Vues:
381
De nos jours, la laïcité est souvent manipulée, comme si elle devait- et pouvait à elle seule – résoudre tous les problèmes de la société. Elle est alors une ressource utilisée pour mener des combats idéologiques et politiques, elle divise… au lieu de rassembler.
Nous nous sommes réunis au sein de l’association La vigie de la laïcité parce qu’il nous semble important de rappeler la teneur démocratique de ce projet républicain, d’exercer une veille active et de donner des informations fiables.
La vigilance doit éviter que la laïcité perde sa source et se coupe de la philosophie politique libérale contenue dans la loi de 1905 qui l’a toujours guidée.
Elle doit aussi nous permettre de continuer à mener une réflexion active sur les modalités, éventuellement nouvelles, de l’application de la laïcité face aux défis contemporains.
Nous sommes à votre disposition pour vous outiller sur :
-
Le décryptage de l’actualité semaine par semaine, pour que vous puissiez comprendre et analyser les différents enjeux des principales déclarations publiques qui évoquent le concept de la laïcité…, dans la rubrique « Décrypter l’actualité »
Pourquoi nous créons la Vigie de la laïcité, un organisme indépendant et citoyen
Jugeant que les relectures de la loi de 1905 menacent le consensus nécessaire autour de la laïcité, treize personnalités, dont Jean Baubérot, Jean-Louis Bianco et Valentine Zuber, annoncent, dans une tribune au « Monde », la création d’un organisme destiné à apporter « une expertise fondée sur la raison, la connaissance et le débat critique ».
Publié le 09 juin 2021 à 10h02 – Mis à jour le 09 juin 2021 à 13h48 Temps de Lecture 4 min.
De nos jours, la laïcité est souvent manipulée, comme si elle devait − et pouvait à elle seule − résoudre tous les problèmes de la société. Elle est alors une ressource utilisée pour mener des combats idéologiques et politiques, elle divise… au lieu de rassembler. Sous la IIIe République, Ferdinand Buisson, un grand serviteur de l’Etat républicain, en a donné, en 1883, sa première définition : « L’Etat neutre entre tous les cultes, indépendant de tous les clergés, dégagé de toute conception théologique », cela afin d’assurer « l’égalité de tous les citoyens devant la loi », sans tenir compte de leurs croyances et pour garantir « la liberté de tous les cultes ».
Lire aussi: Pour Patrick Weil, « la laïcité, c’est d’abord du droit »
Cette définition implique que le pouvoir politique ne se fonde sur aucune transcendance religieuse ou idéologique et que la puissance publique ne peut ni ne doit imposer un régime particulier de vérité. Elle doit, au contraire, adopter une posture d’arbitre qui, en exerçant sa neutralité active, assure la préservation de la liberté de conscience individuelle et la liberté de religion et de conviction collective. L’autonomie de la loi civile à l’égard des normes religieuses en découle nécessairement, autorisant une liberté égale accordée aux religions et convictions et permettant que leur confrontation se fasse dans le respect mutuel garanti par l’ordre public démocratique. Ainsi, la laïcité présente deux pôles en étroite interaction : la neutralité au niveau de l’Etat, la liberté de conscience et d’expression à celui de l’espace public et de la société civile.
Les lois laïques de la IIIe République se situent dans cette logique. Celle de 1882, laïcisant l’école publique, a mis fin à un cours obligatoire de morale religieuse et décidé que l’école vaquerait un jour par semaine, en sus du dimanche, pour faciliter la tenue du catéchisme pour les familles souhaitant y envoyer leurs enfants. La loi de 1905, séparant les Eglises et l’Etat, a déclaré que la République assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes (art. 1er). Elle a aussi énoncé la suppression de tout caractère officiel des religions (art. 2). De nombreux autres articles concrétisent cette double affirmation.
Informations fiables
La mise en pratique des principes laïques ne s’est pas réalisée sans conflits internes au sein du camp républicain. Certains souhaitaient, en particulier, l’adoption de mesures qui auraient limité la liberté de conscience au profit des Églises ; d’autres, au contraire, voulaient privilégier celles qui auraient constitué des atteintes au libre exercice des cultes. Ni les unes ni les autres n’ont été retenues par le législateur de 1905.