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Avocat au barreau de Lille, Me Emmanuel Riglaire visite la détention
Avocat au barreau de Lille, Me Emmanuel Riglaire vit et travaille confiné. Sauf pour se rendre aux audiences urgentes, maintenues, ou en détention. Jour après jour, il raconte son quotidien au JDD. Ce mardi, il a plaidé lors d’une audience disciplinaire au centre pénitentiaire d’Annoeullin (Nord), où un détenu a récemment été testé positif au Covid-19 selon l’UFAP-UNSA-Justice.
“Je sors tout juste de la prison, où j’ai plaidé dans une affaire de violences entre codétenus. Ces deux-là n’ont pas du tout le même rythme, le même mode de vie, la même façon d’envisager leur détention. Alors, comme ils n’ont pas de parloirs depuis un mois, pas de possibilité de laver leur linge, forcément, ça prend des proportions. Ce qui m’a frappé en entrant en détention, c’est le silence ; on se rend compte qu’il y a beaucoup moins de prisonniers qu’auparavant.
Pour éviter la propagation du virus, l’audience s’est tenue dans une salle du bâtiment où se trouve la cellule des deux détenus, alors que d’habitude, ils sont extraits ailleurs. Moi, je suis venu avec mon masque personnel mais je n’arrive pas à plaider avec, ce n’est pas évident.
Pendant que se déroulait cette audience en début d’après-midi, a eu lieu l’enterrement des trois victimes du meurtre sur conjoint de Carvin (Pas-de-Calais). Je suis l’avocat de la famille. Le drame a eu lieu dans la nuit du 5 au 6 avril : une femme et deux de ses enfants ont été tués.
Avec le coronavirus, les cérémonies sont limitées à 20 personnes, mais la sœur de la femme victime travaille à l’hôpital, alors les soignants avaient prévu une haie d’honneur, en blouses et en masques, pour un dernier au-revoir . J’ai réussi à négocier avec le procureur, qui a été très compréhensif : comme il y avait trois enterrements en même temps, et au vu des circonstances, une trentaine de personnes ont pu assister aux funérailles.”