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La revue Historia consacre son numéro de février 2019 aux « Juifs et la France », depuis la Révolution française à nos jours.
La loi du 13 novembre 1791, signée « Louis, par la grâce de Dieu et par la loi constitutionnelle de l’État roi des Français », tient une place particulière dans le cœur des juifs de France : elle entérine un décret adopté par l’assemblée nationale établissant la pleine égalité des juifs et reconnaissant leur citoyenneté.
Dans son numéro de février 2019, la revue Historia consacre son dossier à cette « histoire tourmentée d’une passion » entre les juifs et la France, expliquant la genèse et les suites de cette loi fondatrice.
Célébration de la fête juive de Hanoukka à la synagogue de Breteuil, à Marseille, le 2 décembre 2018. / Valérie Vrel/La Provence/MaxPPP
C’est l’abbé Grégoire, rappelle Guy Konopnicki dans l’article inaugurant le dossier, qui, portant aux États généraux de 1789 les cahiers de doléances des juifs de Metz, joue un rôle décisif dans les débats de la Constituante, laquelle élèvera deux ans plus tard les juifs au rang de citoyens français. Une égalité qui ne sera remise en cause ni sous la Restauration, ni sous la Monarchie de Juillet, ni sous le Second Empire.
Le XIXe siècle sera, pour le judaïsme hexagonal, celui de l’organisation de son culte, avec la convocation par Napoléon du Grand Sanhédrin et la création du consistoire, mais aussi de l’émergence d’une haute bourgeoisie juive, impliquée dans la politique, l’économie et la vie artistique du pays.
L’engagement au service de la jeune République française se poursuivra, malgré la persistance d’un antijudaïsme qui s’exprime notamment au moment de l’affaire Dreyfus. Mais « un pays qui se déchire, qui se divise pour sauver l’honneur d’un petit officier juif, c’est un pays où il faut rapidement aller », selon le mot du grand-père d’Emmanuel Levinas.
Au cours de la Grande guerre, 36 000 des 180 000 Israélites vivants en France prennent les armes pour défendre le drapeau tricolore. « Le pays qui les a émancipés en 1791, et qui a réhabilité Dreyfus, attire près de 200 000 juifs entre 1918 et 1939, rappelle Carl Aderhold dans son article intitulé : Heureux comme Dieu en France”. Les Polonais, les Russes, les Hongrois et les Roumains représentent plus de la moitié de ces immigrés. »
Dans cette période de l’entre-deux-guerres, la question juive devient plus que jamais passionnelle en France. Pendant que des talents juifs s’épanouissent dans les arts, la politique ou l’industrie, monte un antisémitisme nourri notamment par les écrits de Maurras et de Brasillach.