisme islamique se rejoignent ainsi contre l’intégration des musulmans en France.
Toutes les religions se considèrent comme dépositaires de la foi révélée. Arriveront-elles à ne plus s’affirmer dans la pluralité ? L’État se place au-dessus de cette pluralité.
Plus de cent mille personnes, chaque année, renouvellent la composition de la population du pays, accentuant le caractère pluri culturel de la société française.
La considération portée aux étrangers repose sur un sens de l’hospitalité. Celui de l’Église « J’étais étranger et vous m’avez accueilli » du christ.
Les organisations qualifiées « terroristes » sur le plan international, au nombre d’une vingtaine doivent nous inciter à des contrôles plus stricts.
Le terrorisme dans le monde
An niveau géopolitique, l’islam présente les cas les plus marqués par la pauvreté, le sous-développement, l’explosion démographique, la violence politique.
Relégué à l’arrière-plan de la scène internationale, il émerge de l’ère coloniale, nombreux sont en pleine crise. Les fondamentalistes prônent un retour au VIIIe siècle, à l’ère de l’Hégire.
Sayed Qutb sera pendu par Nasser, Rachid Ghannouchi, tunisien, réfugié à Londres. Les stratégies de luttes, d’endiguement n’aboutissent qu’à les multiplier. (Dawa oued Tabligh, prosélyte actif, diffuse des cassettes ; le FIS gagne les élections en 1991 ; Salafiya Djihadia et Takfir ouel Hijra au Maroc). Al-Gamar Al-Islamiyya (organisation égyptienne fondée dans les années 1970 en opposition aux Frères musulmans), l’Arabie Saoudite subventionne avec ses pétrodollars, les mouvements de revendication à travers le monde El Qaïda, le FIS, etc.
« L’intolérable est intolérablement toléré », nous dit Edgar Morin. Alors que tous les dogmes même les plus rigides, prévoient des dispenses que les intégristes veulent ignorer.
« Laïcité et islamisme », Zakarie écrit : une constance se dégage de la doctrine des ennemis de la laïcité : leur profond mépris de l’homme. L’auteur de « Mes frères assassins » : « J’ai fui l’intégrisme en Algérie et je le retrouve en France…Ce n’est pas à la République à s’adapter à la religion…».
Les pays musulmans régressent tous, sur les plans économiques, scientifiques et culturels.
Les musulmans n’osent toujours pas porter un regard critique et rationnel sur le dogme de la croyance. C’est péché. Dans les mentalités archaïques tout est péché « Haram ».
Les écueils avaient produit les « nébuleuses intégristes », partisans d’un retour aux sources. Des « Ulémas » ont des visions dépréciatives sur la modernité.
Les régimes musulmans la plupart figés dans leur conservatisme, engendrent des régressions sur tous les plans. Il est difficile pour un musulman d’étudier les textes sacrés avec la technique de l’exégèse critique. Les Chrétiens et les Juifs admettent à se servir des instruments de la critique textuelle. Des horaires fermes pour la pratique de la piscine ? La régression jusqu’où ? Et la violence dans les cars, à l’école ?
L’affaire dit des foulards islamiques.
En se mobilisant sur l’affaire des foulards l’évènement à fait l’objet de surenchère médiatique. Avec le foulard à l’école, la séparation avec les religions est remise en question. Stigmatisée, les filles vivent l’ostracisme et l’oppression. Pourquoi ne seraient-elles pas respectées se disent-elles : « Nous sommes dans la foi sincère et profonde ».
Les musulmans dans la France laïque :
Cette possibilité pour l’islam de « penser » l’entente avec une autorité non musulmane et de « reconnaître » des valeurs non islamiques, est en marche.
Les intellectuels musulmans ne rechignent pas devant l’opportunité offerte, qui n’existe dans aucun pays musulman ; ils prennent en compte cette culture islamique française qui se dégage.
Tout se passe, et tout devrait se passer comme si les musulmans en France avaient intériorisé l’idée selon laquelle la religion fait partie du domaine privé et ne doit pas régir les aspects de la vie du citoyen. C’est donc en définitive, une conception du religieux conforme aux exigences d’une société laïque.
Coexistence et législation :
La laïcité signifie la neutralité de l’État en matière de religion. C’est elle qui permet à toutes les croyances de coexister en paix dans un même pays. Elle garantit à chacun de croire et celle de ne pas croire, l a liberté de pratiquer et celle de ne pas pratiquer. Elle donne à tous la faculté la plus rare dans le monde et la plus précieuse de l’esprit, la liberté de douter.
Aujourd’hui comme hier, la laïcité est notre bien commun.
M – Conclusion :
La France de la « déclaration des droits de l’hommes », doit s’imposer. L’état doit exiger le respect à tous, y compris aux étrangers admis à résider sur le sol français. Nous verrions alors les intellectuels et les savants musulmans renouer avec la tradition interrompue depuis dix siècles, avec « l’interprétation, l’analyse et la critique scientifique », pour le grand bien de l’Islam. Réinterprétation qu’appelaient de ses vœux Jacques Bergues lui-même et de nombreux exégètes de l’islam contemporains, des islamologues nombreux en France et en Europe. C’est aussi la seule voie possible pour les musulmans, qui ne sauraient trouver dans l’intégrisme que la faillite et le désespoir.
Parfois la critique, il est vrai, détruit la croyance religieuse. Mais le pourrait-elle, dans le cas de la foi vraie, authentique ? Et si l’esprit critique détruit la foi des uns, il fortifie celles des autres. Ce qui fait la valeur d’une croyance, c’est la « conviction personnelle ».
Chacun dans sa courte existence s’efforce de trouver son chemin. Celui qui croit au ciel voudrait tourner toutes les âmes vers Dieu. Celui qui n’y croit pas voudrait libérer les hommes vers leur croyance, s’il le faut, malgré eux. L’un dans sa ferveur voudrait renforcer la puissance de l’État pour soumettre les hommes à la loi divine. L’autre dans sagesse demande qu’on distingue le pouvoir politique du religieux. Le compromis de 1905 nous vient en héritage. ——–
Foudil BENABADJI
http://www.memoire-mediterranee.com
[1] Platon 428-348 avant J.C, disciple de Socrate et maître d’Aristote, (384-322 avant J.C), Diogène 413-327 A.J.).
[2] Averroès : 1126-119. Christian Lochon.
[3] La guerre de Trente Ans a ruiné pour longtemps l’Europe centrale et abaissé l’Allemagne. Elle a été inaugurée en 1618 par une obscure querelle entre les protestants de Bohême et Matthias, empereur d’Allemagne et roi de Bohême, par ailleurs catholique.
[4] Le Rouergue est tombé sous la souveraineté du comte de Toulouse. Pour financer le grand rôle qu’il se réserve dans la première croisade, celle de Godefroi de Bouillon, le comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles cède, en 1112, son cher Rouergue à Richard, déjà vicomte de Carladez, qui se pare dès lors du titre de comte de Rodez.
[5] Le catharisme apparait au moyen-âge vers le 11e siècle de notre ère. Le catharisme se distingue du christianisme : religion annexe qui voulait détrôner la religion principale. Mais à l’époque tout ce qui n’est pas chrétien et qui le revendique, est “hérétique”, pourchassé et surtout massacré. Les rois de l’époque avaient un outil très pernicieux pour s’attaquer aux hérétiques : l’Inquisition.
[6] L’édit de Nantes, signé le 30 avril 1598 par Henri IV, par lequel le roi de France reconnait la liberté de culte aux protestants. Henri IVétait un ancien protestant, et avait choisi de se convertir au catholicisme afin d’accéder au trône. La promulgation de cet édit mit fin aux guerres de religion qui ont ravagé la France au XVIe siècle, et constitue une amnistie mettant fin à la guerre civile. Louis XIV révoqua le versant religieux de l’édit de Nantes en signant l’édit de Fontainebleau, le 18 octobre 1685. Le protestantisme devenait dès lors interdit sur le territoire français. Cette révocation entraîna l’exil de beaucoup de huguenots. 300.000 exilés, dont beaucoup d’artisans ou de membres de la bourgeoisie. Conséquences indirectes des soulèvements de protestants, comme la guerre des camisards des Cévennes, par l’exil ou la conversion progressive au catholicisme. En 1787, Louis XVI institua l’édit de tolérance, qui mit fin aux persécutions.
[7] Le Schisme de 1054, marque la séparation entre l’Église d’Occident et l’Église d’Orient (l’Église orthodoxe) en 1054. Il est l’aboutissement de nombreuses décennies de conflits et de réconciliations entre les deux Églises.
[8] Calvin se distinguait de Luther en proscrivant et toute hiérarchie catholique, ne reconnaissant pas plus le caractère d’évêque et de prêtre que celui de pape, rejetant la messe, le dogme de la présence réelle, l’invocation des saints, etc.
[9] Jean Jaurès à 45 ans, le Député du Tarn Professeur de philosophie, à crée le SFIO. « Le socialisme n’est que l’approfondissement de l’idéal Républicain, l’application des droits de l’homme et du citoyen » Le grand tribun, sur la séparation, Jaurès n’est pas fermé aux idées religieuses, partisan de la laïcité. (Sa fille Madeleine avait fait sa 1er Communion). Jean Jaurès est assassiné le 31 juillet 1914 à la veille de la guerre mondiale.
[10] Entre les Laïcards et les Fraisards.
[11] Le panthéisme est une doctrine philosophique selon laquelle tout est Dieu. Dans la philosophie occidentale, et notamment depuis Spinoza, le sens qui est donné à ce mot « tout » est en général identique à celui associé à la Nature, au sens le plus général de ce terme, autrement dit de « toutce qui existe ».
[12] Aristide Briand (1862-1932), ministre des Cultes. 25 fois Ministre et 11 fois Présidant du Conseil. Il sera Prix Nobel de la Paix