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D’abord considérés comme obsessionnels ou «islamophobes»,
Le temps d’un discours, le réel a retrouvé ses droits. Il a fallu du temps mais Emmanuel Macron l’a dit solennellement : «Ce à quoi nous devons nous attaquer, c’est le séparatisme islamiste.» Vincent Trémolet de Villers. Le Figaro.
Sans trembler, le président de la République a montré qu’il ne s’agissait en rien d’un problème théorique mais d’un phénomène quotidien. Il a fort bien su le décrire par des exemples concrets. Ainsi, il a tracé les contours d’une «contre-société» animée par l’islam radical et qui construit, sur notre sol, «méthodiquement» son projet. Depuis longtemps, des lanceurs d’alerte s’inquiètent de cette partition qui s’annonce (il y a deux ans, Le Figaro publiait le manifeste des 100 intellectuels contre le «séparatisme islamiste»). D’abord considérés comme obsessionnels ou «islamophobes», ils sont enfin entendus. Il faut s’en réjouir.
L’inconvénient avec le réel, c’est qu’on s’y cogne. Maintenant pour Emmanuel Macron, le plus dur commence. La bataille dont il a pris la tête devra être menée sur tous les fronts. Le chœur des indignés déjà entonne sa pénible rengaine: «Discrimination, stigmatisation, exclusion». En revêtant indigénisme et décolonialisme de la tunique antiraciste, le parti de l’Autre utilise à merveille les ressources de la rhétorique victimaire. On l’entend parfois, à bas bruit, dans les rangs de la majorité, où certains rêvent de crier «haro sur Darmanin!». La facilité serait d’y céder, le courage d’y résister. À cette intimidation morale s’ajoute le pouvoir de déconstruction des hautes juridictions. Au Conseil d’État comme au Conseil constitutionnel, les recours se ramassent à la pelle. Sur ce sujet, ils se multiplieront. L’interdiction de l’école à la maison pourrait légitimement être retoquée au nom de la liberté scolaire considérée comme liberté fondamentale. Et puis subsiste la bataille culturelle. Il ne suffira pas d’invoquer la «République» contre un imaginaire islamiste qui englobe les moindres détails de l’existence. C’est la France, ses paysages et ses grandes heures, son esprit et sa raison, sa langue et sa liberté qui peuvent réunir ce que l’inculture, la contrition, la décivilisation ont séparé.
Les mosquées et les imams seront plus étroitement contrôlés
La stratégie du chef de l’État contre l’islamisme radical passe par une tactique de harcèlements administratifs. Par Jean-Marie Guénois
Il faut remonter à la création du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) en 2003 pour que le gouvernement français annonce des mesures aussi réformatrices de l’islam de France. Certes, Emmanuel Macron, dans sa guerre politique et administrative contre l’islamisme radical, abandonne le projet testé il y a deux ans avec la perspective d’une réforme fondamentale de la loi de 1905. De même a-t-il enterré, le 2 octobre, un concept pourtant cher à Gérald Darmanin, celui de créer un «concordat» avec l’islam sur le modèle historique du judaïsme et des Églises chrétiennes.
Sa stratégie de lutte contre l’islamisme radical passe plutôt, «après des décennies de laisser-aller», par une tactique de harcèlements administratifs. Avec le dynamitage de deux clés de voûte: le monde opaque des «imams» et celui, encore plus tortueux, des «associations», supports administratifs des mosquées.
Pour ce qui des imams, la majorité de ces 1800 religieux en exercice viennent de l’étranger – des accords existent avec le Maroc, l’Algérie et la Turquie – mais 2 % seulement sont diplômés en théologie islamique et très peu parlent le français ; ils prêchent en arabe. Le président de la République a donc annoncé un ambitieux programme «d’islam des lumières» pour que cette religion devienne un «partenaire de la République» avec une pièce maîtresse, le Conseil Français du Culte du Musulman (CFCM), centre névralgique du dispositif assorti de ses déclinaisons départementales.
Cette institution, représentative et élue, de l’islam de France n’avait pas la confiance du président au début de son mandat. Elle l’a gagnée, au point de devenir l’instance clé qui devra, «sous quatre ans», créer une formation des imams made in France pour «mettre fin»à «l’islam consulaire» sous perfusion des pays d’origine. «Dans les six mois», le président attend la «labellisation» d’imams qui devront respecter une «charte» qu’ils auraient signée. Laquelle existe déjà mais ne parvient pas à s’imposer parce que la CFCM n’a pas d’autorité sur les mosquées où les présidents d’associations sont les rois.
De nouveaux statuts
D’où l’importance du second axe de réforme voulue par Emmanuel Macron et qui touche de plein fouet les «associations» qui gèrent les mosquées. Pour mémoire, afin de simplifier l’implantation des mosquées, la plupart des mairies ont accepté depuis quarante ans qu’elles soient créées sous l’égide d’associations culturelles, loi 1901, très répandues en France, faciles à monter, peu contrôlées notamment sur le plan financier. Aujourd’hui 92 % des 2500 lieux de culte musulman vivent sous régime 1901. Pour le meilleur et pour le pire, car c’est une fiction juridique qui permet d’échapper au statut d’associations loi 1905, spécifique des institutions religieuses, en usage chez les protestants et les catholiques, très contrôlées sur le plan administratif et fiscal.
Le cœur de la réforme Macron consiste à faire basculer les associations musulmanes 1901 en association 1905, pour mieux les contrôler, en échange d’avantages fiscaux certains.
Autre point fort des annonces, un système «antiputsch» (sic), visant à empêcher des groupuscules islamistes de prendre le pouvoir dans les associations – notamment via une dissolution préfectorale de l’association. Il suffit en effet d’un vote bien préparé au conseil d’administration de l’association pour renverser les équipes modérées en place. Une pratique de plus en plus courante. Prendre le contrôle de l’association, c’est prendre le contrôle de la mosquée et du recrutement de l’imam.
À côté de ces mesures phares, le président veut aussi que la France retrouve une «excellence» perdue dans le domaine des études d’islamologie de haut niveau universitaire, par la création d’un «institut scientifique d’islamologie» mais aussi par le renforcement de la Fondation de l’islam de France. Et ce, pour «ne pas laisser le débat intellectuel sur l’islam à d’autres». Entendez, les idéologues islamistes.