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« Un outil de prosélytisme au service d’un islam qui serait politique », « la manifestation d’une forme de communautarisme ou de séparatisme » ou « un non-sujet ? »
Alors que le voile est objet de trop de polémiques en France, Emmanuel Macron a été invité à s’exprimer sur le sujet après son discours sur « le séparatisme islamiste ». Rédigé par Myriam Attaf|
Le discours d’Emmanuel Macron axé sur la lutte contre « le séparatisme islamiste », vendredi 2 octobre aux Mureaux, a ouvert la voie, lors de la conférence de presse, à diverses questions agitant la société française, parmi lesquels le port du voile à l’aune de récentes polémiques.
A la question de savoir s’il pense le voile comme « un outil de prosélytisme au service d’un islam qui serait politique », « la manifestation d’une forme de communautarisme ou de séparatisme » ou « un non-sujet », le président a souhaité apporter une réponse nuancée mais ferme. « Les trois à la fois, mais cela dépend d’où vous parlez et c’est tout le problème », a-t-il répondu.
A l’école pour les salariés des services publics, il a de nouveau invoqué le principe de « neutralité religieuse ». « Si je m’en réfère à nos textes de principes, on applique la laïcité, la neutralité des services publics. Pour nos enfants et nos élèves, pas de voile et c’est extrêmement important parce que le principe de l’école est de forger des consciences libres », a-il-rappelé.
Un devoir de devoir de neutralité ne s’appliquait pas en dehors de l’école hormis pour les employés du service public et les salariés des entreprises délégataires : « Quand on quitte l’école, dans la vie, on peut porter des signes religieux quelle que soit sa religion parce que la laïcité ne veut pas dire que la société doit effacer toute trace de la religion. (…) La laïcité est simplement un principe de séparation et de liberté. Je tiens à ce distinguo. »
Il explique les mauvais tours que prennent le débat sur le voile par l’existence d’une « insécurité culturelle » en France. « Il y a une insécurité culturelle dans notre pays et tout s’amalgame dans la tête des gens. Quand on ne règle pas le problème de l’islam radical, quand des choses inacceptables s’installent, toutes manifestation de d’une religion au nom de laquelle certains font le pire devient insupportable pour certains de nos concitoyens. (…) Et c’est là le piège, c’est ça qu’il nous faut collectivement déconstruire », a fait part Emmanuel Macron, appelant à la vigilance de chacun de ne tomber dans les amalgames.
En légiférant à tout-va, le risque de l’injustice soulevée
Le président a, par ailleurs, rappelé que la question du voile ne renvoyait pas à une réalité homogène : « Il y a le point vue de celles qui portent le voile dans la société et j’en distinguerai deux. Il m’est impossible de les séparer au premier regard,. Ces deux regards existent et il faut les déconstruire. »
Selon le président, « il y a la femme libre qui est citoyenne pleinement et qui décide de porter le voile librement parce que c’est sa culture et qu’elle considère que ce n’est pas seulement religieux. Qui suis-je pour lui dire qu’elle n’a pas les mêmes droits qu’une autre citoyenne ? Si je fais ça, je commet une faute », assure-t-il. « Si je fais ça, je la renvoie à une identité que je ne reconnais pas dans un espace où cette identité peut s’exprimer si elle l’a librement choisi et qu’elle respecte les lois de la République. »
En opposition à cette femme, Emmanuel Macron a mentionné le cas de celle qui porte le voile « par référence à une conviction, à un projet politique, à une volonté revendiquée de déstabiliser, de provoquer ». « Je ne peux pas m’attaquer à cela par une loi qui toucherait les deux parce que ce serait injuste. (…) La femme qui choisit la seconde option, il ne faut pas l’attraper par le voile si je puis dire (…) mais essayer de la récupérer par tout le reste et lui interdire ce qui manifestement n’est pas compatible avec nos règles », affirme-t-il.
Pour lui, il faut faire « un travail de conviction » pour « porter la République de l’espoir ». Aux femmes qui portent le voile : « Est-ce que tu considères que tu es une citoyenne libre avec cela ? Est-ce que ton projet est vraiment un projet de République et est-ce qu’il est le mieux pour nous tous ? Moi, je ne le crois pas » tranche-t-il néanmoins, défendant pour terminer le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer face « à des caricatures qui ne correspondent ni à sa pensée ni à ses exigences ».
Celui-ci, favorable à l’interdiction du voile pour les mères qui accompagnent les sorties scolaires, avait déclaré en octobre 2019 que « le voile n’est pas souhaitable dans notre société » après une énième polémique sur le sujet.Sur le sujet, c’est un Macron fidèle au « en même temps » qui s’est dévoilé.