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La montée au ciel de Marie, la mère du Christ lors de l’Assomption.
De nombreux catholiques célèbrent cette fête religieuse, et notamment à Lourdes où des milliers de pèlerins sont attendus. Même si lorsqu’on évoque cette date, la notion de «pont du 15 août» a parfois fini par supplanter le sens de la fête religieuse.
Pour certains le 15 août rime avec vacances, pour d’autres, cette date reste sacrée. Chaque année, plus d’un milliard de chrétiens célèbrent la montée au ciel de Marie, la mère du Christ lors de l’Assomption. À cette occasion, Lourdes accueille des milliers de pèlerins. La cité pyrénéenne sera prise d’assaut par les fidèles qui s’adonneront à de multiples prières en cette période de recueillement.
25.000 personne sont attendues dans le sanctuaire de Lourdes ce 15 août. Sebastien Desarmaux / Godong
Dans les paroisses catholiques de France, «le 15 août» est une fête religieuse aussi importante que Noël, Pâques, la Pentecôte ou la Toussaint. C’est la fête de l’Assomption.Les églises se remplissent des fidèles et de pratiquants occasionnels. Dans les grands sanctuaires consacrés à la Vierge comme Lourdes, La Salette, Pontmain, Rocamadour, la chapelle de la médaille miraculeuse rue du Bac à Paris, mais aussi comme dans des centaines de petites chapelles de campagne, les bannières brodées d’antan ressortent – c’est un phénomène nouveau – pour des pèlerinages publics en l’honneur de la Vierge Marie dont l’Église catholique célèbre une mort bien particulière.
Les Écritures saintes du christianisme disent peu sur la façon dont la Mère du Christ a quitté sa vie terrestre mais une tradition s’est installée dès les premiers siècles de l’Église à Jérusalem – toujours à cette date du 15 août – pour célébrer la «dormition» de la Vierge. Ce terme de «dormition» de la Vierge signifiant son mystérieux endormissement dans la mort et sa montée, selon la foi chrétienne, corps et âme, au ciel.
Ce sont les Églises chrétiennes orthodoxes qui ont tout d’abord conservé intacte cette tradition qui inspire de nombreuses icônes et où elle demeure une très grande fête. Elle s’est ensuite transmise à l’Église latine au cours du premier millénaire jusqu’à être définie comme un dogme catholique par le pape Pie XII en 1950: «La Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort».
En France, la fête de l’Assomption détient aussi une dimension historique précise puisque le roi Louis XIII pour remercier de la naissance annoncée du futur Louis XIV, consacra officiellement le pays à la Vierge Marie en 1638, instituant alors les processions du 15 août, jour de fête nationale.
Beaucoup moins connu est le serment de vie religieuse qu’une poignée d’amis, étudiants à Paris et fascinés par la personnalité d’Ignace de Loyola, prononcèrent, à ses côtés, à Montmartre le 15 août 1534. Ce fut l’acte de fondation des Jésuites.
Partout en France, des lieux sacrés attirent les croyants. De Lourdes à Chartres, le «désir de transcendance» renaît.
25.000 personne sont attendues dans le sanctuaire de Lourdes ce 15 août. Sebastien Desarmaux / Godong
Ce cœur de l’été est aussi le cœur de la foi catholique. La fête de l’Assomption, ce 15 août, célèbre dans l’Église catholique la Vierge Marie «élevée corps et âme à la gloire du Ciel et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers», selon les termes du dogme défini par le pape Pie XII en 1950. Honorer la fin de vie terrestre de la Vierge Marie remonte aux premiers siècles du christianisme. Les orthodoxes appellent cette fête, la «dormition de la très sainte Mère de Dieu». Ils la célèbrent aussi le 15 août. Seuls les protestants récusent cette tradition.
Ce mercredi, un milliard cinq cents millions de chrétiens dans le monde feront tout de même mémoire de ce mystère de foi chrétienne avec des offices très suivis. La France n’est pas en reste. 25.000 personnes sont attendues dans le sanctuaire de Lourdesqui marque les 160 ans des apparitions de la Vierge. Une France également couverte par… 1300 petits sanctuaires consacrés à la Vierge! Et 700 dédiés à d’autres saints. Souvent millénaires, ces lieux sacrés continuent d’attirer de façon étonnante.
Certains renaissent comme à Souvigny, dans l’Allier, après un long sommeil, alors qu’il attirait des foules au Moyen Âge. Beaucoup perdurent contre vents et marées, comme s’ils étaient inscrits dans les mémoires des familles de génération en génération. Ils sont tellement divers qu’il est impossible de les présenter en quelques lignes. Un livre n’y suffirait pas.
Ainsi du pèlerinage des «Trois Marie» à Mignières, près de Chartres où «les enfants nerveux» se présentent. De Notre-Dame de la Daurade à Toulouse, où la «ceinture de la vierge noire» serait bénéfique pour les femmes enceintes ou qui désirent un enfant. Que dire de «la fête des cartables» en vue de la rentrée… à Notre-Dame du Laus, dans les Hautes-Alpes, en plein renouveau. Ou encore des impressionnants «bikers» recueillis à l’abbaye de Saint-Claude dans le Jura ou en Bretagne avec le «pardon des motards» à Porcaro. Dans un autre genre, à Saint-Ybard, dans le diocèse de Tulle, la bénédiction du bétail attire le 16 août, jour de la Saint Roch. Sans parler des étranges «fontaines guérisseuses» dans le pays d’Auge en Normandie. Ou, près de Laval, à Saulges, du pittoresque «petit saint qui pisse»!
«Les pèlerinages se portent plutôt bien, assure le père Jacky-Marie Lhermitte, président de l’Association nationale des directeurs de pèlerinages. Car la piété populaire existe toujours. Le désir de transcendance est inscrit au cœur de l’homme. Par le pèlerinage, la personne veut aller au-delà d’elle-même ou faire une pause dans sa vie. On a trop intellectualisé la foi. Nous avons une sensibilité, sans tomber dans la superstition, il y a vraiment quelque chose de noble et de bien dans la piété populaire.»
L’académicien Jean-Christophe Rufin, lui-même pèlerin de Compostelle, signe cet automne la préface d’un beau livre Esprit des pèlerinages(Gründ). Il confie au Figaro: «Les motivations ne sont pas forcément religieuses mais spirituelles au sens large. Le pèlerinage offre un cadre qui sort du fond de l’histoire. Il apporte une tradition. À la différence d’un chemin de grande randonnée, il oriente la marche. Le pèlerinage, c’est d’abord une direction, un sens que l’on donne à sa démarche.»