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Avec le Forum de l’islam de France, l’après-CFCM se dessine avec une nouvelle organisation l’après-CFCM se dessine avec une nouvelle organisation Rédigé par Hanan Ben Rhouma | Vendredi 7 Janvier 2022 à 18:45
Un nouveau visage pour l’organisation du culte musulman se dessine avec la mise en place du Forum de l’islam de France (FORIF) en ce début d’année 2022. Comment s’organise ce format du dialogue entre l’État et les musulmans ? Avec quelles conséquences pour le Conseil français du culte musulman (CFCM) ? Saphirnews fait le point avec des informations exclusives.
CC BY-NC-SA 2.0 / Don Sniegowski
2022 s’annonce comme l’année du renouveau de l’organisation du culte musulman en France qui signe le début d’une ère nouvelle. Une ère qui enterre le Conseil français du culte musulman (CFCM) et minimise fortement le poids des fédérations en tant qu’interlocuteurs de l’État dans l’optique de mettre un terme à « l’islam consulaire ».
Pour renouveler les relations entre l’État et les musulmans, les pouvoirs publics, et plus particulièrement le Bureau central des cultes (BCC), rattaché au ministère de l’Intérieur, travaillent d’arrache-pied depuis des semaines sur l’organisation du Forum de l’islam de France (FORIF). Ce format de dialogue, qui vient prolonger les discussions entamées dans le cadre des Assises territoriales de l’islam de France (ATIF), a vocation, selon nos informations, « à constituer, dans le respect du principe de laïcité, une enceinte d’échange entre l’État et les représentants du culte » musulman.
Le coup d’envoi des travaux lancé
Dans cette optique, une centaine de personnalités incarnant une diversité de profils, de courants et de territoires ont été sélectionnées pour contribuer aux groupes de travaux pilotés par le BCC. La démarche s’appuie ainsi non pas sur des fédérations mais sur des individus, acteurs de terrain, en capacité d’apporter leur pierre à l’édifice du dialogue. « L’État demeure attentif à la pluralité des expressions dans la société et s’attache à n’exclure du dialogue aucun courant ou acteur désireux de s’engager pourvu que, par son action et ses discours, il respecte pleinement les valeurs de la République et qu’il s’inscrive dans la volonté de renforcer la cohésion nationale », fait-on savoir dans un document adressé aux participants des ateliers dont Saphirnews a pris connaissance.
Le coup d’envoi des travaux a été donné cette semaine, marquée par la rencontre d’Emmanuel Macron avec les autorités religieuses à l’occasion de la nouvelle année. Les commissions, constituées entre 15 et 25 personnes, sont aujourd’hui au nombre de quatre : la professionnalisation et le recrutement des imams, de l’organisation et du fonctionnement des aumôneries, de la lutte contre les actes antimusulmans et la sécurité des lieux de culte, et de l’application de la loi confortant le respect des principes de la République. Ministres du culte, aumôniers, responsables associatifs, représentants de mosquées, intellectuels, juristes : ils figurent parmi les participants dont plusieurs soulignent auprès de Saphirnews l’état d’esprit constructif dans lequel les premières réunions se sont déroulées en visioconférence, crise sanitaire oblige.
Les personnes conviées sont engagées, toujours selon nos informations, « à faire remonter les aspirations de tous les acteurs de bonne volonté, qui expriment en particulier leurs attentes au niveau local lors des ATIF et à leur partager en retour la substance et les conclusions des travaux, dans l’intérêt d’un dialogue approfondi et ouvert entre le culte et les pouvoirs publics. Il s’agit là d’une condition de la réussite de cette démarche ».
Vers la préfiguration d’une nouvelle organisation ?
A l’issue des discussions, une grande rencontre est prévue d’ici au début du mois de février. Un rendez-vous qui, à l’image des instances de dialogue avec l’islam initiées en 2015 sous l’ère de François Hollande dont Bernard Cazeneuve fut à la manœuvre, se voudrait annuel.
Les modalités et la composition du FORIF ont « vocation à évoluer au fur et à mesure de l’approfondissement du dialogue et selon les sujets qui émergeront à l’avenir », prévient-on. A ce stade, le FORIF ne vise pas à la création d’une structure représentative du culte musulman et ses participants sont « libres de former ou de participer à toute association ayant pour vocation de représenter des courants de l’islam en France » tant qu’ils ne réclament pas pour eux-mêmes « l’exclusivité du dialogue avec les pouvoirs publics, ni aucune forme de prééminence ».
Le BCC insiste sur un point : l’émergence d’une organisation dépendra de la volonté des musulmans seuls – l’État se restreignant à ne jouer qu’un rôle d’accompagnement – et de la qualité de la dynamique engagée par le FORIF.
Pour Moussaoui, « les pouvoirs publics ont raison de s’engager dans une nouvelle voie »
« Si nous autres fédérations avions montré un signe de maturité et de responsabilité, nous aurions pu élargir le socle du CFCM en faisant entrer de nouvelles forces vives. Malheureusement, nous ne l’avons pas fait et nous avons montré une situation de division qui n’est plus tenable », se désole auprès de Saphirnews Mohammed Moussaoui, en faisant référence au départ de quatre fédérations du CFCM en mars 2021, au rejet de la réforme des statuts de l’instance quelques mois après et à la non-signature « dans les temps » de la charte des principes pour l’islam de France par trois autres organisations.
Autant d’épisodes qui ont achevé de convaincre les pouvoirs publics à soutenir une nouvelle solution. « Si on regarde les choses en face, les pouvoirs publics ont quelque part raison de s’engager dans une nouvelle voie avec le FORIF, qui permettrait d’associer les non-affiliés aux fédérations et de reconstruire les instances représentatives à travers la départementalisation », déclare le professeur, qui ne cesse de marteler depuis des mois que « le CFCM n’est plus viable en l’état ».
Lire aussi : Pour Mohammed Moussaoui, « le CFCM des fédérations est arrivé à son terme »
Une autodissolution du CFCM envisagée
« Il est temps de redonner la parole aux acteurs locaux pour décider de l’avenir des instances représentatives du culte musulman, qui ne peuvent pas rester dans les mains des fédérations aujourd’hui. Le FORIF peut servir de base » pour l’édification d’une instance représentative qui émerge d’en bas.
Tel que c’est parti, le CFCM ne devrait donc pas passer le cap du 20e anniversaire. « Aujourd’hui, il est nécessaire de tourner la page. Pour ma part, je l’ai tournée », selon les mots de Chems-Eddine Hafiz adressés à Saphirnews. Mohammed Moussaoui est lui-même prêt à soutenir une autodissolution du CFCM une fois sa présidence achevée le 19 janvier dans la mesure où le recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui devait succéder au président de l’Union des mosquées de France (UMF), est démissionnaire du bureau exécutif. Avec le FORIF, un nouveau pari est lancé sur l’avenir du culte musulman. A charge pour les acteurs conquis par la démarche de savoir le relever.
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