Les révélations s’enchaînent sur ce qui pourrait bien être une des plus grandes affaires d’espionnage du siècle. Ce dimanche 18 juillet, un consortium de journalistes a mis en lumière l’espionnage permis par la société israélienne NSO via son logiciel Pegasus sur des milliers de téléphones portables, pour le compte de pays comme la Hongrie ou le Maroc. Ce consortium international, où figurent notamment Le Monde et franceinfo, révèle ce mardi 20 juillet que des numéros de téléphone appartenant à Emmanuel Macron, Edouard Philippe et 14 autres ministres en exercice en 2019 figurent dans la liste des cibles potentielles.
« Si les faits sont avérés, ils sont évidemment très graves. Toute la lumière sera faite sur ces révélations de presse », a réagi l’Elysée, interrogée pour savoir si le chef de l’Etat avait été « potentiellement espionné » via le logiciel utilisé par certains Etats.
15 MINISTRES
Introduit dans un smartphone, le logiciel permet d’en récupérer les messages, photos, contacts et même d’écouter les appels de son propriétaire. Le consortium a révélé que le Maroc, à travers ses services de renseignement, était client de NSO et utilisateur régulier du logiciel, en particulier contre des opposants marocains.
En plus du numéro d’un des iPhones du président, les appareils de nombreuses personnes proches du pouvoir figurent dans la liste des cibles potentielles, que détaille franceinfo : « Le Premier ministre de l’époque Edouard Philippe, ainsi que son épouse, l’une de ses assistantes et son conseiller Gilles Boyer ; le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner ; la garde des Sceaux Nicole Belloubet ; le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ; le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Mais aussi ceux de l’Education (Jean-Michel Blanquer), de l’Agriculture (Didier Guillaume), du Budget (Gérald Darmanin), de la Cohésion territoriale (Jacqueline Gourault), des Relations avec le Parlement (Marc Fesneau), des Outre-Mer (Annick Girardin), de la Culture (Franck Riester), du Logement (Julien Denormandie), des Collectivités territoriales (Sébastien Lecornu). »
Une liste qui regroupe la quasi-intégralité des membres du gouvernement à l’époque, autant de cibles potentielles auxquelles il faut ajouter de nombreuses personnalités politiques françaises, comme le maire de Béziers Robert Ménard ou Gilles Le Gendre, alors patron des députés LREM.
UNE TENTATIVE D’INTRUSION VIA IMESSAGE
Expertisé par Le Monde, le téléphone portable de l’ancien ministre François de Rugy a révélé trois attaques subies le 16 juillet 2019 via iMessage, le service de messagerie d’Apple. « Le iMessage est censé permettre aux services marocains d’introduire le le logiciel espion Pegasus dans son smartphone », précise France Info. Une trace qui prouverait donc que le Maroc serait derrière cette tentative d’intrusion.
Les 50.000 numéros de téléphone analysés par le consortium de journalistes ont été sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour une surveillance potentielle. On savait depuis dimanche qu’elle elle incluait les numéros de 600 hommes et femmes politiques, leur identité est désormais progressivement révélée.
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