Si cette menace contre l’Occident qu’est le terrorisme global est presque sous contrôle, le terrorisme local, lui, n’est pas anéanti.

Qui parmi nous n’est pas interpellé par l’islamisme radical? Aussi si le terrorisme a été endigué, il n’a pas disparu, nous dit, en substance, le politologue, écrivain et professeur à l’Université Mohammed V-Rabat, Hassan Aourid, lors de la conférence-débat organisée, le vendredi 1er juillet 2022, au siège de la Faculté de Droit de Casablanca, par la fondation universitaire Links. Cette affirmation est arrivée en conclusion de toute une présentation pédagogique de son ouvrage «L’hydre de l’islamisme radical», devant un parterre non seulement d’étudiants et d’universitaires mais aussi de journalistes et de citoyens de la société civile. Les contradicteurs de Hassan Aourid n’étaient autres que feu Abdallah Charif Ouazzani, islamologue et écrivain, et Mustapha Sehimi, professeur de Droit à l’Université Mohammed V-Rabat. La conférence-débat a été animée par Aziz Boucetta, journaliste et chroniqueur.

Islamisation de la radicalité
Pour l’Occident et plus particulièrement les Etats-Unis d’Amérique, le terrorisme global est terminé. Il n’y aura plus de 11 septembre, ni de Charlie Hebdo . Il n’y aura que des loups, solitaires, isolés, car le terrorisme, le radicalisme, est mutant. Certes, si cette menace contre l’Occident qu’est le terrorisme global est presque sous contrôle, le terrorisme local, lui, n’est pas anéanti, dit-il. Pour arriver à cette conclusion, Hassan Aourid n’a pas opté pour une approche du temps court, celle des sécuritaires, ni pour une approche du temps moyen, celle des politiques (qui mettent l’accent sur la précarité sociale et politique comme causes prédisposant à la violence) mais pour une démarche du temps long qui lui a permis de travailler sur le champ de l’imaginaire.

S’inscrivant contre toute approche essentialiste (l’Islam violent), il opte pour l’islamisation de la radicalité à la Olivier Roy. Pour l’auteur la violence n’est pas «made in Islam». C’est pour cela qu’il n’hésite pas à faire monter les prémices de l’islamisme radical au lendemain de la première guerre mondiale avec le mouvement des Frères Musulmans. La défaite arabe de 1967 va lui donner un nouvel élan, mais c’est la révolution iranienne de 1979 qui va lui conférer un référentiel idéologique, une propension messianique et un modus operandi. Le 11 septembre est sans conteste le point d’orgue, nous dit Hassan Aourid, de cette radicalité, mais il n’est pas sans lien avec d’autres chaînons, autant idéologiques que factuels qui l’ont précédé.