Les juridictions européennes, à leur échelle, ne manqueront pas de s’interroger sur les fondements de décisions discrétionnaires qui, presque du jour au lendemain, peuvent aboutir à une révocation d’un religieux. Sans compter le regard d’autres grandes démocraties, inquiètes des dérives françaises. En matière de gestion des cultes dans la France de 2021, beaucoup d’observateurs ont pris note : la ligne bonapartiste actuelle nous éloigne de Marianne et de la laïcité pour nous rapprocher, tantôt, de Xi Jing Ping et son sécularisme sectaire, tantôt, d’un gallicanisme relooké dans lequel l’Etat deviendrait peu à peu le DRH des religions.
La question, ici, n’est pas défendre des doctrines. On a le droit, en démocratie (mais aussi au sein de l’islam, du christianisme, du judaïsme, du bouddhisme, de l’hindouisme) de réprouver tel ou tel enseignement. La question n’est pas non plus de tomber dans l’angélisme ! Les réseaux religieux qui prônent et légitiment la violence au lieu du vote et du débat doivent être combattus sans relâche. Ce qui veut dire aussi qu’il serait bon de cesser de signer des contrats d’armements avec les pétromonarchies wahhabites du Golfe, dont on connaît les multiples accointances, en coulisses, avec l’internationale djihadiste guerrière.
Mais en dehors des appels à la violence, les doctrines et les enseignements tenus par les clergés relèvent d’un pluralisme interne aux mondes religieux sur lequel l’Etat n’a pas à intervenir. Et a fortiori, un préfet de la République ne saurait demander à faire révoquer le prêtre, pasteur, imam, rabbin conservateur qui tient des doctrines désagréables. Les fidèles sont bien assez grands pour réagir comme ils le souhaitent, et si besoin, aller voir ailleurs ! La grandeur de la République est de savoir accepter en son sein des idéologies, doctrines et enseignements parfois contraires à ce qui la fonde.