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Diplomate de carrière, Ali Onaner est un francophone
il faisait partie de la promotion du président de la République à l’ENA en 2002-2004. Par Luc de Barochez
Ali Onaner (à gauche) avec Emmanuel Macron sur cette image non datée prise à Paris. Entre les deux se trouve Mathias Vicherat, aujourd’hui le secrétaire général du groupe Danone © Twitter Ali Onaner
Emmanuel Macron va prochainement retrouver une vieille connaissance : Ali Onaner, 47 ans, vient d’être nommé ambassadeur de Turquie à Paris. Les deux hommes ont fréquenté ensemble les bancs de l’École nationale d’administration (ENA) de 2002 à 2004 dans la promotion Léopold-Sédar-Senghor.
Parfait francophone – il a obtenu son baccalauréat au lycée Charles-de-Gaulle à Ankara –, Ali Onaner était depuis deux ans l’ambassadeur de la République turque à Tunis, où il était aux premières loges pour observer début 2020 l’intervention militaire de son pays en Libye, qu’il a ardemment défendue dans les médias tunisiens. Ankara y a soutenu le gouvernement de Tripoli, alors que la France épaulait l’autre camp, celui de l’homme fort de l’est libyen, le maréchal Haftar.
La Libye n’est que l’un des nombreux dossiers qui opposent la Turquie à la France et Ali Onaner aura fort à faire pour détendre les relations bilatérales, qui ont été marquées dernièrement par des propos insultants que le président Recep Tayyip Erdogan a réservés à son homologue français. Erdogan a mis en doute la « santé mentale » d’Emmanuel Macron et a déclaré la semaine dernière qu’il espérait que la France allait « se débarrasser (de lui) le plus tôt possible ». Les échéances électorales à venir pour les deux chefs de l’État – les présidentielles sont prévues en 2022 en France et 2023 en Turquie – ne devraient pas contribuer à apaiser le climat bilatéral.
Onaner est un proche du ministre des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, qui devait s’entretenir ce mardi par téléphone avec son homologue français Jean-Yves Le Drian. Onaner a été le directeur de cabinet de Cavusoglu de 2017 à 2018. Il connaît bien la France puisque, outre l’ENA, il a également été, de 2012 à 2016, le numéro deux à l’ambassade de Turquie à Paris. Il a dirigé auparavant le département des droits de l’homme de son ministère à Ankara. Cette dernière expertise pourrait lui être utile pour expliquer à l’opinion publique française les multiples atteintes aux droits de l’homme commises par le régime d’Erdogan.
Onaner et Macron ont dialogué sur Twitter en septembre dernier. Le premier a encouragé celui qu’il appelle « son copain d’école » à « aller de l’avant, » après que le président français eut tweetté – en turc – un appel à la Turquie pour l’ouverture d’un dialogue « bien intentionné, responsable, sans naïveté ». La nomination d’Onaner à Paris est-elle le premier acte de ce nouveau dialogue ?