En mai 2019, le populaire quotidien allemand Bild publie en première page une kippa à découper dans un contexte de hausse des agressions antisémites. Cette anecdote illustre bien le fait que la kippa n’est pas juste un symbole religieux, mais aussi un symbole identitaire. D’ailleurs, le port de la kippa n’est pas prescrit dans les textes religieux. Si les juifs portent la kippa, c’est plutôt par tradition et pour marquer leur appartenance au peuple juif. Néanmoins, tous les groupes issus du judaïsme ne sont pas sur la même longueur d’onde à ce sujet. Dans un sondage effectué en 2016 par le Pew Research Center, on apprend d’ailleurs que 64 % des hommes juifs en Israël ne portent pas la kippa en public.
Le port de la kippa : une vieille habitude
Dans l’Antiquité, la circoncision était la seule pratique qui permettait de distinguer les juifs. C’est au Moyen- ge que le port de la kippa se démocratise sous l’impulsion du rabbin Joseph Karo. La kippa symbolise alors la soumission à Dieu et la protection divine. On la porte au début pour prier et étudier les textes, mais le fait de se couvrir la tête se généralise peu à peu, avant de perdre de nouveau de la vigueur au XXe siècle. Aujourd’hui, de nombreux juifs ne mettent la kippa que lorsqu’ils se rendent à la synagogue. Comme souvent, son importance varie selon les groupes : certains, comme les ultra-orthodoxes, la portent plus souvent que d’autres. Le port de la kippa est réservé aux hommes. Les femmes se couvrent plutôt la tête avec une perruque ou un foulard, mais dans les faits, la majorité des juives gardent leur tête découverte.
Le port de la kippa dans l’espace public
Le port de la kippa dans l’espace public a pu être l’objet de débats, car c’est un signe qui peut être considéré comme ostentatoire, au même titre que le voile. En France, le port de la kippa est prohibé dans les écoles, les collèges et les lycées publics en vertu de la loi du 15 mars 2004. Certains juifs estiment qu’il est suffisant de se couvrir la tête avec n’importe quel couvre-chef, lorsqu’il n’est pas possible de montrer sa kippa. Néanmoins, là aussi, les avis divergent. Il faut savoir que différents styles de kippas existent et que l’on privilégie un style en fonction du groupe religieux auquel on appartient. Le sondage du Pew Research Center démontre que 58 % des Israéliens qui portent habituellement une kippa noire en velours se décrivent comme ultra-orthodoxes, tandis que 59 % de ceux qui portent une kippa noire en crochet se décrivent comme traditionalistes.