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Publié le 28/09/2022 • Par Laure Martin • dans : A la Une santé social , Actu expert santé social , France
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La Haute Autorité de santé (HAS) a publié en septembre des préconisations afin de réduire le nombre de suicides et tentatives de suicides au sein des établissements médico-sociaux et sanitaires. Des mesures préventives sont à instaurer.
Le processus suicidaire est parfois considéré comme énigmatique, imprévisible, inéluctable au point de ne pas être inscrit dans la prévention, alors même qu’il est classé de façon universelle dans les morts évitables ou du moins partiellement.
Par ailleurs, le suicide occupe une position particulière parmi les Événements indésirables graves associés aux soins (EIGS) pouvant survenir lors de la prise en charge d’un patient car il génère souvent un sentiment d’échec et de culpabilité chez les professionnels de santé et incite parfois à une remise en question professionnelle et institutionnelle.
Face à ces constats et après l’analyse de 795 cas déclarés de suicides et tentatives de suicide de patients dans le cadre du dispositif de déclaration des EIGS (mars 2017-juin 2021), la HAS en a identifié les circonstances et les causes, à la fois générales et propres à certaines catégories de la population et partage des recommandations, notamment pour les personnes âgées.
Des caractéristiques propres aux personnes âgées
D’après les données de l’Observatoire national des personnes âgées, un suicide sur trois concerne une personne âgée, majoritairement des personnes de 75 ans ou plus.
« Dans cette tranche d’âge, la mort par suicide a plus de chances d’être imputée, à tort, à une cause naturelle ou accidentelle (erreurs dans la prise de traitement, chutes par exemple) », met-il en garde. Des caractéristiques spécifiques aux personnes d’âge avancé ont été mises en évidence telles que des crises suicidaires plus insidieuses que chez les sujets plus jeunes ; un effet masquant des affections somatiques qui prennent le devant de la scène conduisant à moins explorer d’autres causes au mal-être ; une détermination importante ; des tentatives plus planifiées ; une moindre résistance physique ; et un recours à des moyens plus létaux.
En plus des facteurs de risque de suicide communs aux autres âges de la vie, d’autres sont spécifiques aux personnes âgées tels que les expériences de deuil, de perte, de séparation et de solitude ou encore les symptômes physiques continus tels que les maladies en phase terminale, les maladies physiques aiguës et les douleurs chroniques.
Des périodes à risque ont également été identifiées, dont le mois qui précède l’entrée dans un Ehpad et le mois suivant l’admission.
Des mesures à mettre en place
Pour agir, la HAS préconise d’abord de travailler sur les idées reçues, qui peuvent constituer un frein à la mise en place de politique préventives. Parmi elles, le fait de penser que les personnes parlant du suicide ne vont pas passer à l’acte et inversement, que le suicide est un acte de liberté à respecter, notamment pour les sujets d’âge avancé ou encore que de poser des questions sur le suicide peut l’inciter.
Par ailleurs, elle recommande de mettre en place des mesures concernant la sécurisation de l’environnement (locaux et matériel). Certes la limitation de l’accès aux moyens ne réduit pas la souffrance du patient mais elle lui indique qu’il est dans un lieu où la protection est une valeur concrète. D’autant plus que la crise suicidaire est souvent temporaire. A titre d’exemple, les mesures de prévention de la pendaison et de la strangulation – premier moyen utilisé en population générale – doivent porter sur les points de fixation (porte-manteaux, potences, poignées de porte et de fenêtres, entrées de serrure, montants de lit, robinets) ou les objets pouvant servir de lien (vêtement, ceinture, lacets, drap, cordon électrique, cordon de sonnette, tuyau de douche).
Il faut aussi envisager la prévention de la chute d’un lieu élevé, deuxième moyen utilisé, en limitant l’accès aux terrasses, aux escaliers de secours, aux balcons ou encore aux fenêtres qui peuvent être ouvertes ou brisées. De fait, la conception d’unités de soins situées en rez-de-chaussée pour les patients suicidaires ou suicidants est recommandée.
Autre recommandation : élaborer un plan personnalisé de sécurité, tenant compte de la mise en sécurité de la personne quant à l’accès aux moyens de suicide et visant à préparer le parcours du patient dans les heures et jours qui viennent. Cette anticipation porte sur les souffrances que pourrait éprouver le patient et vise à développer les stratégies pour faire face aux difficultés et à l’aggravation de la crise suicidaire.
Enfin, un point d’attention doit être porté sur l’organisation des soins et du service avec notamment l’évaluation du risque suicidaire ou la surcharge de travail ou encore l’isolement du patient.