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A sa demande, Henri Teissier a obtenu la nationalité algérienne en 1965, sept ans après s’y être installé.
L’archevêque émérite d’Alger, Henri Teissier, est décédé mardi 1er décembre à Lyon à l’âge de 91 ans des suites d’un AVC. Rédigé par Hanan Ben Rhouma
Ordonné prêtre pour le diocèse d’Alger en 1955, il gravit les échelons de la hiérarchie catholique en devenant évêque d’Oran dans les années 1970 puis archevêque coadjuteur du cardinal Léon-Étienne Duval à Alger en 1980. Au retrait du cardinal en 1988, Henri Teissier devint archevêque d’Alger. Il occupa ce poste jusqu’en 2008, année à laquelle sa démission a été rendue au pape Benoît XVI pour raison d’âge. A sa demande, Henri Teissier a obtenu la nationalité algérienne en 1965, sept ans après s’y être installé. En 1966, le prélat, qui maîtrisait l’arabe, est nommé directeur du Centre d’études des diocèses d’Algérie, fondé par l’archevêché d’Alger et consacré au patrimoine culturel algérien, à l’enseignement de la langue arabe et à la formation du personnel d’Église d’Algérie. Malgré les affres de la guerre civile algérienne durant laquelle il a vu disparaître, entre 1994 et 1996, des frères dont l’évêque d’Oran, Mgr Pierre Claverie, et les moines de Tibhirine, il choisira de rester dans une Algérie ébranlée par les incertitudes d’un avenir post-indépendance acquise au prix du sang. C’est dans ce pays où il résida jusqu’en 2018 qu’il mène ses plus beaux combats en faveur de la paix. « J’ai accompagné des catéchumènes vers le baptême et avec une grande joie. Mais n’avons-nous rien à faire avec les 99 % de musulmans qui le resteront ? Le Royaume ne se construit pas seulement là où l’on “fait des baptisés mais là où l’on travaille pour l’humanité », affirmait-il selon La Croix . Bien que les circonstances de leur mort n’aient pas été complètement élucidées, Henri Tessier a tenu à ce que l’on honore la mémoire des 19 martyrs de l’Eglise d’Algérie. Il sera à l’origine de leur béatification en décembre 2018. Une béatification qu’il avait appelé de ses vœux 18 ans plus tôt lors d’un hommage rendu par le pape Jean-Paul II à ces hommes et à ces femmes. « Il n’est pas question pour nous d’opposer une violence qui nous a été faite à celle qui a frappé toute la société. Si nous nous occupons de reconnaître le témoignage de vie des nôtres, c’est parce que nous en avons la responsabilité. Cela ne nie en rien la fidélité, le travail et le courage de tous ceux qui ont payé le même prix », affirmait l’archevêque.
Des hommages nombreux en Algérie
Au-delà de son amour pour l’Algérie, Mgr Henri Tessier, qui a été décoré de l’Ordre national de la Légion d’honneur en juillet 2007, était passionné par l’Emir Abdelkader à qui il rêvait de consacrer une thèse et qu’il voyait comme un défenseur du dialogue islamo-chrétien. Il recevra d’ailleurs, fin 2018 le prix Emir Abdelkader de la paix remis par le ministère algérien de la Culture qui saluera « son action en Algérie, contribuant à la compréhension entre les peuples et à l’amitié ». À l’annonce de son décès, de nombreux hommages lui ont été rendus en Algérie. « Tout le long de sa vie, cet être exceptionnel a donné l’exemple de la bonté, de la mesure et de l’espérance. Il ne refusa jamais une main tendue et pariait sur les ressources de la jeunesse algérienne qu’il encourageait à construire son pays », lit-on sur Algerie1. « Nous sommes très tristes, mais aussi nous rendons grâce pour sa riche vie donnée à Dieu, à l’Eglise, à l’Algérie », a fait savoir l’archevêque actuel d’alger, Mgr Paul Desfarges. « Clin d’œil du Ciel à notre Église d’Algérie qui doit tant au Père Tessier dans son histoire depuis la guerre de libération, l’indépendance du pays, la traversée des années noires jusqu’à aujourd’hui. Il a été le Pasteur d’une église toute entière dédiée à son peuple algérien. »