Une apocalypse des insectes plus nuancée que prévue
D’autres études faites dans différents endroits de la planète ont également été publiées avant et après, montrant tantôt des baisses (plus ou moins fortes) et tantôt des hausses de la biomasse des insectes. Mais, jusqu’à présent, personne n’avait combiné l’ensemble des données disponibles. C’est aujourd’hui chose faite avec cette méta-analyse !
Des résultats plus variés et complexes qu’annoncés
Les résultats, qui intègrent 166 enquêtes réalisées dans une quarantaine de pays de 1925 à 2018, dressent un tableau plus complexe et nuancé que prévu, illustrant, certes, un déclin évident des insectes terrestres, mais aussi une augmentation nette des insectes d’eau douce. L’analyse révèle une très forte variation des tendances, y compris dans des sites très rapprochés.
Par exemple, dans les pays où de multiples enquêtes sur les insectes ont eu lieu (Allemagne, États-Unis, et Royaume-Uni), certains endroits ont connu de forts déclins tandis que d’autres, assez proches, n’ont indiqué aucun changement, enregistrant même une augmentation du nombre d’individus.
Une fois toutes les tendances du monde combinées, une estimation de l’abondance moyenne des insectes au fil du temps a pu être faite. Dans l’ensemble, la population d’insectes terrestres (papillons, sauterelles, ou fourmis) diminue d’environ 0,92 % par an, alors que celle des insectes d’eau douce (moucherons ou éphémères) s’accroît de 1,08 % par an. En d’autres termes, cela suppose une baisse de 24 % pour les premiers à l’échelle de trois décennies, et une hausse simultanée de 36 % pour les seconds.
Pour tenter d’expliquer cette bonne fortune surprenante des insectes d’eau douce, les chercheurs allemands ont établi plusieurs hypothèses : une meilleure protection des cours d’eau (avec le vote de lois en ce sens dans de nombreux pays), un possible effet de la crise climatique (la hausse des température rendant les conditions de vie plus favorables à ces espèces), ou une hausse des nutriments ruisselant dans les cours d’eau (du fait des rejets agricoles) pourraient avoir contribué à ce phénomène.
Les scientifiques montrent aussi dans leur méta-analyse que les populations d’insectes terrestres dans les aires protégées diminuent de la même manière que celles vivant dans les zones urbanisées, mais un peu plus lentement. Sur cette base, ils estiment qu’une meilleure protection ou restauration de leur habitat serait une stratégie efficace pour préserver leur population.
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