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Les nouvelles menaces sont la résurgence de l’activité des mouvances djihadistes sur les réseaux sociaux.
Alors que le 13 novembre 2015 a signifié l’acmé d’opérations djihadistes diligentées depuis la zone irako-syrienne, un tel scénario ne s’est jamais reproduit depuis.
Il est désormais établi que le jeune Tunisien de 21 ans, auteur de l’attentat dans une église de Nice, le 29 octobre, qui a fait trois morts, arrivé en Europe par l’île italienne de Lampedusa quelques jours plus tôt, est venu jusqu’en France dans le seul but de « venger » le prophète. Pour autant, les risques d’une menace « projetée » de l’étranger demeureraient secondaires, selon les services chargés de la lutte contre le terrorisme, qui craignent davantage, depuis 2016, le risque venant de l’intérieur, dit « endogène ».
Alors que le 13 novembre 2015 a signifié l’acmé d’opérations djihadistes diligentées depuis la zone irako-syrienne, avec plus d’une dizaine de combattants envoyés en même temps en Europe, un tel scénario ne s’est jamais reproduit depuis. Les attaques qui ont eu lieu ensuite sur le sol français ont pu être pilotées ou inspirées depuis le défunt Califat de l’organisation Etat islamique (EI), mais les individus passés à l’acte n’avaient jamais mis les pieds sur zone.
A deux exceptions près, la longue liste des attentats déjoués ou aboutis survenus depuis étaye cette analyse. Entre 2016 et 2017, beaucoup de candidats au djihad ont été des « velléitaires ». Ils ont tenté ou envisagé d’aller sur zone, mais n’ont jamais réussi. Un risque endogène qui avait fini par être réduit à son minimum et cantonné à des profils psychologiques très perturbés, pensait-on. En particulier depuis fin 2018 et l’attentat contre le marché de Noël de Strasbourg (cinq morts), où l’auteur, Cherif Chekatt, 29 ans, était avant tout un multirécidiviste de droit commun à l’enfance chaotique.
Attentats non revendiqués
La nouvelle donne de la menace terroriste depuis mi-octobre tient à la résurgence de l’activité des mouvances djihadistes sur les réseaux sociaux. Le 11 septembre, Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA), a ouvert le bal après des mois de torpeur en publiant une longue lettre de menaces de cinq pages à la suite de la republication des caricatures de Mahomet par l’hebdomadaire Charlie Hebdo pour le début du procès des attentats de janvier 2015. AQPA y appelait « les musulmans de France, d’Europe et de l’extérieur (…), les moudjahidine de tous les fronts et [leurs] héroïques lions solitaires à les poignarder en retour ».
Ces nouvelles menaces d’AQPA ne constituaient pas alors vraiment une surprise pour les acteurs de l’antiterrorisme français. Les inquiétudes venaient plus du fait que la publicité accordée à la propagande de l’organisation djihadiste puisse inspirer des passages à l’acte, notamment de la part d’individus isolés, tels que ceux ayant commis les six dernières attaques depuis le début de l’année 2020 : des attentats pour l’heure non revendiqués, même par opportunité, comme ce fut le cas par le passé.
A la suite de l’attentat de Nice, Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) s’est aussi félicité de l’attaque du jeune Tunisien, sans toutefois en revendiquer la paternité. « Les Français doivent savoir que si leur président persiste à attaquer les musulmans au nom de la liberté d’expression, cela ne fera que renforcer la détermination des musulmans à couper des têtes pour venger le prophète », a-t-elle communiqué.
Au-delà des risques d’inspiration d’un tel message s’ajoute la possibilité de passage à l’acte sous forme de « mimétisme », selon un cadre de la communauté du renseignement. Le 29 octobre, un Afghan de 26 ans armé d’un long couteau a été interpellé dans le centre de Lyon alors qu’il était prêt à agir. Souffrant de troubles psychiatriques, il était connu des services de renseignement pour sa pratique rigoriste de l’islam.