Inutile de chercher à contrôler ou cacher ses émotions. Effet contraire garanti ! En revanche, de nombreuses approches nous aident à mieux les détecter au quotidien. Et les transformer en boussole, car elles sont de véritables guides pour nos choix de vie.
« Parfois les gens déclarent : “Je suis furieux”. En réalité, quand on fait le tri entre ce qui est en train d’arriver, ce que l’on en voit réellement et comment on se sent, on réalise parfois que le mental s’est emballé et a amplifié l’émotion », explique Nathalie Dard, intervenante en Communication Non Violente (CNV) dans des établissements scolaires. « Si on arrête ses pensées, au lieu de dire que l’on se sent furieux, on constatera peut-être que l’on est juste agacé. » La CNV a été mise au point par l’Américain Marshall B. Rosenberg dans les années 1990 pour favoriser les relations harmonieuses et sortir des conflits. « L’observation est la capacité la plus difficile à acquérir, car nous sommes dans des automatismes », poursuit Nathalie Dard. En CNV, les émotions sont les indicatrices d’un besoin (être écouté, reconnu, etc.). Elles sont vécues comme agréables quand il est satisfait, et désagréables quand il ne l’est pas. « Elles sont incluses dans un processus : l’émotion se manifeste, on identifie les besoins non comblés associés et on formule une demande à l’autre. On n’est plus dans la réaction ni le clash, on est responsable de soi et on a une façon constructive de l’exprimer. Ainsi on récupère du pouvoir sur sa vie, tout en respectant les besoins de l’autre. »
www.cnvformations.fr
Traverser les tempêtes en groupe
Dans les salles de thérapie insonorisées du centre de Dynamique émotionnelle exprimée (DEE), on crie, on s’énerve, on pleure, on tape dans des coussins, on éprouve la peur et le dégoût ; bref, on s’affranchit des codes sociaux pour se laisser traverser par les émotions de la vie, sans crainte d’être jugé ni empêché de les ressentir. Mise au point par le psychiatre Étienne Jalenques dans les années 1970, la méthode repose sur des séances hebdomadaires de trois heures, en groupe. L’approche est fondée sur une « surchauffe émotionnelle », via la « mantra thérapie » : « Cela consiste à faire répéter par le patient un énoncé, une phrase de son propos que le thérapeute a perçue comme un signe d’un ensemble d’affects coincés ou refoulés », expose Étienne Jalenques. Exemple : Hélène fait part au groupe du sentiment de culpabilité qu’elle éprouve à s’éloigner de sa mère malade — qui en profite pour réclamer toute son attention. Consciente d’être manipulée, Hélène en veut à sa mère. Le thérapeute lui propose de répéter : « Elle en profite, ça me dégoûte », en s’adressant à chacune des personnes présentes. La répétition de cette phrase réveille la colère refoulée d’Hélène, qui s’adresse maintenant (symboliquement) à sa mère : « C’est toi qui me dégoûtes ! » La tension réveillée peut être ainsi libérée devant le groupe, sans qu’Hélène ne craigne la réaction de sa mère. Elle peut ainsi dissocier l’amour qu’elle éprouve pour elle de l’obligation de sacrifice. « Cette thérapie est un apprentissage des émotions, qui deviennent nos alliées. Quand on les maîtrise, on peut proportionner notre réaction à la situation et à notre intérêt. » Ainsi, devant son patron, on peut choisir un juste milieu plutôt que d’exploser de rage ou de ravaler sa colère et ne rien dire.
http://dynamique-emotionnelle.com
La Thérapie du bonheur, Étienne Jalenques, éd. Marabout.
Décharger sa tension dans des cahiers de colère
Le ton monte avec vos enfants ou votre partenaire. Vous êtes prêts à exploser. À ce stade, inutile de tenter la discussion : il faut d’abord dégonfler votre « ballon émotionnel ». Dans ses ateliers à destination des parents, Anne Partridge, de l’association Parlecoute à Bordeaux, propose des outils pour toute la famille. Elle conseille un cahier de colère, où l’on peut gribouiller de toutes ses forces. Un moyen de décharger la tension dans le corps et de montrer à l’autre l’ampleur de son émotion. Autre technique : les bons de colère. À dessiner soi-même ou à chercher sur Internet, puis à « froisser violemment et jeter rageusement dans un coin ».
Déchiffrer le message avec l’intelligence émotionnelle
« En intelligence émotionnelle, on considère qu’une émotion est une info utile pour retrouver son équilibre », explique Gilles Corcos, coach et fondateur de l’école systémique de l’intelligence émotionnelle. En une dizaine de séances, il accompagne son client dans la réalisation d’un objectif : changer de job, gérer une transition de vie, etc., en se mettant à l’écoute de ses émotions. En séance, le coach apporte des outils concrets pour les explorer (jeux de rôles, exercices d’introspection…). On commence par des situations faciles : par exemple, en cas de trop-plein émotionnel à un dîner de famille, on se retire quelques minutes pour prendre le temps d’écouter la tristesse, la colère ou la peur qui montent au lieu d’exploser entre le plat et le dessert. « Il y a une confusion entre écouter une émotion et se laisser submerger, précise le coach. L’émotion ne demande pas forcément à s’exprimer, mais à être écoutée. »
www.odysseemotion.com
Comment cultiver son intelligence émotionnelle, Gilles Corcos et Corinne Vilder, éd. Larousse.
Respirer pour substituer le positif au négatif
« Toute perturbation émotionnelle crée un désordre respiratoire », remarque Carole Serrat, sophrologue. Notre respiration s’accélère, devient irrégulière. Conçue en 1960 par le neurologue Alfred Caycedo, la sophrologie est une méthode de relaxation dont l’objectif est de transformer nos émotions envahissantes ou nos angoisses en pensées positives. Cette pratique psychocorporelle s’appuie sur la détente physique, obtenue grâce à des exercices de respiration et la visualisation d’images apaisantes. L’inspiration s’accompagne d’une intention, comme se remplir d’énergie positive, de bien-être. À l’expiration, on relâche l’émotion négative. Dans l’état dit « sophronique », entre sommeil et veille, la personne peut laisser remonter l’émotion, évacuer le vécu négatif et y substituer une image et des sensations positives.
La Sophrologie, c’est malin, Carole Serrat, éd. Leduc.S.
Ma méthode de sophrologie pour bien dormir, C. Serrat et L. Stopnicki, éd. Leduc.S.
Julia Zimmerlich et Catherine Maillard
Dans Ça m’intéresse en kiosques le 22 décembre, découvrez d’autres techniques et notre dossier « Nos émotions : comment en faire des alliées ? »