Vues:
322
LAÏCITE
La laïcité devient là, maintenant, un organe de gestion du rapport à l’autre avec le concept évident à la base : la démocratie, l’égalité des rapports entre toutes les religions.
Tout en prenant connaissance des travaux des spécialistes, il n’est pas dans nos prétentions de faire œuvre d’universitaire et si sont abordés des questions auxquelles s’intéressent le sociologue, le politologue, c’est avec le point de vue, ici, du travailleur social.
En ce qui concerne l’attitude des Chrétien à l’égard de l’islam, le pas dans cette direction qui a été de loin le plus important a été fait par l’église catholique romaine. Le Deuxième Concile du Vatican réuni par le Pape Jean XXIII, le précédent Souverain Pontife, a donné lieu à une déclaration sur les rapports de l’Eglise vis à vis de l’Islam. Cette déclaration témoigne d’un remarquable changement d’attitude
Un vigoureux courant de pensée libéral et critique en islam ont retrouvé les racines rationalistes de la pensée islamique de l’âge d’or des XIe et XIIe siècles, le mouvement de renaissance culturelle arabe débute après l’expédition de Bonaparte en Egypte et se poursuit au XXe siècle, dans la complicité intellectuelle avec la philosophie des Lumières.
L’Islam paria du monothéisme.
L’Occident, qui domine la fabrication des images dans le monde, choisit bien celles qui légitime sa vision : l’islam temporel et spirituel confondu, irrationnel, irréductible, violent ! Les intellectuels ayant travaillé sur le Coran et la prophétique musulmane, sont écartés, ils n’ont pas les honneurs académiques en Occident.
Les analyses dominantes de l’islam, académiques ou médiatiques, du dernier demi-siècle se sont focalisées sur les mouvements fondamentalistes islamiques en dehors de tout contexte géopolitique et on ignoré
Un faisceau complexe de facteurs a concouru à une instrumentalisation exceptionnelle du fondamentalisme islamique, dans toutes les sociétés où existent des musulmans.
Aussitôt, l’Islam se révèle comme profondément inconcevable puisqu’il est le produit d’une trajectoire, épique et prosaïque, qui lui fait connaître la grandeur de Bagdad, Cordoue, Grenade.
Si dans les chroniques musulmanes l’affrontement en 732 à Poitiers, aux troupes de Charles Martel, n’a laissé presque aucun vestige, du côté chrétien elles sont devenues l’une des bases de la mythologie nationale. L’image obsessionnelle du sarrasin, ainsi nommait-on les musulmans, violeur de la patrie, comme nous le montre le cycle de Guillaume d’Orange.
Qu’ils viennent d’Occidentaux ou d’Orientaux, les discours symétriques du dénigrement ne font guère progresser la connaissance et la rationalité. Nous sommes le monde de la spiritualité et de la toute puissance de la croyance en Dieu.
Le terrorisme n’est pas le fruit d’une imagination fertile.[1] Il a frappé les Etats Unis le 11 septembre 2001 comme aucune puissance étrangère n’a jamais pu le faire. C’est un ennemi sans visage, sans armée, sans patrie, sans géographie. Sa force se nourrie du sentiment d’injustice perpétré contre le monde arabe : il est probable que la présence des soldats américains installés en Afghanistan et en Iraq n’exacerbe encore plus les passions. D’autres pays, visés en tant qu’Etat-voyous, affûtent leurs haines, alimentent ainsi d’une autre façon ce terrorisme.[2] “S’ils agissent ainsi, c’est parce qu’ils se sentent méprisés, diront nombre d’entre-eux. Ils poursuivent : Avec l’amalgame et la force des préjugés, même les sages sont des suspects potentiels, ils ont le tord d’exister musulmans”.
Dès que s’esquisse un débat dit de société, les plateaux de télévision s’ouvrent largement aux extrémistes, jusqu’aux-boutistes religieux, les points de vue modérés, cartésiens, rationalistes, sont souvent ignorés.
On a pu justifier, sur la base coranique, une justification de la lapidation des femmes adultères, ce qui devient une appréhension scandaleuse, moyenâgeuse, intolérable pour les pratiquants modérés musulmans. Toutes les églises, et c’est une bonne chose, ont des tribunes médiatiques, et leurs représentants sont reçus à l’Elysée ou à Matignon après chaque événement [3]: Le rationalisme en revanche ou, simplement, la libre-pensée n’ont officiellement droit à aucune représentation, à aucune reconnaissance, à aucune tribune.
Ce F.I.S. obtiendrait-il le pouvoir qu’il établirait aussitôt la “charia” et éliminerait de la vie civile les non-musulmans, les bourgeois, la femme n’aurait aucun rôle sinon dans le “privé”, dans l’enclos de l’intimité de la maison. Plus récente, au Maroc, une manifestation au printemps 2000, couvre Casablanca de tchadors et de hijabs. Le concours de Miss Maroc se déroule à huis clos.
La mise en place des filets de protection devient néanmoins essentielle. Par exemple des structures de formation sur la laïcité, reprise des cours de morale, des tribunes sur les Droits de l’Homme etc. Lorsque certaines pratiques culturelles et règles juridiques attachées aux personnes sont en contradiction avec nos propres systèmes de références, le modèle d’intégration se décompose, qui permet à notre société de s’enrichir des apports extérieurs.[4]
Fini le temps des laïcards et des fraisards, pour un respect mutuel, et bientôt un immense espoir pour tous les musulmans en France et en Europe.
En retour, fût-ce insensiblement, chacun y perd des plumes et devient autre.
Des discussions sont suscitées par l’application de la législation laïque, concernant le port de signes extérieurs d’appartenance religieuse, du régime des autorisations d’absence pour motif religieux.
Le concept de la laïcité nécessite l’analyse et la discussion sur la liberté religieuse qui doit être élargie sous l’éclairage de l’émergence de nouveaux cultes. N’ayant pas de mosquée à défendre pour la plupart, forts du C.F.C.M., ils veulent aussi légiférer et entamer des justifications théologiques sur le voile, la monogamie etc., en rapport avec la laïcité de l’Etat.
de même que l’interdiction faite aux croyances de franchir les limites des lieux où la République a fait son choix de former des consciences citoyennes
La laïcité s’impose lorsque les courants religieux minoritaires se retrouvent, dans un même pays.
La laïcité devenue une valeur unique doit être respectée par chacun. Elle doit être expliquée, enseignée, c’est la tache dans les écoles, les universités, celle des structures de l’information en général. L’école est le lieu idéal pour faire sentir aux citoyens combien il y a certaines règles de convivialité qui sont indispensables à cette cohabitation. D’autant que les enfants sont spontanément portés à la tolérance et à l’acceptation de l’autre que les adultes.
A côté de l’enseignement des institutions de la République et de la démocratie, les cours d’éducation civique, d’histoire et de philosophie et même de littérature, se doivent de présenter aux élèves les qualités et les conditions de la laïcité qui en forme le cadre. L’école est un lien idéal pour faire comprendre que la tolérance n’est pas laissée chacun à faire n’importe quoi, et qu’il ne faut pas confondre la liberté d’opinion avec la liberté d’agresser autrui, le dialogue avec le prosélytisme ou la libre expression avec la provocation. L’école laïque doit “apprendre” l’intégration.
L’exemple le plus cité, à cet égard, est celui de la commune de Mantes La Jolie qui dispose de l’une des rares grandes mosquées de France. De mettre en place des conditions matérielles d’abattage qui satisfont à la fois aux règles de l’hygiène publique et aux prescriptions religieuses Les besoins d’abattage sont considérables et faute de dispositif permanent pour y faire face, des solutions de fortune doivent être imaginées chaque année.
L’affaire du voile islamique dans les lycées concerne quelques jeunes filles sur des milliers. Sont-elles représentatives de l’ensemble de la communauté musulmane ? Les médias en avaient fait une affaire nationale. La liberté religieuse existe mais, dans les faits, les modalités de son exercice et d’une manière générale, la place d’une nouvelle religion font l’objet d’une négociation.
Mais quand les religions postulent l’inégalité des sexes, quand elles s’affichent publiquement dans tous les actes de la vie publique et quand elles ne tolèrent pas les autres, un sentiment d’injustice s’installe. La République a été laïque quand elle a été tolérante, non quand elle a été antireligieuse.
Ce moment de l’histoire occidentale est décisif, l’expérience semble prouver qu’il n’est de véritable liberté de pensée et d’action qu’hors de la sphère religieuse.
Des musulmans, ceux (tabligh, Salafistes), qu’on entend, qui sont les plus visibles, dans les médias et la rue, s’opposent à l’incroyance et reviennent à la pure voie du Coran. Une façon peut-être aussi des laïcs de montrer que la conception du monde, dominée par l’idée d’une divinité, n’est pas la seule possible et qu’il existe d’autres tout aussi cohérentes.
Dès qu’une notion est connotée idéologiquement et peut, de ce fait, donner lieu à des polémiques, les solutions qui sont dégagées ont des risques de recueillir une adhésion avec des appréciations partisanes. C’est le cas actuellement du “foulard islamique”
Si le conflit des “laïcards” et des “calotins” est loin de nous, certains n’hésitent pas à opposer les anciens aux modernes. C’est un fait notoire de l’Islam aujourd’hui au contact de l’Occident. La conception catholique, à un moment opposé avec la conception libérale, chacune avait beau jeu de dénoncer les impuissances, les inconséquences et les inconsciences de l’autre, ses contradictions et ses motivations.
La critique catholique, et aujourd’hui islamique, s’est ainsi exercée sur le registre de la prédiction, annonçant les catastrophes en chaîne promise à l’humanité. L’histoire est suffisamment prodigue de fléaux pour que chacun y trouve la justification de ses pires appréhensions. les parties, tous les protagonistes
Aujourd’hui, pour beaucoup en Occident, il est le signe de l’asservissement de la femme à l’homme. Et si tout un contingent de Mollahs afghans aussi archaïques se retrouve en France, participerait-il au débat sur le concept de laïcité ? Parfois des cauchemars sont pénibles. Ces mentalités flanquées d’un tel monstrueux dogme sont-t-ils faciles à assumer ? Aux premiers siècles après l’Hégire, la théologie musulmane était particulièrement brillante, comme l’illustrait Avicenne.
On ne peut imaginer à quel point est désavantagée une société qui persiste à se priver du savoir faire des femmes dans le domaine public. La civilisation occidentale donne à la femme sa place, se questionne au quotidien sur la justice et l’égalité qui sont ses droits, ainsi que son insertion complète dans la vie publique, facteur de modernité. Tout cela accentue le contraste avec la situation de certaine femme en islam, et braque les feux sur sa situation dépréciée, sur les injustices dont elle est l’objet. Dans une certaine forme de la société traditionnelle en islam, la femme ne joue aucun rôle sinon dans le “privé”, les rapports avec l’homme sont enclos dans l’intimité de la maison, “enfermée” dans le gynécée. En France, dans cette culture propre à l’occident, on contemple un spectacle ou la musulmane intervient dans la vie publique.
Encore d’actualité, au congrès de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) le Ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, qui a porté dans ses bras le CFCM, se voit siffler, sur un problème que chacun voit à sa façon. De nombreux Français, musulmans ou pas, pensent que la République a été piégée.
Hassan el Banna, crée les Frères Musulmans en Egypte en 1927. Ces réfugiés, demandeurs d’asile, migrants ne sont pas tous et seulement les indésirables “profiteurs” que certains imaginent, individus anonymes et menaçants venant gonfler des chiffres déjà importants d’immigrés légaux et clandestins.
Même les plus archaïques montrés du doigt en Afghanistan, ayant suscités le tollé, sont accueillis en France, en Europe.
il faut mobiliser des organisations, telles le Haut Conseil à l’Intégration, pour nous éclairer sur ce “droit d’asile”. Ces musulmans archaïques se sont fait détester par les humanistes de la terre entière, par amalgame, il porte un grand préjudice aux musulmans.
L’éthique veut que toutes les populations, pas seulement en droit mais en fait, dès lors qu’elles vivent en France, induisent leurs caractéristiques sur le sens profond qui est, et sera donné à la laïcité.
La France a été confrontée aux conséquences de l’appel à la main d’œuvre nord-africaine des années 60-70.
La laïcité est tout un enseignement. La démocratie n’est pas un moyen d’arriver au pouvoir. Il est un moyen d’exercer le pouvoir de façon telle que, tout parti qui l’exerce, puisse le prendre, après avoir bénéficié de la majorité absolue. Un parti quel qu’il soit politique ou autre qui l’exerce peut toujours se voir remplacer par le parti d’une autre responsabilité.
Le catholicisme italien n’a rien à avoir avec le catholicisme hollandais ou africain, l’islam maghrébin n’est pas l’islam iranien[5] ou indonésien, le judaïsme ashkénaze n’est pas le judaïsme sépharade ou falasha.
Cette indifférence proclamée de la collectivité politique à l’égard des convictions individuelles en matière religieuse, en plus de signifier l’ignorance du fait religieux, stigmatise la méconnaissance des religions entre-elles.
Dans la recherche des origines, des idées qui sont les composantes, nous savons certes que la tolérance n’est pas la laïcité, qu’il n’y a pas de laïcité sans tolérance, qu’il y a de la tolérance sans laïcité.
Les signes extérieurs des religions varient continuellement au cours de l’histoire, selon aussi les contrées et les cultures au sein desquelles on les voit s’installer.
[1] Les guerres lancées par Georges Bush en Irak vise le pétrole, en Afghanistan un ennemi : le terrorisme.
[2] Gilles Kepel : “le Prophète et le Pharaon”, la Découverte P. 93.
[3]” Le retour de l’obscurantisme “, article Marianne du 20 au 26.10.2003.
[4].Dès sa mise en place, en mars 1990, le Haut Conseil de l’Intégration a choisi de travailler en priorité sur les définitions de termes ou de concepts couramment utilisés, mais souvent imprécis. L’étude des volets de la politique d’intégration est d’ordre juridique et culturel.
[5] Des imams, en islam, de sexe féminin, paradoxe, officient en Chine, au grand étonnement des musulmans du reste du monde.