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Laïcité et Histoire de l’École
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Éléments d’histoire
La laïcité est une notion bien française, difficilement traduisible dans d’autres langues. Elle apparaît dans notre histoire, au fil de l’affrontement Église/État, à l’occasion de l’installation de la République, au cours du XIXe siècle. La constitution de 1946 s’ouvre par l’affirmation, due son article 1, que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Et la Constitution de 1958 le rappelle, dans son article 1, et précise : « [la laïcité] assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ».
L’approche de la laïcité s’est cristallisée dans la querelle scolaire lorsque l’État a institué l’École publique laïque.
Sécularİsatİon et laïcİté
n L’histoire de notre pays est, avant la laïcité, marquée par la sécularisation, une émancipation progressive de la tutelle ecclésiale, dans trois champs : le champ intellectuel, le champ politique et le champ moral. Peu à peu, la France sort de la civilisation de chrétienté, rêve d’une société entièrement chrétienne dans un État chrétien.
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accepta progressivement, dans la première partie du XIXe siècle, qu’elle soit reprise en main par l’Église. Les congrégations anciennes, comme les Frères des Écoles chrétiennes, se réinstallèrent et d’innombrables congrégations enseignantes se créèrent. De nombreuses religieuses étaient requises pour enseigner dans les écoles publiques ouvertes par les communes, qui manquaient de personnel. Parallèlement, au fil des régimes successifs, le contrôle du système d’instruction par l’Église était plus ou moins fort, notamment à travers le présence ou non, de représentants des cultes dans le conseil supérieur de l’instruction publique. Et la loi Falloux, en 1850, institue la liberté de l’enseignement pour le secondaire.
n Lorsque la République s’installa plus durablement après la chute du Second Empire, la question scolaire se radicalisa. Beaucoup de Républicains pensaient qu’une École trop dépendante, encore, de l’Église, entretiendrait une trop forte influence de l’Église sur la société. L’École publique devait servir la lutte contre le cléricalisme. L’État, pour former les citoyens, voulut séparer l’École publique de toute emprise des Églises. Après avoir écarté les représentants des cultes du Conseil supérieur de l’instruction publique, les lois Ferry (1879-1885) systématisèrent l’obligation et la gratuité de l’instruction publique, et instituèrent l’École laïque. La laïcisation toucha les bâtiments : des aménagements financiers permirent rapidement à toutes les communes de bâtir leur école publique. Villages et villes virent fleurir la construction de mairies encadrées de l’école de garçons et de l’école de fille. La laïcisation toucha le personnel enseignant : en obligeant chaque département à disposer d’une école normale pour les garçons, d’une part, et pour les jeunes filles d’autre part, l’État créa un corps d’instituteurs et d’institutrices laïques, ce qui allait permettre, d’ici à la fin du siècle, d’écarter tout congréganiste des écoles publiques. Enfin, les programmes scolaires, tout en maintenant, un temps, « les devoirs envers Dieu » supprimèrent de l’École publique toute formation religieuse liée à un culte particulier. Jules Ferry, homme politique des Vosges, savait, comme il le disait, que ses électeurs « aimaient autant les processions que la raison ». Il ne s’agissait pas pour lui d’éradiquer de la société toute formation religieuse, mais de distinguer nettement la responsabilité de l’École publique et celle des Églises. La loi libéra donc le jeudipour laisser, aux familles désireuses de le faire, le choix de confier leurs enfants aux Églises pour l’instruction religieuse. S’installa ainsi, avec la laïcisation de l’École publique, la séparation de la culture scolaire et de l’éducation religieuse.
n Les lois Ferry ne s’opposèrent pas à la liberté d’enseignement. Mais les écoles privées ne recevaient aucun subside de l’État. Elles restaient libres, lorsqu’elles étaient confessionnelles, d’assurer une formation religieuse. Ainsi les écoles catholiques devinrent, elles, des Écoles tenues par l’Église catholique pour le service des familles catholiques. Beaucoup d’évêques faisaient d’ailleurs un devoir pour les parents catholiques d’y inscrire leurs enfants. Cette situation nouvelle explique l’opposition de l’École laïque et de l’École catholique, et les affrontements, dans certains villages, entre l’instituteur et le curé. Ce double système d’instruction – celui de la République et celui de l’État – a pu conduire au sentiment d’un risque pour l’unité nationale. C’est ce que souligne l’expression des « deux France ». La situation a beaucoup évolué, notamment depuis la loi Debré de 1959, mais cette opposition des deux Écoles a durablement marqué notre société et les mentalités.
La loİ de 1905
n La situation entre les Églises et l’État se tendit à la transition des XIXe et XXe siècles. Le président du Conseil Émile Combes, après le nouvel accès d’anticléricalisme lié notamment à l’affaire Dreyfus, entreprit, à partir de 1902, une politique très répressive contre les congrégations et prépara une loi très militante de séparation des Églises et de l’État. Au début 1905, Combes démissionna et la loi de séparation des Églises et de l’État fut préparée par Aristide Briand de façon plus apaisée. La loi du 9 décembre 1905 mit fin au concordat. Les deux premiers articles de la loi – qui ne prononce pas le mot de laïcité – disent l’essentiel de ce texte fondateur.
« La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes […] ». (article 1) et « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. […] ». (article 2). Ainsi l’État ne professe
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