Education nationale : plus de 600 signalements pour atteinte à la laïcité en trois mois.

Les données trimestrielles rapportent un nombre de signalements plutôt stable, avec une recrudescence des cas de port de signe religieux.

Nommé ministre de l’Education nationale en mai dernier, Pap Ndiaye a pris ses marques et a commenté, le 25 juin, les chiffres du 1er trimestre 2022 sur le sujet brûlant de la laïcité. Dans une interview accordée au Parisien, il a indiqué que 627 signalements pour atteinte à la laïcité dans les écoles, collèges et lycées étaient remontés jusqu’à son ministère. Le ministre a aussi assuré que ce relevé serait désormais mensuel et non plus trimestrielle « pour avoir moins d’attente sur ces chiffres ».

Prosélytisme et provocations

Pap Ndiaye a affirmé que ces chiffres étaient « globalement stables » en comparaison de ceux des trois mois précédents. Mais, parmi les problématiques évoquées, le port de signes religieux ostentatoire a augmenté et représentent 22 % des signalements. Il y a également les sujets des suspicions de prosélytisme ou encore des provocations verbales. Sur le port de signes religieux ostensibles, le ministre de l’Education nationale a expliqué que les signalements étaient en partie liés « au phénomène des abayas », des robes traditionnelles noires portées par certaines jeunes filles musulmanes.

« Phénomène des abayas »

Des statistiques stables par rapport aux trois premiers mois de l’année scolaire 2021-2022 (-9) mais la part des tenues religieuses dans le total des atteintes à la laïcité, a augmenté et ces tenues représentent 22 % du total des signalements, a exposé le ministre. Celles-ci ont fait polémique ces dernières semaines dans les médias, et sont proscrites depuis la loi de 2004 sur les signes religieux ostensibles.

« C’est lié au phénomène des abayas (robe traditionnelle noire portée par certaines jeunes filles musulmanes). J’ai décidé d’avoir une évaluation mensuelle à partir du mois de septembre plutôt que trimestrielle, pour avoir moins d’attente sur ces chiffres », a expliqué le locataire de la rue de Grenelle qui avait été suspecté notamment à droite et à l’extrême-droite, de cacher ces données.

Plateau haut

Selon des chiffres du ministère de l’Education nationale dont l’AFP a eu connaissance, le signalement pour les ports de signes et tenues a enregistré une hausse de sept points avec 139 cas recensés, les suspicions de prosélytisme de six points. Les provocations verbales ont connu en revanche une baisse de huit points.

Un total de 321 demandes de conseil formulées par les directions d’école ou d’établissements, auprès des équipes académiques « Valeurs de la République » ont été recensées, soit une augmentation de 10%, par rapport au trimestre précédent.

Les signalements pour cette année scolaire 2021-2022 sont cependant sur un plateau haut depuis le pic constaté à l’automne 2020 au moment de l’assassinat du professeur Samuel Paty par un jihadiste (1.332 cas). Entre la période décembre 2020-mars 2021 et décembre 2021-mars 2022, le nombre de cas signalés a ainsi grimpé de 14,6%.