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Les qualités d’humanisme, d’égalité, de fraternité constituent la base de la doctrine.
La franc-maçonnerie réaffirme son « idéal humaniste », elle affiche son « engagement humaniste » et son unité, tout en rappelant sa vocation : « permettre à la personne humaine de se construire par la voie de l’initiation et porter l’idéal humaniste dans les actions de chacun au coeur de notre monde. »
L’idée humaniste se caractérise par un effort de connaissance et par un besoin d’imiter les Anciens en s’en inspirant sur le plan philosophique, culturel et moral. L’humanisme appartient aussià la maçonnerie puisque, à la fois, il en est un des constituants et un de ses objets. Les grandes obédiences françaises ont permis de grands avancements et de grands projets dans les domaines, en particulier, sociaux.
La Grande Loge de France (GLDF), le Grand Orient de France (GODF), la Fédération française du droit humain (FFDH), la Grande Loge féminine de France (GLFF) et la Grande Loge traditionnelle et Symbolique Opéra (GLTSO), permettent de constituer une alliance d hommes libres et de bonnes mœurs, de toutes races, de toutes nationalités et de toutes croyances. Elles ont pour but le perfectionnement moral de l’humanité.
Le mot “humanisme” est un dérivé du latin humanus. Il a été utilisé pour la première fois par Proudhon autour de 1856 d’après l’Allemand Humanismus. Le mouvement humaniste exalte les qualités naturelles et intellectuelles de l’homme au moment où la littérature profane – notamment la littérature gréco-latine – acquière une certaine autonomie face au discours religieux. Une “République des lettres” s’institue progressivement à l’échelle européenne, regroupée autour des valeurs de l’humanisme : la foi dans l’homme en tant qu’individu et le caractère perfectible de l’humanité, le mépris de l’enseignement scolastique, le culte du savoir et de l’érudition, l’exaltation des valeurs esthétiques et profanes, la pratique du latin et des langues anciennes.
Parmi les chefs de file du mouvement, citons Marcile Ficin, Erasme, Budé, Rabelais, Montaigne et son ami La Boétie, ou encore Thomas More. Et un siècle plus tard : Jérôme Bonaparte, Jules Ferry, Victor Schoelcher, Abd-El-Kader, quelques femmes Joséphine Bonaparte, Louise Michel.
Les penseurs des Lumières, au XVIIIe siècle vont perpétuer l’héritage humaniste en défendant l’image d’une pensée autonome et rationnelle. Mais ils reprocheront à la “révolution” Humaniste de s’être contentée de promouvoir l’érudition plutôt que de transformer la réalité sociale.
Les qualités d’humanisme, d’égalité, de fraternité constituent la base de la doctrine.
Le projet central de l’humanisme : enseigner à chaque être humain à conduire lui-même sa vie, dans le souci de l’universel, c’est-à-dire du destin commun de l’humanité, demeure plus que jamais le seul espoir de rassembler tous les hommes dans la liberté, en leur permettant de donner sens à leur vie, dans le respect et la compréhension de l’autre. Mais à la condition pour lui de s’affirmer davantage comme une éthique, une spiritualité, de la liberté, de la connaissance et de la responsabilité propres à aider les humains à mieux distinguer et à vivre les valeurs essentielles communes à leurs différentes traditions culturelles et religieuses. Ce qui conduit l’auteur, maçon lui-même, à critiquer certains aspects de la pratique maçonnique actuelle qui lui paraissent plus desservir que conforter la cause de l’humanisme, à laquelle la Franc-Maçonnerie est intimement liée par ses origines et son histoire.
pyramide franc-maçon
Sur le plan littéraire, l’humanisme est le mouvement d’esprit représenté par les penseurs “humanistes” de la Renaissance pour mettre en valeur l’esprit humain en renouant par-dessus le Moyen-Age (dont la grandeur indiscutable au XIIIe siècle ensuite éclipsée par une certaine décadence) avec la culture antique gréco-latine au nom de laquelle on rejette, quelquefois avec une vigueur très rabelaisienne, tout l’appareil scolastique. Au formalisme parfois ridicule d’une scolastique décadente, s’oppose une culture plus vivante. Par lui, se répand le meilleur de l’antique.
La philosophie des humanistes, d’ascendance païenne, secoue le joug de la théologie. A l’esprit de soumission, notamment à la pensée d’Aristote, succède l’esprit d’examen, le goût de la recherche critique. Toutes choses qui manqueront aux civilisations, aussi brillantes soient-elles, qui n’ont pas reçu ou ont récusé ce témoignage. De là, un vaste effort de rénovation spirituelle et esthétique.
Il est facile d’esquisser des liens à travers deux siècles de l’humanisme, du XVIe siècle à la création de la Maçonnerie symbolique dans les années 1717-1723. Les mouvements religieux, le catholicisme lui-même, ont recueilli ou adapté ce qui leur paraissait conciliable. Ce fut, en grande partie, l’oeuvre des jésuites qui eurent bien soin de biffer toutes les méthodes critiques et menacèrent de tomber dans un autre formalisme en réplique au mouvement des Lumières.
Il n’empêche que l’humanisme peut prendre diverses formes, et, très souvent, s’affirme avec des qualifications. A-t-on le droit de ne parler que d’un humanisme chrétien, d’un humaniste bouddhiste, d’un humanisme marxiste ? Dans cette réflexion, que peut être un humanisme maçonnique ?
Il lui faut, avec la Maçonnerie, revivifier cette spiritualité de l’homme médiateur, de ses origines, qui le situe entre “la bête et l’ange”, la nécessité et la liberté, le connu et l’inconnu, l’actuel et le virtuel, le réalisé et l’idéal, le visible et l’invisible, le temporel et l’intemporel, le dicible et l’indicible, et qui a inspiré son éthique de vérité, de perfection et de liberté.
En France, actuellement, les différentes obédiences réunissent environ 140 000 personnes, si nous additionnons les chiffres revendiqués par chacune d’entre elles. Elles se déclineraient ainsi : 60 % de « frères et soeurs » et 40 % de « profanes : débutants », et sont autour de nos tables rondes sur les thèmes de la « dignité humaine », « dignité et monde moderne », « santé et bioéthique », « éducation et civisme », ou encore « mondialisation, économie et justice ».
Il nous faut, toutefois, admettre que quelques affaires politico-judiciaires des dernières années s’expliqueraient par l’appartenance de leurs protagonistes à la franc-maçonnerie. Le virulent réquisitoire va jusqu’à faire de la franc-maçonnerie une société secrète menacée de dérives mafieuses.