Au XIXe siècle, Jigoro Kano a eu l’idée de fonder le judo en s’interrogeant sur la résistance de certaines branches d’arbre plutôt que d’autres sous le poids de la neige.
Le nom de Jigoro Kano ne vous dit probablement rien. Et pourtant, cet homme né en 1860 est une véritable légende au Japon. On lui doit la création du judo, premier art martial à avoir fait son apparition aux Jeux olympiques et sport considéré par ses pratiquants comme une véritable doctrine de vie. Car le judo, en plus de permettre à ses pratiquants d’atteindre une forme de perfection dans sa pratique sportive contribue aussi à rendre la société meilleure grâce à la discipline qu’il impose.
Dans un pays qui entretient une relation extrêmement forte avec la nature sur le plan culturel et spirituel, Jigoro Kano, éducateur à l’Université de Tokyo s’est directement inspiré de l’environnement végétal pour concevoir le judo, qui signifie littéralement «la voie de la souplesse.»
Les branches fines résistent mieux que les grosses sous la neige
On comprend mieux cette définition en prenant connaissance de la légende à la source de cet art martial. On raconte que Jigoro Kano (1860-1938) regardait le spectacle de la nature et tout particulièrement un cerisier en plein hiver. En observant l’arbre ployant sous le poids de la neige, il fit une déduction : les branches les plus grosses s’étaient parfois rompues sous la charge alors que celles qui étaient plus fines avaient bien mieux résisté en ne faisant que plier.
Le judo, un sport qui privilégie la souplesse et la technique à la force. Panoramic
Ce copier-coller de la célèbre Fable de la Fontaine «Le Chêne et le Roseau» a inspiré alors Jigoro Kano qui en a déduit que la force ne faisait pas tout. La souplesse pouvait permettre de faire mieux qu’un adversaire qui semble, à première vue, bien supérieur. En 1982, les bases du judo sont posées même si cet art martial va emprunter «des techniques qui existaient déjà dans la lutte et le pancrace dans l’ère des Jeux Olympiques antiques », nuance Vincent Parisi, ancien champion du monde de ju-jitsu. A la différence notable que ces techniques au judo «n’ont jamais été codifiées » avant que Jigoro Kano ne le fasse.
Jigoro Kano, proche du baron Pierre de Coubertin
En 1909, Kano a intégré le Comité international olympique, une première pour un Japonais. Sa proximité avec le baron Pierre de Coubertin, père des Jeux olympiques modernes, a permis le développement de ce sport à l’international. En France, il apparaît dans les années 30 mais les jeunes Français ne se presseront véritablement dans les dojos qu’après la Deuxième Guerre Mondiale. Le succès se propagera rapidement à l’international et les premiers Championnat du monde seront organisés en 1956. Huit ans plus tard, le Japon, l’intègre au programme olympique aux JO de Tokyo. Une véritable aubaine car depuis, les médailles d’or ne cessent de pleuvoir tous les quatre ans : 36 sacres au total (pour 18 d’argent et 18 de bronze).