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En 1099, Godefroi de Bouillon atteint Jérusalem, reprise par Saladin en 1187.
Après trois années d’errance et de souffrance, les chevaliers commandés par Godefroi de Bouillon atteignent afin la ville sainte.
Le 7 juin 1099, les croisés arrivent enfin en vue de Jérusalem, la ville du Saint-Sépulcre. Beaucoup pleurent de joie. Tant d’efforts, tant de souffrances, pour toucher enfin au but, pour délivrer la ville sainte des Turcs. Cela fait presque trois ans qu’à la tête d’une troupe nombreuse, Godefroy de Bouillon a quitté son duché de Basse-Lotharingie pour gagner la terre sainte.
À Constantinople, l’empereur byzantin oblige les croisés à lui jurer allégeance. Les chrétiens atteignent, ensuite, Nicée (aujourd’hui, Iznik en Turquie), qui se rend sans combattre. En revanche, Antioche résiste six mois avant de se livrer. Il a encore fallu combattre à Édesse (Urfa). Les croisés traversent encore Tripoli, Beyrouth, Ty, Haffa et Rama, avant de débarquer devant Jérusalem, épuisés. Que la ville est grande et que les murailles sont hautes !
Combien sont-ils de chrétiens à dresser le siège devant la ville sainte ? Environ 1 500 chevaliers sur les 7 000 partis d’Europe. Des 20 000 piétons qui les ont suivis, il en reste peut-être 12 000 en comptant large. C’est trop peu pour ceinturer hermétiquement Jérusalem. Godefroy de Bouillon, Robert de Flandre et Robert de Normandie se postent au nord et au sud de la ville sainte. Tandis que Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, plante ses tentes à l’ouest.
Avant de passer à l’attaque, il faut trouver de l’eau et de la nourriture. Un calvaire dans ce pays désertique. Rien à becqueter, même pas un agneau pascal, et surtout rien à boire ! Les seules sources du coin sont dans la ville. C’est le monde à l’envers : les assiégés ont de l’eau et de nombreuses provisions, tandis que les assiégeants manquent de tout. Au point que plusieurs dizaines d’entre eux meurent de faim et de soif. Comment franchir les murs ? Les croisés se mettent aussitôt à fabriquer des échelles en bois. Impatients de libérer le Christ, mais aussi de piller la ville, ils montent à l’assaut des remparts le 13 juin. Cependant, les Fatimides qui tiennent la ville n’ont aucun mal à les repousser.
Le siège menace de s’éterniser. Par manque de vivres, mais également en raison de leurs incessantes chamailleries, les assiégeants sont dans une situation désespérée. Heureusement, plusieurs navires génois abordent Jaffa avec des vivres. Les croisés se ressaisissent, lancent une expédition en Samarie pour rapporter le bois nécessaire à la construction de hautes tours montées sur roues. Pour signaler à Dieu de se tenir prêt à leur filer un coup de main – après tout, c’est pour son fils qu’ils ont fait tout ce chemin –, les croisés organisent une procession autour de Jérusalem. Les prêtres marchent en tête, pieds nus, portant des reliques et chantant des cantiques. Du haut des murs, les Sarrasins se moquent de ces galeux d’infidèles en brandissant de fausses croix. Mais les chrétiens sont désormais remontés à bloc. Ils achèvent la construction des tours et donnent l’assaut le 14 juillet.
Malins, les croisés changent l’emplacement des tours d’assaut durant la nuit qui précède l’offensive, de façon à les placer devant des portions de mur non renforcées par les défenseurs. Au petit matin, l’attaque est donnée. Les chrétiens balancent des pierres, des flèches, mais aussi de la paille enflammée et des poutres trempées dans du soufre avec des balistes. Des sapeurs retirent des pierres à la base des remparts sous une pluie de flèches. Jérusalem résiste encore quand la nuit tombe. Au petit matin, la bataille reprend, plus féroce que la veille.
Durant la nuit, les Turcs ont construit de nouvelles machines pour projeter de lourdes pierres sur les machines adverses. À midi, le désespoir gagne le camp des assaillants. Les murs de la ville sont toujours couverts de défenseurs. Heureusement, Dieu veille, car les chrétiens reprennent du poil de la bête. Sur le mont des Oliviers, un chevalier brandit son bouclier pour galvaniser les troupes. Les croisés repartent à l’assaut. Les archers arrosent les murailles de flèches enflammées qui font fuir les défenseurs. Les assaillants en profitent pour baisser les pont-levis au sommet des tours en bois. Deux frères flamands, suivis de Godefroy de Bouillon, sont les premiers à les emprunter pour pénétrer dans Jérusalem.
« Je ne porterai pas une couronne d’or » Les chrétiens dévalent dans Jérusalem, où ils font sauter les têtes ennemies comme des bouchons de champagne. Devant une telle furie, les défenseurs courent se réfugier dans la mosquée d’al-Aqsa. Ils sont peut-être 10 000 à l’intérieur. Du pain bénit pour les chrétiens qui les saignent tous. L’affrontement le plus violent se déroule dans la tour du Temple, où le gouverneur de la ville a trouvé refuge. Finalement, celui-ci se rend au comte de Toulouse, qui, bon prince, le fait conduire indemne à Ascalon. Durant ce temps, la boucherie continue. C’est au tour des juifs de s’enfermer dans la grande synagogue.
Les « Latins » mettent le feu. Un témoin de la prise de Jérusalem écrit : « Il y avait un tel massacre que nos hommes pataugeaient dans le sang jusqu’aux chevilles… Puis les croisés se sont rués dans toute la cité, s’emparant de l’or et de l’argent, des chevaux et des mules, et pillant les demeures remplies d’objets précieux. Puis, se réjouissant et pleurant d’un trop-plein de bonheur, ils sont tous allés adorer et rendre grâce à Jésus Notre Sauveur. » Si la soldatesque s’en donne à cœur joie, elle ne tue cependant pas tous les habitants. Beaucoup, musulmans et juifs, peuvent fuir vers Ascalon ou Damas.
Dès le lendemain de la prise de la ville, les milliers de cadavres, qui commencent déjà à se décomposer et à puer en raison de la chaleur, sont entassés au-delà des portes pour être brûlés en tas immenses. Godefroy de Bouillon refuse d’être couronné roi de Jérusalem. « Je ne porterai pas une couronne d’or là où le Christ porta une couronne d’épines. » Il préfère devenir l’avoué du Saint-Sépulcre. Son frère n’a pas cette pudeur et prend le nom de Baudouin Ier de Jérusalem. La ville du Christ restera aux mains des chrétiens jusqu’à sa prise par Saladin, en 1187.
Maître de l’Égypte et de la Syrie, le sultan Saladin remporte une grande victoire sur les croisés le 3 juillet 1187, au pied de la colline de Hattîn, près du lac de Tibériade, au nord-est de la Palestine.
Du jour au lendemain, les États francs de Palestine perdent presque toute leur chevalerie. Ces principautés féodales issues de la première et presque centenaires sont désormais menacées de disparaître…
Moins d’un siècle plus tôt, les chevaliers d’Occident s’étaient élancés vers l’Orient en vue d’enlever aux musulmans Jérusalem et le tombeau du Christ.
Les musulmans ayant refait leur unité sous l’égide du sultan Saladin, celui-ci part en guerre contre les successeurs des premiers croisés. Le choc entre les deux armées est d’une extrême violence.
Les chrétiens subissent une défaite totale et perdent même la relique de la Vraie Croix dont ils avaient cru bon de se faire précéder. Le désastre est en bonne partie dû à l’incompétence du roi de Jérusalem, Guy de Lusignan, et à la trahison de Gérard de Ridefort, grand maître de l’ordre du Temple.
À la fin de la bataille, le sultan se comporte vis-à-vis des prisonniers avec une magnanimité très relative, faisant «seulement»exécuter les 300 moines-soldats du Temple et de l’ordre des Hospitaliers… Il épargne provisoirement Gérard de Ridefort.
Après la victoire de Hattîn, Saladin part sans attendre vers Jérusalem, dont il entame le siège le 20 septembre avec pas moins d’une douzaine de machines.
Presque totalement privée de guerriers professionnels, la Ville sainte se défend avec l’énergie du désespoir sous l’égide d’un jeune chevalier émérite, Balian d’Ibelin.
Désespérant d’obtenir sa reddition, le sultan se résout à négocier la vie sauve pour l’ensemble des défenseurs et des habitants, avec le droit pour tous les chrétiens de quitter la ville et de rentrer en terre chrétienne.
Selon les moeurs du temps, il libère les plus riches habitants contre une rançon appréciable. Il libère aussi 7.000 pauvres contre une rançon collective que paient de mauvais gré les ordres des Templiers et des Hospitaliers. Mais 11.000 à 16.000 jeunes gens, pour lesquels les ordres monastiques n’ont rien voulu payer, sont envoyés en esclavage.
La chute de Jérusalem moins d’un siècle après sa conquête par les croisés fait l’effet d’une bombe en Occident.
Les Francs de Palestine réclament une troisième croisade pour les secourir. Le roi de France Philippe Auguste et le roi d’Angleterre Richard 1er Coeur de Lion, qui vient d’être couronné, débarquent à leur rescousse mais le coeur n’y est plus et la croisade s’enlisera dans les querelles entre les deux souverains.