Depuis cinq ans, les tarifs des gardes d’enfants augmentent chaque année, en raison du coût de la vie. La rentrée 2021 ne fait pas exception, même si la hausse reste modérée: + 1,18 % pour une nounou à domicile, et + 0,84 % pour une assistante maternelle, selon le baromètre Yoopies, plateforme de mise en relation entre parents et nounous du groupe Worklife , que publie Le Figaro en exclusivité. «Cette année, l’évolution est plus faible en raison d’un phénomène contradictoire: les familles ont moins fait appel aux grands-parents pour des raisons sanitaires et ont donc davantage eu recours aux nounous. Mais les parents ont, dans le même temps, diminué le nombre d’heures parce qu’ils ont pu garder leurs enfants à domicile en télétravaillant», explique Benjamin Suchar, fondateur du groupe Worklife. Avant la crise, la France comptait quelque 315.000 nounous à domicile et 250.000 assistantes maternelles.
Comme les années précédentes, les disparités régionales restent fortes. La Corse demeure la région la plus onéreuse pour faire garder ses enfants: le tarif moyen des assistantes maternelles y est de 4,48 euros par heure et par enfant – les assistantes maternelles peuvent garder plusieurs enfants à leur domicile -, avec un plus bas à 3,30 euros dans les Pays de la Loire, région la moins chère, et une moyenne nationale à 3,62 euros.
Pour les gardes à domicile, c’est l’Île-de-France qui est en tête, avec 9,51 euros de l’heure, suivie par Paca et la Bretagne (respectivement à 9,45 et 9,40 euros de l’heure). À l’inverse, la région des Hauts-de-France pratique le prix le moins cher: 9 euros de l’heure.
Ces différences s’expliquent principalement par le nombre de nounous et d’assistantes maternelles présentes dans les différentes régions. «En Île-de-France et en Paca, la tension sur la garde d’enfant est plus importante, car il y a moins de personnel. C’est donc plus difficile pour les parents de trouver une solution de garde et cela pousse les tarifs vers le haut », précise Benjamin Suchar. Le prix élevé des loyers en Île-de-France a aussi un impact, notamment avec les assistantes maternelles, qui doivent avoir suffisamment de place à leur domicile pour pouvoir garder plusieurs enfants.
Délai trop long
Ces tarifs restent élevés pour la plupart des parents alors que, jusqu’à maintenant, la principale aide à leur disposition – le crédit d’impôt de 50 % sur les sommes versées – est virée sur les comptes bancaires jusqu’à 15 mois après la prestation. Une échéance trop longue pour les familles modestes, qui ne peuvent pas avancer les frais pendant près d’un an et recourent donc moins que les autres classes sociales à la garde d’enfants à domicile ou chez une nourrice.
La réforme du crédit d’impôt instantané, qui entrera en vigueur en 2022 et permettra aux personnes employant un salarié à domicile de bénéficier d’un remboursement mensuel, aurait pu changer la donne. Mais la garde d’enfant n’y est pas, pour l’heure, éligible. «On ne comprend pas que la réforme s’impose dans des services de confort, comme le ménage, mais n’intervienne pas dans un secteur essentiel de l’économie! , dénonce Benjamin Suchar. Si vous ne faites pas garder vos enfants, vous ne pouvez pas travailler. »
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Le ministère des Comptes publics met en avant des difficultés de calcul pour justifier le report de la mesure. En effet, le crédit d’impôt est calculé sur un reste à charge. Pour l’obtenir, il faut déduire les allocations perçues par les ménages, comme la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje), ce qui nécessite un transfert de données des caisses d’allocation familiale vers la Direction générale des finances publiques (DGFiP). À date, nul ne sait quand la réforme entrera en vigueur pour les gardes d’enfants…
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