Quand l’État découvre l’islamisation de l’Etat.

Il y a une ministre exemplaire dans le gouvernement Castex. Au moins une. Elle est jeune, elle est belle et elle pense juste. Elle s’appelle Sarah El Haïry et elle est détentrice du maroquin de la jeunesse et des sports, un secrétariat d’Etat rattaché à l’Education nationale. Par Yves Mamou

Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, à Dijon le 15 octobre 2020.© TARDIVON JC/SIPA Numéro de reportage : 00986052_000009

Confrontée à l’islamisme le plus bas de plafond, à Poitiers, Sarah El Haïry s’est levée, a argumenté puis a chanté la Marseillaise. Avec un grand courage, mais dans la solitude la plus grande.

Rappel des faits: six jours après l’assassinat de Samuel Paty, et au lendemain de l’hommage rendu par Emmanuel Macron au professeur décapité dans la cour de la Sorbonne, Sarah El Haïry a pris la route en direction de Poitiers. Invitée par la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCS), elle devait rencontrer 130 jeunes de 15 à 20 ans qui allaient lui rendre compte de leurs recherches et réflexions sur la place des religions dans la société. Pour mémoire, la FCSF est une association reconnue d’utilité publique, largement implantée sur le territoire national et bien financée par l’État (ministères de l’Éducation nationale, de la Ville), les caisses d’allocation familiales et quelques autres institutions.

Le problème de cette affaire El Haïry n’est pas que les jeunes pensent selon l’air du temps et que l’air du temps soit largement islamisé. Non, le problème est que des responsables et animateurs d’une association largement subventionnée par des fonds publics aient, plusieurs jours durant, encadré une réflexion qui a abouti à légitimer un discours islamiste

La ministre arrive à Poitiers, elle salue, s’assoit et écoute les jeunes lui rendre compte. Elle dira elle-même au Point ce qu’elle a entendu : « certains disent qu’ils veulent « interdire le droit au blasphème », que « les journalistes sont pro-israéliens », qu’il faut « interdire aux journalistes de parler de l’islam », le « souhait de porter le voile au lycée ». Je note, j’entends ce qu’ils ont à dire et tout cela se passe calmement. Puis vient la prise de parole des élus locaux conviés, et notamment l’un d’entre eux, adjoint de l’actuelle maire EELV, Léonore Moncond’huy, qui dit que « la loi de 2014 » (comprendre celle de 2004, qui interdit dans les écoles, collèges et lycées publics le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse) est « islamophobe ». 

Une humiliation pour la ministre

Sarah El Haïry garde son calme, ne biaise pas et explique aux jeunes qu’elle est en total désaccord avec eux. Elle explique que la laïcité définit un espace de liberté pour les croyants comme pour les non croyants, que la laïcité est l’outil qui permet à chacun de cohabiter pacifiquement avec les autres et qu’elle soutient la loi de 2004 qui interdit le port ostensible de signes religieux au collège. À la fin de la réunion, elle décide d’entonner La Marseillaise, « pour créer un mouvement commun »

C’est alors la stupéfaction pour la malheureuse ministre: « Je suis particulièrement seule. Je cherche l’unité autour de l’hymne, mais personne ne se lève, au début, personne ne chante, ce qui n’est plus le cas à la fin», a-t-elle expliqué, toujours au Point. Des jeunes femmes voilées viendront ensuite lui reprocher d’avoir chanté un chant « guerrier » et « barbare » alors que les religions professeraient la paix. Nul n’a donc rappelé à ces jeunes filles qu’une « religion » en particulier a assassiné plusieurs centaines de personnes en France depuis 2015?

Le problème de cette affaire El Haïry n’est pas que les jeunes pensent selon l’air du temps et que l’air du temps soit largement islamisé. Non, le problème est que des responsables et animateurs d’une association largement subventionnée par des fonds publics aient, plusieurs jours durant, encadré une réflexion qui a abouti à légitimer un discours islamiste, un discours anti laïc, un discours « antisioniste », un discours légitimant la mise à mort de la liberté d’expression.

Comment reprocher quelque chose à ces « pauvres jeunes »?

Sarah El Haïry dira au Point que tout au long des explications qu’elle a données, qu’elle a senti « le monde adulte absent, comme abasourdi ». En fait, la ministre a découvert que le peuple de gauche qui structure la vie associative  était entièrement islamisé et surtout que l’antiracisme et les droits de l’homme que tous les gouvernements subventionnent à fonds perdus depuis trente ans, ont fait le lit de l’islamisme.

S’ils n’avaient pas eu affaire à une ministre, nul doute que tout l’encadrement de la FCFS se serait dressé contre Sarah El Haïry en hurlant au racisme et à l’islamophobie. Pour ces gens là, mettre un drapeau français dans une classe ou chanter la Marseillaise, c’est déjà du fascisme !

Autre signe de cette islamisation du tissu associatif, la réaction victimaire du président de la FCFS, Tarik Touahria: comment reprocher quelque chose à « ces jeunes qui sont venus se réunir et travailler sur leur temps de vacances » a demandé frère Tarik au Figaro ? Aurait-il fallu les rémunérer ? Ou les féliciter ?

Tarik Touharia a ajouté : « nous partons de ce qu’ils nous disent pour les accompagner vers davantage d’autonomie et d’indépendance d’esprit ». Défendre le voile islamique qui est le signe de la soumission des femmes serait donc le signe d’une pensée libre et indépendante ?

Une enquête diligentée

On comprend que sitôt rentrée à Paris, la ministre ait diligenté une enquête administrative sur l’association. Car évidemment, le problème n’est pas les jeunes, mais l’encadrement de ces jeunes.

À quelques semaines de la présentation en conseil des ministres d’une loi contre le séparatisme islamiste, il est particulièrement savoureux que le sieur Tarik déclare qu’il « ne trouve pas choquant que des jeunes critiquent la loi de 2004 » qui interdit le port de signes religieux à l’école. Il semble que pour la FCFS, seule l’injure à Allah est choquante.

L’affaire El Haïry montre que l’État est en train de découvrir qu’il est lui-même en voie d’islamisation. Le projet de loi contre le séparatisme islamiste confère un rôle à l’école de la République pour réduire l’influence des écoles salafistes hors contrat par exemple. Très bien ! Mais n’est ce pas cette même école de la République qui accepte sans mot dire qu’un élève juif ne puisse plus être scolarisé en toute sécurité dans l’un de ses établissements ? N’est-ce pas cette école de la République qui semble incapable d’organiser la sécurité de la jeune Mila obligée aujourd’hui de se terrer dans un établissement sécurisé en raison des libres propos qu’elle a tenu sur Allah ?

A quoi bon faire des lois contre l’islamisme quand cette même République a laissé filer tous les outils qui sont au cœur de la production laïque : l’université aujourd’hui largement entre les mains de l’islamogauchisme ; l’école ou une jeunesse musulmane fanatisée fait la loi ; le tissu associatif (notamment les associations dédiées à la défense des droits de l’homme) largement passé dans le giron de l’islamisme le plus rétrograde ?

Le plus drôle serait que les inspecteurs qui vont enquêter sur la FCSF rendent un rapport parfaitement édulcoré. On saura alors qu’en France, cette laïcité qu’Emmanuel Macron a entrepris de défendre tous azimuts n’est plus qu’un village Potemkine, c’est-à-dire un trompe l’œil.