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L’ancienne ministre ne ferme pas la porte à une candidature en 2022.
Par Pierre Lepelletier
La rencontre ne devait durer qu’une quinzaine de minutes. Elle s’est finalement prolongée pendant près d’une heure et demie. Début juillet, en marge du Festival international de journalisme de Couthures-sur-Garonne (Lot-et-Garonne), Christiane Taubira a échangé un soir, à l’improviste, avec trois de ses soutiens. Depuis des mois, ces derniers tentent, à travers un collectif, Taubira pour 2022, d’imposer sa candidature pour la présidentielle. Très discrète sur ses ambitions, l’ancienne ministre de la Justice de François Hollande les a enfin rencontrés. Et n’a pas fermé la porte à une candidature: «Si je mène campagne, c’est pour gagner», leur a-t-elle assuré. En ajoutant: «Je n’ai pas peur, pas peur de Marine Le Pen». Une réponse à ceux qui soufflent, au sein du PS, qu’elle n’oserait pas affronter la candidate du RN, et surtout qu’elle n’assumerait pas une éventuelle défaite.
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Cependant, Christiane Taubira les a prévenus: sur le plan personnel, elle ne fera rien sans l’accord de sa famille. Surtout, elle ne souhaite pas être «la candidate de l’émiettement». Comprendre: l’ancienne ministre acceptera de se lancer dans la bataille si et seulement si elle apparaît au fil des mois comme la candidate naturelle du camp de la gauche. Or, «à date, les conditions du rassemblement ne sont pas là», a-t-elle constaté, alors que les quatre forces – PS, EELV, LFI et le PCF – ont prévu d’avoir chacun leur candidat. Christiane Taubira parle d’expérience: elle n’a évidemment jamais oublié sa candidature à l’élection présidentielle de 2002 (2,32 %). À l’époque, nombreux à gauche l’avaient accusée d’avoir privé Lionel Jospin du second tour, et de permettre la qualification de Jean-Marie Le Pen.
«Une candidature serait un gros chamboulement pour elle. Ce n’était pas son plan de carrière, à ce moment-là dans sa vie. Mais, si c’est la seule qui est en capacité de rassemblement, elle répondra présent», raconte un membre du collectif Taubira pour 2022, présent lors de l’échange. «Elle sait que les citoyens sont derrière elle, mais elle nous a prévenus qu’elle ne ferait rien sans le soutien des partis», souligne-t-elle.
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Pour donner du poids à sa candidature, les soutiens de l’ancienne ministre misent notamment sur la plateforme de la «primaire populaire», rappelant que Christiane Taubira domine de loin la course aux parrainages. Une des organisatrices de l’initiative était d’ailleurs conviée à la rencontre. D’autres se montrent cependant plus dubitatifs: «Il ne reste que cette primaire comme embryon d’unité, donc certains continuent de s’y accrocher comme à une bouée de sauvetage… Bien que l’on soit sûrs que Christiane Taubira la gagnerait haut la main, ce ne sera pas suffisant pour dépasser les divisions», juge une de ses soutiens.
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Certains ne désespèrent pas non plus de convaincre les partis, et veulent réaliser une forme de «lobbying» pour pousser sa candidature. Les membres du collectif ont ainsi rencontré Jean-Luc Mélenchon, le candidat de LFI, et Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. Les deux ont fait part de leur respect pour l’ancienne ministre. Ses soutiens espèrent aussi pouvoir s’appuyer sur des relais en interne. Début juillet, Audrey Pulvar, ex-tête de liste PS aux régionales en Île-de-France et ancienne intime d’Anne Hidalgo, a par exemple confié à Politico que Christiane Taubira «a la capacité de convaincre les abstentionnistes de gauche» et «l’électorat populaire». «Moi, je prends n’importe quel candidat unique pour 2022, et si c’est une femme qui vient de Cayenne aussi», avait également insisté Benoît Hamon, en guise de clin d’œil. Pas encore suffisant, pour autant, pour s’imposer comme la sauveuse de la gauche.
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