L’ombre des talibans plane à nouveau sur les trésors de Bamiyan
Les insurgés avaient déjà détruit trois grands bouddhas
Il y a vingt ans, les islamistes détruisaient les bouddhas géants, symboles de cette vallée tranquille. Les pourparlers en cours entre le pouvoir afghan et les insurgés font craindre le retour de la terreur aux habitants de la région.

ANDREW QUILTY/VU POUR M LE MAGAZINE DU MONDE
Bamiyan porte pourtant les plaies du règne des talibans (1996-2001). Deux trous béants dans la paroi d’une falaise. En mars 2001, peu avant leur chute, les insurgés, considérant que toute représentation humaine est interdite par l’islam, ont détruit, au moyen d’explosifs et de tirs d’artillerie, les deux grands bouddhas de la vallée, témoignage de l’art du Gandhara, dont la construction est estimée entre les IIIe et VIIe siècles, ainsi qu’un troisième situé à trois kilomètres au sud-est. Mais, à l’ombre de ce passé douloureux, la vallée est redevenue un havre de paix. Un lieu de villégiature même, qui attire, surtout l’été, des Afghans venant de tout le pays. Pour quelques jours, ils tentent de faire abstraction de la violence inouïe qui embrase encore et toujours leur pays.
Les Hazaras, une minorité ciblée par les talibans
En octobre, à Kaboul, deux attentats contre un institut éducatif et contre l’université ont fait plusieurs dizaines de victimes. Une terreur qui se déchaîne alors que des pourparlers de paix sont en cours à Doha, au Qatar, entre une délégation gouvernementale et les talibans. Un éventuel retour au pouvoir de ces insurgés sunnites fait de nouveau planer la peur à Bamiyan, surtout chez les Hazaras, de confession chiite. Cette population, issue d’une minorité ethnique et religieuse, a payé le plus lourd tribut sous le régime des talibans, qui ne les considèrent pas comme des musulmans.

De jeunes garçons jouent au football devant l‘immense niche qui abritait le plus grand des bouddhas détruits en 2001 par les talibans. Andrew Quilty/Vu pour M Le magazine du Monde
Mais, en cette période de tournage, la jeune Afghane garde le sourire. À Bamiyan, elle porte un voile laissant apparaître son visage maquillé et arbore des robes bigarrées. Elle a fait du centre culturel de la ville son QG : son équipe y trouve chaque jour le matériel qui lui est nécessaire. Le centre abrite des cours d’anglais et d’informatique, mais aussi l’un des quatre clubs de cyclisme de la ville : Etelaat va Farhang (« savoir et culture », en dari, une variété de persan, parlé en Afghanistan).
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