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Religion
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Manifestantes qui brûlent leur voile à Lyon, le 24 septembre 2022 KONRAD K./SIPA 01088979_000005
Alors qu’en Iran, des femmes et des hommes se révoltent contre le régime théocratique, au Parlement européen, les députés de la gauche et certains du centre ont bloqué un texte de François-Xavier Bellamy s’opposant à ce que l’UE finance des campagnes encourageant le port du voile. Espérons qu’un deuxième texte, visant les Frères musulmans, aura plus de succès.
Le 6 octobre, la gauche et les écologistes européens, avec la complicité plus discrète du centre « progressiste », ont choisi de répondre par l’injure et l’indécence à la mort de Mahsa Amini, assassinée parce qu’elle refusait le hijab et voulait la liberté. Elle avait 22 ans. De Hadis Najafi, assassinée parce qu’elle refusait le hijab et voulait la liberté. Elle avait 20 ans. De Nika Shakarami, torturée et assassinée parce qu’elle refusait le hijab et voulait la liberté. Elle avait 17 ans. De Sarina Esmaeilzadeh, assassinée parce qu’elle refusait le hijab et voulait la liberté. Elle avait 16 ans.
Face à ces jeunes filles, ces jeunes femmes, ces héroïnes, ces martyres, la gauche, les écologistes et le centre « progressiste » ont choisi de répondre qu’il faut continuer à promouvoir le hijab, à pouvoir affirmer au nom de l’Europe que « la liberté est dans le hijab » , « apportez de la joie, acceptez le hijab » . Complicité affichée, immonde, avec l’islamisme le plus sauvage (voir le discours au Parlement européen de François-Xavier Bellamy). Explications.
Depuis des jours, on le sait, des femmes et des hommes se révoltent en Iran avec un courage admirable contre le voile islamique et l’obligation de le porter, contre le régime brutal qui l’impose, et contre l’idéologie théocratique totalitaire dont il est l’étendard.
Le hijab : plus un symbole qu’un habit
Pendant ce temps, en France, certains tentent d’instrumentaliser ce combat pour défendre ce qu’ils appellent « le droit pour les femmes de s’habiller comme elles le veulent », c’est-à-dire en réalité la banalisation ici du symbole d’oppression qui est combattu là-bas, et hurlent à l’islamophobie dans l’espoir de faire taire quiconque se permet de dire la vérité. Tout à leur hypocrisie, à leur lâcheté ou à leur clientélisme, ils feignent d’oublier que si des femmes sont prêtes à mourir pour ne pas porter le hijab, si des tyrans sont prêts à les tuer parce qu’elles refusent de le porter, c’est bien qu’il n’est pas qu’un habit. Aucun autre « habit » au monde n’est imposé de la sorte, aucun autre symbole religieux au monde n’est imposé de la sorte, aucune autre religion au monde ne conduit à ce que l’on impose de la sorte le port d’un de ses symboles. Et aucune autre divinité (ou soi-disant divinité) au monde ne se sent menacée par la beauté des reflets qu’un rayon de soleil dessine dans les cheveux d’une femme, et leur danse sous la caresse du vent.
Défendrait-on le droit pour les femmes (ou les hommes) de porter publiquement des emblèmes nazis, une tenue du KKK, ou un t-shirt « Vive Staline! », sous prétexte qu’il serait patriarcal ou matriarcal ou liberticide ou je ne sais quoi de le leur interdire ? Le hijab n’est pas un vêtement mais une proclamation, l’affichage d’une adhésion au corpus idéologique qui, avec des variations finalement secondaires, inspire aussi bien la dictature iranienne que la dictature saoudienne ou celle d’Erdogan.
Et en Europe, les instances de l’UE ne cessent de manifester leur soutien à l’islamisation du continent en faisant l’éloge de ce voile qui, peu importent les motivations individuelles de celles qui le portent, est le drapeau que les islamistes plantent dans un territoire pour y manifester leur influence.
Heureusement, des voix se font entendre pour s’opposer à cette compromission. Ainsi, le député européen François-Xavier Bellamy a déposé pour les travaux du Parlement de Strasbourg deux textes très courts, mais fondamentaux. Le premier a hélas été refusé, mais il aura au moins obligé les complices des islamistes à se dévoiler, et pour peu qu’ils prennent la peine de se renseigner, les peuples européens peuvent maintenant voir clairement dans quel camp chacun se situe. Le second, s’il est adopté, sera pour l’Europe une victoire majeure contre les ennemis de la dignité humaine.
La complicité du centre
Le premier texte, donc, était un paragraphe à ajouter à la résolution commune que le Parlement européen a pris jeudi 6 octobre au sujet de l’Iran, et dont le contenu a été négocié entre les représentants de chaque groupe politique au Parlement. Il rappelait les campagnes de l’UE ayant visé à banaliser (« trivializing » ) le hijab (celle-ci, notamment ), soulignait qu’elles sont susceptibles de contribuer à faire pression sur les femmes musulmanes pour qu’elles se sentent obligées de le porter, et s’opposait à ce qu’à l’avenir l’UE finance ou co-finance de telles campagnes : « Any future campaign that may promote the Islamic hijab or put pressure of any kind for Muslim women and girls to feel obliged to wear it. » Proposé par François-Xavier Bellamy avec l’appui d’Arnaud Danjean, ce paragraphe avait reçu le soutien du groupe PPE (Parti Populaire Européen, au sein duquel siègent les parlementaires LR) et des autres groupes de droite, ECR (European Conservatives and Reformists) et ID (Identité et Démocratie, dont font partie les députés du RN). Malheureusement, il a été bloqué en commission restreinte par les représentants des groupes de gauche, notamment les Verts (EELV), The Left (LFI) et S&D (socialistes), auxquels s’est joint le représentant du groupe Renew (LREM/Renaissance) qui, ainsi que l’explique un conseiller ayant suivi de près les discussions, aurait pourtant pu faire la différence s’il avait soutenu la proposition. Mais au fond, fallait-il vraiment espérer autre chose du groupe auquel appartient le parti d’Emmanuel Macron, lui qui, le 12 avril dernier, disait « c’est ça qui est beau » d’une soi-disant féministe déclarant avoir choisi de porter le voile ?
Il n’était pas proposé d’interdire le voile, seulement le financement de sa promotion par les fonds de l’UE.
Toujours soutenu par les groupes parlementaires de droite, François-Xavier Bellamy a alors proposé oralement, en session, une version plus courte de ce paragraphe. Point technique : si un quorum de 38 députés se lève pour protester contre un amendement oral, celui-ci ne peut pas être mis au vote. Cette fois, Renew (LREM/Renaissance) s’est fait discret, mais l’immense majorité des groupes parlementaires de gauche (y compris les Verts) s’est levée, bloquant cet amendement. Que l’on comprenne bien : il n’était pas proposé d’interdire le voile, seulement le financement de sa promotion par les fonds de l’UE. Autrement dit, ce que les groupes de gauche et écologistes (et dans une moindre mesure le groupe Renew) ont montré, c’est leur volonté de pouvoir continuer à faire financer par les institutions européennes, avec de l’argent public, la promotion active du hijab.
Le texte de la deuxième chance
Le second texte, qui sera peut-être voté, qui aura d’autant plus de chances d’être voté que nous serons nombreux à essayer de le relayer et de le soutenir, de montrer aux députés européens l’importance qu’il a pour nous, est un amendement au rapport budgétaire 2023, pour lequel le vote en commission budgétaire aura lieu le 10 octobre, et celui en commission plénière la semaine du 17.
Il vise nommément les Frères Musulmans, et demande à la Commission Européenne de garantir que les fonds européens ne financent que des organisations respectant strictement toutes les valeurs européennes, y compris la liberté de pensée et de conscience, la liberté d’expression, et l’égalité entre hommes et femmes : « …calls on the Commission to guarantee that European funds finance only organizations that strictly respect all European values, including freedom of thought, freedom of speech and equality between men and women » . On notera, et c’est très important, que ce texte parle de la liberté de pensée et non de la liberté de religion. La différence est cruciale, la liberté de pensée impliquant le droit à l’apostasie et le droit à l’athéisme, alors que la liberté de religion n’est le plus souvent invoquée aujourd’hui que pour tenter de rendre les religions intouchables, les placer au-dessus des lois, et concrètement, surtout, permettre à l’islam de donner libre cours à son refus de la liberté de pensée.
On notera également la mention de la liberté d’expression, point fondamental puisque nombre d’associations proches des Frères Musulmans se sont explicitement donné pour objectif l’interdiction du blasphème (et en réalité de toute critique de l’islam) sous prétexte de promouvoir le « respect » envers les religions. On notera enfin, pour qualifier l’égalité entre les sexes, l’usage de « equality » à opposer au « equity » que le wokisme s’est approprié et dont il a perverti le sens, et plus précisément encore « equality between men and women » et non « equity between genders » (« égalité entre les hommes et les femmes » et non « équité entre les genres ») – ce n’est pas ici le cœur du sujet, mais c’est important aussi.
Chacun doit choisir son camp
Il y a là de quoi porter un coup décisif à l’hydre islamiste et à ses soutiens, et pourquoi pas ouvrir la voie à l’adoption de règles similaires dans tous les pays de l’UE.
Deux textes parfaits, et parfaitement justes au double sens de la justice et de la justesse. Ils obligent chacun à choisir son camp, exactement comme l’affaire Mila : il n’y a pas de « en même temps » qui tienne, pas de « oui mais », pas d’abstention ni de neutralité possibles sans trahir ce que nous ont transmis trois millénaires de civilisation.
Jadis, des philosophes profondément religieux et des prêtres épris de vérité, dans la ville d’Athéna et le sanctuaire d’Apollon, ont pensé la liberté et proclamé la liberté de pensée. Aujourd’hui, c’est un philosophe chrétien qui choisit de la raviver au cœur des institutions de notre continent. Synthèse européenne, que l’on ferait bien de méditer. De Socrate à François-Xavier Bellamy en passant par Plutarque, on dirait bien que la dignité de la conscience humaine n’est jamais aussi bien défendue que par des hommes de foi qui croient en des Dieux qui croient en l’Homme. Veillons, dès lors, à ne pas mettre toutes les religions (ou prétendues telles) dans le même sac, et à faire l’effort élémentaire de distinguer les honneurs rendus à Zeus de la soumission servile à Typhon – ou pour revenir à la référence iranienne, de distinguer la vénération d’Ahura Mazda de la soumission à Azhi Dahaka . Osons comprendre que l’héroïsme de cette révolte et de ses martyres torturées et assassinées n’est pas qu’un événement lointain à regarder sur nos écrans et à liker avant de passer à autre chose, mais un appel auquel nous devons répondre, une mobilisation face à un ennemi commun, et un exemple qui nous oblige. Il est plus que temps pour nous aussi de renouer avec ce qui fit notre grandeur, et de refuser toute compromission avec l’obscurantisme. Partout où nous sommes, chacun d’entre nous, chacun avec les moyens dont il dispose, chaque jour, faisons entendre cette exigence.
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L’alignement de l’Arabie saoudite avec la Russie est un désastre total
Pour la Maison-Blanche, pour l’Ukraine et pour votre plein d’essence.
Fin septembre et à la suite du G7, l’Union européenne annonçait ce qu’elle pensait être l’une des armes les plus efficaces pour assécher les finances guerrières de Moscou tout en luttant contre sa propre crise énergétique : un plafonnement du prix du pétrole.
Quelques semaines plus tard, et alors que le continent n’a pas encore réussi à cesser de s’abreuver à la source russe pour étancher sa soif d’énergie, patatras pour l’Occident, qui voit son plan fortement mis à mal.
Menés par l’Arabie saoudite et complétés par la Russie, faisant face à une baisse sévère du prix du brut, les pays de l’OPEP annonçaient leur décision de réduire leur production de pétrole de deux millions de barils par jour pour le mois de novembre, l’équivalent de 2% de la fourniture mondiale.
À quelques semaines d’élections de mi-mandat forcément cruciales, l’administration Biden est bien sûr furieuse: luttant chez elle contre une inflation galopante –menée notamment par les prix de l’énergie–, elle a longuement pressuré ses alliés au sein de l’OPEP, à commencer par l’Arabie saoudite, pour qu’ils ne réduisent pas ainsi leur production.
Alignement
Elle accuse ainsi Mohammed ben Salmane, prince héritier de la couronne saoudienne, désormais Premier ministre en exercice et admirateur patenté de Vladimir Poutine, de s’aligner sur la Russie. Mais elle oublie un peu vite que les droit-de-l’hommistes démocrates avaient craché sur MBS, suite à l’affaire Jamal Khashoggi. Aujourd’hui l’Occident est obligé aujourd’hui de le supplier pour sortir du piège énergétique. Ensemble, les droit-de-l’hommistes et les Verts, en s’attaquant à l’énergie nucléaire, et en se mettant à dos les fournisseurs de pétrole, ont tout fait pour ruiner l’Occident. Ce sont les idiots utiles de la politique, dont l’objectif est, avec les wokistes et les mouvements LGBT+, la destruction de la société occidentale, de ses valeurs, de son modèle sociale et économique.
Alors que Riyad avait joué les intermédiaires dans un échange de prisonniers entre Kiev et Moscou cet été, c’est toute la politique de l’administration Biden dans le Golfe qui est remise en cause, après une visite estivale aux maigres résultats que d’aucuns avaient décrits comme «humiliante» pour les États-Unis.
L’Union européenne peut partager son ire. En renchérissant ainsi le prix du brut, la décision du cartel pétrolier écarte à nouveau l’Inde et la Chine de sa stratégie face à la Russie. Les deux pays, qui semblaient quelque peu s’éloigner ces dernières semaines des livraisons de pétrole russe à prix discount, risquent d’autant plus de retomber dans les bras de Moscou que le cours mondial du brut remonte fortement.
En Europe comme aux États-Unis, cette coupe de la production mondiale risque en outre d’annihiler une partie des coûteuses politiques mises en place pour juguler les prix de l’énergie et l’inflation. Et de contribuer à remplir les caisses du Kremlin, sans doute ravi de pouvoir financer plus aisément dans les mois qui viennent une guerre en Ukraine qu’elle est en train de perdre sur le terrain, comme sur le long terme économique.
La réalité est plus cruelle. En fait, l’Europe achète le gaz russe à des intermédiaires qui lui revendent plus cher, un produit que la Russie finit à écouler avec un gain complémentaire. Cela montre que les bons sentiments sont contre-productifs, dans bien des domaines. Oui, il y a une morale, en toute chose, mais avant, il doit y avoir du réalisme.
JForum.fr & Korii
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Quel débat subsiste-t-il du travail d’aggiornamento de l’Église qui dura trois ans, lancé par Jean XXIII et clos par Paul VI ? La Vie a organisé une rencontre entre deux catholiques engagés de générations différentes, le sociologue Jean-Louis Schlegel et Thérèse du Sartel, co-fondatrice du Dorothy.
Il avait 19 ans à la fin du Concile, en 1965 ; elle est née 30 ans après l’ouverture des travaux de Vatican II. Tous deux sont laïcs, catholiques, engagés dans la société. Ancien jésuite, philosophe, éditeur, sociologue des religions, Jean-Louis Schlegel a vécu les débats « en direct », alors qu’il était au début de sa formation dans la Compagnie de Jésus.
Philosophe de formation elle aussi, professeure en lycée et cofondatrice du café associatif Le Dorothy à Paris (XXe), un lieu animé par des chrétiens, Thérèse du Sartel est une enfant de Vatican II, née dans l’Église post-conciliaire. Ils ont accepté de débattre de l’actualité du Concile pour La Vie, non en représentants absolus de leur génération, mais en témoins.
Que représente le concile Vatican II pour vous ?
Jean-Louis Schlegel. Deux mots me viennent spontanément : libération et conflit. J’ai passé le bac en 1964. J’avais 19 ans l’année de la fin du Concile. À chaque fois qu’un nouveau texte sortait, nous éprouvions un sentiment euphorique, non pas du fait que l’Église rejoignait la modernité, mais parce qu’elle semblait à nouveau intéresser les gens. Tous les jours, des articles paraissaient dans le monde entier sur ce qui se passait à Rome. Nous nous sentions fiers d’être catholiques, fiers qu’une institution vieille de 2000 ans soit capable de se mettre à table pour revoir ses fondamentaux. Mais, très vite, les conflits d’interprétation ont surgi.
Le principal conflit en 1965-1966 portait sur l’autorité. Les catholiques les plus impatients ont pris la parole et cela a été ressenti comme une contestation de l’autorité de l’Église, des évêques et du pape, et l’atmosphère est devenue conflictuelle. L’autre élément qui a jeté une ombre a été les départs, de prêtres diocésains, de religieux et de religieuses, mais aussi de séminaristes et de jeunes religieux et religieuses en formation. L’hémorragie a été substantielle. Moi-même, entré chez les jésuites en 1965, je l’ai vécu de manière très directe. La crise s’est accentuée après 1968, et je me souviens que, à un moment donné, beaucoup d’entre nous ont dû se demander pourquoi ils restaient.
Près des trois quarts de ma génération sont partis, beaucoup avec amertume – certains pour des raisons religieuses, parfois politiques, d’autres exaspérés que l’Église ne fasse pas assez rapidement des réformes. La publication d’Humanæ vitæ en juillet 1968 a suscité l’irritation de beaucoup, qui étaient encore dans l’euphorie des événements de mai – je rappelle à ce propos que la pilule était en vente libre depuis décembre 1967. Rétrospectivement, je crois comprendre que cela a été ressenti comme le signe que les promesses du Concile sur la place des femmes et des laïcs en général ne seraient pas tenues.
Thérèse du Sartel. Mon expérience du Concile est évidemment très différente ! Vatican II est resté un non-événement dans ma vie de foi pendant très longtemps. Je me disais simplement que nous étions passés de la messe en latin à la messe en langue vernaculaire. Je viens d’une famille catholique, mais nous n’en parlions pas énormément. J’ai commencé à me pencher sur le sujet lorsque je me suis intéressée à l’histoire de l’Église aux XIXe et XXe siècles.
• LUCILLE PELLERIN POUR LA VIE
Un jour, je suis tombée sur le discours d’ouverture du Concile, prononcé par Jean XXIII à l’ouverture des travaux, en 1962, « Gaudet mater ecclesia », et j’ai été marquée par la force des propos sur les mauvais prophètes. J’aimerais le citer, car il est génial : « Il nous semble nécessaire de dire notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin. Dans le cours actuel des événements, alors que la société humaine semble à un tournant, il vaut mieux reconnaître les desseins mystérieux de la providence divine qui, à travers la succession des temps et les travaux des hommes, la plupart du temps contre toute attente, atteignent leur fin et disposent tout avec sagesse pour le bien de l’Église, même les événements contraires. »
Soixante ans après, face au déferlement de crises multiples, cet optimisme, cette confiance en l’homme face aux défis de la modernité ne semblent-ils pas un peu datés ?
J.-L.S. À l’époque, déjà, on a accusé le Concile d’avoir été trop optimiste sur la société et le monde en devenir. Mais il faut se rappeler qu’il y avait des raisons de l’être ! En Europe et en France, l’heure était à la reconstruction, dans l’après-guerre. Le mot « construire » était tellement présent que l’idée selon laquelle certaines des réalités qui se construisaient pouvaient être destructrices a été oubliée. Il faut se rappeler que, en 1960, la croissance annuelle était à 8 % ! C’était l’époque de la conquête de l’espace. On avait l’idée que l’on pouvait transformer ce monde dans le sens du bien.
Si on peut faire un reproche après coup aux catholiques conciliaires – un ensemble très vaste qui ne se résume pas aux cathos de gauche –,
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L’ahurissant rapport du sénat sur le « radicalisme islamique » , dont les auteurs et les auditionnés pourraient signer sans complexe un « Dictionnaire amoureux de l’islamophobie ». Gérald Darmanin , qui, lors de son premier discours de ministre de l’intérieur désigne « l’Islam politique » comme l’ennemi public de la France, et enfonce le clou le 31 décembre au siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) en affirmant que « Le risque terroriste d’origine sunnite demeure la principale menace à laquelle est confronté notre pays» ; Emmanuel Macron , qui, lors du 150ème anniversaire de la 3e république, brandit la menace du séparatisme… … voici plusieurs semaines que les musulmans sont la cible des politiques pour lesquels ils font figure de bouc émissaire idéal.
Ces ambassadeurs de la peur s’offusqueraient certainement de s’entendre taxer d’intentions anti-musulmanes ! Ce ne sont pas les musulmans qu’ils visent, mais ceux qui instrumentalisent l’islam à des fins politiques… On y croirait presque si on oubliait, ou faisait semblant d’oublier, que ce qui compte, ce n’est pas l’intention (si tant est qu’elle soit réellement innocente), mais ce qui est entendu. Et il faudrait être incroyablement naif ou cynique, pour imaginer qu’à ce discours, les français n’entendent pas : « le danger c’est l’islam ». Madame Razika Adnani se défendait, lors d’une interview au Figaro, repris par le site suprémaciste Riposte Laïque, de vouloir interdire l’enseignement de la langue arabe. Mais lorsqu’elle prétend que «l’apprentissage de la langue arabe pour les musulmans de France réduira la distance entre eux et le discours salafiste et fondamentaliste s’exprimant majoritairement en langue arabe et accentuera le problème de leur intégration.» il faut faire preuve d’une sacrée distanciation pour ne pas comprendre : « enseigner l’arabe, c’est former de futurs djihadistes » .
Bref, lapidés par les uns, caricaturés par les autres, les nouveaux porteurs de virus, ce sont les musulmans. Des musulmans qui devront, encore une fois, s’agripper au verset 153 de la sourate 2
« إِنَّ ٱللَّهَ مَعَ ٱلصَّٰبِرِينَ »
« Dieu est avec les patients », et tenir bon malgré le flot d’injures dont ils sont la cible.
Suivant le conseil de Shakespeare « on ne lave pas le sang avec du sang » , ils devront résister à la tentation de la colère, se rire des moqueurs, rester de marbre face à la boue, « laisser les choses basses mourir de leur propre poison » , selon le mot de Giscard d’Estaing lorsqu’il fut accusé à tort dans l’affaire des diamants de Bokassa. Peut-être aussi user de ce que la République met à la disposition des citoyens ; le jugement des tribunaux.
Car le calvaire des musulmans ne fait que commencer.
L’affaire Charlie Hebdo
Cinq ans après les attentats de janvier 2015 où des journalistes furent assassinés dans les locaux de Charlie Hebdo, le procès des 14 accusés s’est ouvert mercredi 2 septembre devant le jury de la cour d’assises spéciale de Paris. Une tragédie, un acte immonde et lâche, expression de la violence d’une société anxiogène, incapable de faire vivre, et a fortiori transmettre, ses valeurs, impuissante à maîtriser l’emballement d’un progrès déshumanisé, qui précipite ses enfants dans l’ignorance et le fanatisme. Et plus encore qu’un acte immonde : l’expression de la bêtise érigée en idole.
Aucune circonstance atténuante ne saurait justifier une telle ignominie, et surtout pas le fait qu’elle ait eu pour prétexte une série de caricatures.
« Les caricatures font partie de notre culture française, c’est à prendre ou à laisser » lance à l’antenne d’Europe 1 Tareq Oubrou , recteur de la mosquée de Bordeaux, après que Charlie Hebdo a republié les dessins qui furent à l’origine du drame. A-t-il eu raison de dire cela ? Mais oui ! En France, la liberté d’expression est (en principe ) sacrée, et c’est tant mieux. On a le droit de se moquer de la religion, comme de tout le reste. On peut rire de tout, et de tout le monde, c’est un droit… normalement.
Doit-on pour autant rester coi devant l’injure ? Non. Car, comme le rappelle l’imam lui-même, la justice fixe une limite à la moquerie : celle de l’insulte. Et les tribunaux sont là pour en juger.
Dans cette perspective, il est bon de regarder de plus près qui est à l’origine de ces caricatures, et pourquoi elles ont été publiées.
Charlie ou pas Charlie ?
Reprenons l’historique : ces caricatures ont été publiées en 2005 par le journal ultra-conservateur danois Jyllands-Posten . Parmi elles, celles du dessinateur Kurt Westergaard , proche du Parti Populaire Danois, populiste et violemment islamophobe. Son dessin montre le Prophète Mohammad coiffé d’un turban en forme de bombe sur laquelle est inscrite la chahada.
Faisant suite à une longue liste de couvertures islamophobes, et probablement pour compenser un baisse patente d’inspiration et des ventes en chute libre, Charlie Hebdo décide de publier à son tour les caricatures de Jyllands-Poste. Ensuite, les musulmans seront régulièrement pris pour cible, soit en couverture, soit à l’intérieur du journal, jusqu’à cette horrible journée du 7 janvier 2015, qui fit de Cabu, Wolinski et les autres, des martyrs du journalisme.
Mais fallait-il, pour autant sanctifier le journal lui-même ? C’est ce que semblait considérer la doxa qui fit du slogan « Je suis Charlie » un gage d’esprit républicain. Au point que des élèves furent exclus de leur classe pour avoir refusé de répéter « Je suis Charlie ». Pour les musulmans, leur demander d’ être « Charlie », ce n’est pas seulement les inviter à manifester leur empathie avec les victimes, c’est aussi cautionner l’esprit d’un journal qui les prend systématiquement pour cible. Et à l’humiliation s’en ajoute une autre : celle d’être accusés de soutenir les terroristes s’ils refusent d’arborer le fameux badge au revers de leur veste.
Charlie Hebdo a toujours justifié sa ligne éditoriale en se posant en défenseur inconditionnel, en bouclier de la liberté d’expression. On peut, on doit rire de tout. D’ailleurs le 26 septembre 2012, face aux critiques qui jugent ses unes insultantes et de mauvais goût, l’hebdo publie le même jour deux version de son numéro. A côté de sa une normale, il propose à la vente une édition entièrement vierge, avec juste les titres et les signatures. Le message : la liberté totale ou rien. La liberté d’expression ne peut se nuancer, ni souffrir d’exception.
Sauf que le 15 juillet 2008, le Charlie Hebdo avait licencié le dessinateur Siné pour avoir plaisanté sur le fait que le fils de Nicolas Sarkozy s’était converti au judaïsme pour épouser une héritière « Il ira loin ce petit… » . Un humour jugé offensant pour le chef de l’Etat et… antisémite !
Un droit à la liberté très sélectif donc. Il faut dire que Philippe Val , en reprenant la direction du journal, lui imprime une direction droitière très éloignée du Charlie originel, héritier de l’Hara-Kiri du Pr Choron, qui fut interdit à la vente après une Une consacrée à la mort du Général de Gaulle. Les musulmans, bêtes noires de Sarkozy, devient alors l’une des cibles préférées de Philippe Val. Un zèle que le Président de la république récompensera en le plaçant à la tête de France Inter, où il poursuivra sa mission de nettoyage en licenciant les humoristes vedettes de la radio, Stéphane Guillon et Didier Porte , trop caustiques à l’égard de son ami.
Charlie Hebdo sera finalement condamné pour licenciement abusif et devra verser à Siné 90 000 euros de dommages et intérêts. Suite aux attentats, le journal, alors proche de la faillite, recevra 12 millions d’euros de recettes et de dons, qui feront d’ailleurs l’objet d’un dépôt de plainte pour détournement de fonds par des familles de victimes.
Les musulmans face à l’humiliation
Le procès des accusés de l’attentat de janvier 2015 aurait pu être, pour Charlie Hebdo, une formidable occasion de favoriser un recueillement collectif et contribuer à une union sacrée contre l’extrémisme. Au lieu de cela, le journal préfère publier à nouveau les humiliantes caricatures.
La réaction des musulmans français reste pourtant parfaitement dignes. Outre la déclaration de Tareq Oubrou, Hafiz Chems Eddine , le recteur de la mosquée de Paris, souhaite malgré tout «Que Charlie Hebdo continue d’écrire, de dessiner, d’user de son art et surtout de vivre» . Mohammed Moussaoui , président du Conseil français du culte musulman, constate : « Les caricatures, nous avons appris à les ignorer et nous appelons à garder cette attitude en toute circonstance » . Ces réactions reflètent l’attitude globale des musulmans mais pas leur réel sentiment d’être perpetuellement l’objet de calomnies et d’agressions, pas seulement verbales, mais aussi physiques, comme en témoignent les incendies dont viennent d’être victimes des mosquées de la région de Lyon.
Le secrétaire général de la Ligue Islamique Mondiale, Mohammad Al-Issa , trouve les mots justes pour exprimer à la fois le ressentiment et la sagesse des musulmans français (lire l’intégralité de son intervention) :
« On ne peut reprocher aux lecteurs musulmans de cette publication d’y voir une nouvelle humiliation […] Ignorons-les (ces journaux, NDLR), car ils n’existent que par l’importance que nous leur donnons. […]Au mensonge, à la calomnie, à la propagande, à la volonté de nous discréditer à l’égard de l’opinion publique, nous répondrons par la sagesse, la raison, et une indéfectible bienveillance. »
Les politiques prennent le relais
30 ans après l’affaire des jeunes voilées de Creil, le procès Charlie Hebdo tombe à pic pour des politiciens empêtrés dans la question des retraites, des élections municipales catastrophiques, les violences policières, et une crise sanitaire, humaine et économique dont ils ne savent comment se sortir. Alors, une fois de plus, la vieille tradition française du bouc émissaire, fondée sur le procès d’intention, refait surface. Le ministre de l’intérieur préfère brandir le spectre de « l’islam politique » le président de la République celui du fantasme du « séparatisme » , comme si les musulmans devaient à ses yeux rester une population exogène. « Nous ne voulons plus un euro d’argent public aux associations qui sont les ennemies de la République » clame Marlène Schiappa , suivie par Gabriel Attal , porte-parole du gouvernement, qui renchérit en répandant le venin du soupçon sur les associations musulmanes chargées de soutien scolaire « Aujourd’hui, l’Etat n’a aucune, ou très peu de possibilités de contrôler ce qui s’y passe, ce qui s’y dit. Vous avez pourtant parfois du lavage de cerveau qui se fait sur des enfants ou des familles ».
Où est le candidat à la présidence de la République qui disait, dans son livre « Révolution » (1) « Comment peut-on demander à nos concitoyens de croire en la République si certains se servent de l’un de nos principes fondateurs, la laïcité, pour leur dire qu’ils n’y ont pas leur place ? »
Accréditer la folle thèse du complot musulman, « Je suis partout » ne faisait pas autre chose lorsqu’il s’en prenait au culte israélite. Peut-être nos politiques seraient-ils avisés de chercher ailleurs leurs sources d’inspiration.
On ressort également le vieux refrain du « Droit au blasphème » comme si ce mot avait un sens dans notre pays laïc, et comme si cela avait un sens pour les musulmans eux-mêmes.
Enfin, face aux souhaits exprimés par mouvements anti-racistes à la suite de l’affaire George Floyd , de ne plus voir nos avenues baptisées au nom de ceux qui ont opprimé, torturé, assassiné. Le président français demande, de façon contradictoire, la mémoire et l’oubli. « la République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire. Elle n’oubliera aucune de ses œuvres. Elle ne déboulonnera pas de statues… on ne choisit pas une part de France, on choisit la France, toute la France ! »
Mais que demandent les victimes de la colonisation et de l’esclavage, sinon qu’on se rappelle des pages noires de notre Histoire ? Que fit Willy Brandt , sinon rendre à l’Allemagne sa dignité en se recueillant devant les victimes de la barbarie nazie ? Accepterait-on qu’en France on statufie Pétain ou Laval, qui, pourtant, appartiennent aussi à l’Histoire de France ? Alors, pourquoi devrait-on continuer d’honorer des personnages comme le Maréchal Bugeaud , et oublier que celui-ci a imaginé les chambres à gaz en asphyxiant par le feu des femmes et des enfants, inventé la politique de la terre brûlée « Le but n’est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d’empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, […] de jouir de leurs champs […]. Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes […], ou bien exterminez-les jusqu’au dernier. […] Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas ! Fumez-les à outrance comme des renards. » Et lorsqu’Eric Zemmour affirme, sans rire « Quand le général Bugeaud arrive en Algérie, il commence par massacrer les musulmans, et même certains juifs. Et bien moi, je suis aujourd’hui du côté du général Bugeaud. C’est ça être Français » , on se dit que, véritablement, les musulmans français devront s’armer de patience. C’est ce qu’il font, et c’est tout à leur honneur.
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Révolution – Emmanuel Macron – XO Éditions 2016
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Après l’arrêt du Conseil d’État validant l’expulsion de Hassan Iquioussen, Macron et ses ministres envisagent une longue série d’expulsions d’imams et de responsables d’associations musulmanes.
« L’arrêt du Conseil d’État qui permet de dire que quelqu’un qui a des enfants, qui est marié en France, qui est né en France, peut quand même, 58 ans après, être expulsé, ça permettra d’évoquer d’autres cas ». Après l’arrêt du Conseil d’État concernant Hassan Iquioussen n’est que la première étape d’une longue étape d’expulsions.
Si Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, est en première ligne dans la lutte, au nom de la loi séparatismes, contre les associations musulmanes, les éditeurs ou les imams, c’est bel et bien Emmanuel Macron qui semble être à la manœuvre.
Selon Mediapart, dans un article publié ce samedi 3 septembre 2022, assure que le ministre de l’Intérieur a déjà « compilé des noms de religieux à ‘exclure’ ». Et le journal de sortir quelques noms de responsables musulmans sur la sellette.
Une liste d’une centaine d’« ennemis de la République »
Et Darmanin ne s’en cache pas : devant les membres de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), il a indiqué qu’il y avait « d’autres imams Iquioussen », dont selon lui des « ennemis de la République » qui mériteraient de quitter le territoire. Parmi les personnes concernées, on dénombre avant tout des « prédicateurs », mais aussi des « présidents ou agitateurs d’associations ». Une liste plutôt fournie, puisqu’elle compterait « une centaine de personnes ».
Après Idriss Sihamedi, de BarakaCity, et le CCIF , entre autres organisations qui empêchaient le gouvernement français de dormir, l’imam Iquioussen a donc été au centre d’une longue bataille juridique. Qui sera le prochain ? D’après Mediapart, dans la ligne de mire du ministère de l’Intérieur : Musulmans de France, l’ex-Union des organisations islamiques de France (UOIF).
Assez ironique lorsque l’on sait que l’UOIF, à l’époque, travaillait main dans la main avec le gouvernement français au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM), que Macron et ses ministres ont tout fait pour discréditer ces dernières années.
Les anciens alliés du gouvernement sur la sellette
Au sein de Musulmans de France, c’est le cas de l’imam Ahmed Jaballah qui fera polémique dans les semaines à venir. Le responsable religieux est l’ancien président de l’UOIF. Ce Tunisien réside en France depuis un près de quatre décennies et attend le renouvellement de sa carte de résident depuis trois ans. Autant dire que le pouvoir en place prépare depuis bien longtemps sa demande d’expulsion.
Il suffit d’ailleurs de se renseigner quant à la liste des imams en attente de titres de séjour pour connaître les futures demandes d’expulsion. Mediapart assure que le responsable de la mosquée de Pessac, Abdourahmane Ridouane, est lui aussi concerné. Le ministre de l’Intérieur tente d’ailleurs de faire fermer sa mosquée.
La « liste » de Gérald Darmanin et d’Emmanuel Macron sonne le glas pour de nombreux responsables musulmans, dont certains ont, pendant des années, privilégié leurs relations avec l’État plutôt qu’avec la communauté musulmane. De quoi provoquer la colère des musulmans. Samedi, ils étaient nombreux à s’opposer à l’autorisation d’expulser l’imam Iquioussen. Non pas pour protéger à tout prix l’imam, mais parce qu’ils savent que cela n’est que le début d’une longue série d’expulsions, qui feront entrer la France dans des heures sombres.
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Publié le 24/11/2021
Thibault de Montbrial. Fabien Clairefond
TRIBUNE – Le recteur de la Grande Mosquée de Paris a annoncé la création d’un centre de formation d’imams concurrent de celui du Conseil français du culte musulman (CFCM). L’avocat à la Cour exprime son inquiétude quant au contenu de cette formation.
Thibault de Montbrial est président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure. Dernier ouvrage paru: «Osons l’autorité» (Éditions de l’Observatoire, 2020).
La lutte contre l’islamisme constitue un des enjeux vitaux de ces prochaines années pour la sécurité intérieure de la France.
Une cinquantaine d’attentats, près de trois cents morts et des milliers de blessés en six ans ont conduit l’État à de constantes adaptations légales et structurelles dans la lutte antiterroriste. Mais si la violence terroriste est un des moyens d’action politique au service de l’idéologie islamiste, il en existe d’autres, moins spectaculaires mais tout aussi dangereux.
Parmi les quelque 10 % de musulmans que compte la population française, l’islamisme constitue une tentation manifeste, en particulier chez les jeunes. Parmi ceux-ci, plusieurs études montrent la prévalence de la charia sur les lois de la République (57 % pour les moins de 25 ans, selon le sondage Ifop de novembre 2020).
L’État a enfin commencé à réagir, avec la loi du 24 août 2021 «sur la défense des principes républicains» et la dissolution des associations islamistes Baraka City et CCIF . Mais pour indispensables qu’elles aient été, ces actions sont loin d’être suffisantes. L’Europe en général et la France en particulier font l’objet d’un entrisme incessant, à bas bruit, sous l’impulsion de structures proches des Frères musulmans largement financées depuis l’étranger.
À la manœuvre se trouvent des États comme le Qatar et la Turquie, cette dernière par le biais de la Diyanet, bureau ministériel des cultes dont le budget, supérieur au milliard d’euros, est deux fois plus important que celui du ministère turc des Affaires étrangères. Ces États financent un important réseau, notamment associatif, en Europe et bien sûr en France.
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui dit pourtant régulièrement son intransigeance quant au respect des valeurs républicaines, s’est allié pour ce faire avec Musulmans de France (ex-UOIF), qui est considéré comme la branche française des Frères musulmans
Du côté des institutions européennes, la naïveté confine à l’aveuglement. Ainsi, la récente campagne sidérante «Mon voile, ma liberté» du Conseil de l’Europe se livre-t-elle, au nom de l’objectif louable de la lutte contre les discriminations, à la promotion d’un vêtement dont la tradition religieuse rigoriste auquel il renvoie paraît pour le moins éloignée des valeurs fondamentales telles que l’égalité entre les sexes et la conception européenne de la place des femmes dans la société. Autour de cette communication scandaleuse flotte l’influence de la Femyso (Forum of European Muslim Youth and Student Organisations). Cette association dédiée aux jeunes musulmans européens est rattachée à la FIOE (Federation of Islamic Organizations in Europe), sorte de maison mère des Frères musulmans sur notre continent. Le soutien ostensible affiché par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne à la Femyso apparaît donc aussi incompréhensible que préoccupant.
À VOIR AUSSI – Charte des imams: vers un islam républicain? (19/01/2021)
Le contrôle de l’enseignement de l’islam constitue un vecteur prépondérant de la stratégie frériste. Dans cette logique, la confrérie cherche naturellement à peser sur le sujet crucial de la formation des imams. Une nouvelle illustration en a été faite ces derniers jours en France. En effet, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a annoncé la création d’un Conseil national des imams (CNI) dissident de celui annoncé pour décembre prochain par le Conseil français du culte musulman (CFCM). Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui dit pourtant régulièrement son intransigeance quant au respect des valeurs républicaines, s’est allié pour ce faire avec Musulmans de France (ex-UOIF), qui est considéré comme la branche française des Frères musulmans. Plus troublant encore, il était, le 19 novembre dernier, en visite à l’Institut européen des sciences humaines (IESH), un fief frériste installé à Château-Chinon. Là, il a rencontré Amar Lasfar, ancien président de l’UOIF dont l’engagement pour la «cause» est sans équivoque. Chems-Eddine Hafiz a confirmé, le 21 novembre sur CNews, que cette visite avait notamment pour objet d’organiser la formation des futurs imams.
Ainsi, en France, sous les yeux du ministère de l’Intérieur, la formation des imams par les Frères musulmans continue à se mettre en place. Or, depuis leur création, en 1928, en Égypte, par Hassan el-Banna (grand-père de Tariq Ramadan), l’objectif des Frères musulmans consiste à étendre l’influence islamiste dans le monde. L’Europe (en particulier la France et l’Allemagne) fait aujourd’hui l’objet de la concentration des efforts fréristes à cette fin. Le court-métrage édifiant Quel islam pour l’Europe? Les institutions de formation des Frères musulmans , récemment diffusé au Festival du film de Carthagène, détaille la mise en œuvre de cette stratégie, et le rôle clé qu’y jouent les quatre établissements ouverts par l’Institut européen des sciences humaines en France à ce jour.
Il faut rappeler que la matrice idéologique des Frères musulmans intègre la dissimulation de sa radicalité conquérante par la prétendue adhésion aux lois locales (en l’espèce, celles de notre démocratie) dans le but d’atteindre des positions d’influences au cœur de la société (au sein des syndicats, des médias, des partis politiques…). Assorti à la prise en main de l’éducation politico-religieuse de la jeunesse musulmane, on voit bien ce que ce mélange peut vite avoir de détonant pour la cohésion d’une société française déjà très fracturée, où déni et accommodements prévalent encore très largement sur ces réalités.
L’islamisme est un poison mortel. Lui laisser les clés de l’éducation des imams en France aurait des conséquences terribles pour la sécurité intérieure de notre nation.
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