Valéry Giscard d’Estaing est mort ce mercredi à l’âge de 94 ans. Arrivé à l’Elysée en 1974, alors qu’il a moins de 50 ans, le jeune président laisse derrière lui l’image d’un homme qui voulait “dépoussiérer la politique”, mais aussi celle d’un orateur avec des discours toujours très maîtrisés. Retour en images sur quelques-unes de ses répliques les plus célèbres.
• “Je voudrais regarder la France au fond des yeux”
Le 8 avril 1974, le président Georges Pompidou est mort depuis six jours. Valéry Giscard d’Estaing , son ministre de l’Economie et des Finances, prend la parole depuis Chamalières, petite commune du Puy-de-Dôme dont il est maire. Dans un discours parfaitement maîtrisé, il annonce alors sa candidature à l’élection présidentielle. La presse en retiendra une formule:
“Je voudrais regarder la France au fond des yeux, lui dire mon message et écouter le sien.”
Il deviendra président le 19 mai.
• “Vous n’avez pas le monopole du coeur”
Mai 1974. Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterand s’opposent pour le second tour de l’élection présidentielle. Pour la première fois, ils s’adonnent à un exercice inédit à la télévision française: un débat en direct devant les Français. Une repartie du futur vainqueur restera dans les annales.
Alors que le socialiste reproche à son rival de droite son “manque de coeur”, et une “mauvaise redistribution des fruits de l’effort national”, Valéry Giscard d’Estaing lui rétorque:
“Tout d’abord je trouve toujours choquant et blessant de s’arroger le monopole du cœur. Vous n’avez pas Monsieur Mitterrand, le monopole du cœur! Vous ne l’avez pas… J’ai un cœur comme le vôtre qui bat à sa cadence et qui est le mien. Vous n’avez pas le monopole du cœur.”
Le Président confiera plusieurs années plus tard dans son autobiographie Le Pouvoir et La Vie, “Je crois que j’ai été élu président de la République grâce à cette phrase.”
• “Salut à toi 1975”
Pour ses premiers voeux de président, le 31 décembre 1974, le locataire de l’Elysée, plus jeune président de la République, tente de dépoussiérer l’exercice. Après un prélude musical d’une petite trentaine de secondes, il apparaît au coin de la cheminée, assis dans son fauteuil. “Bonne année pour chacune et chacun de vous”, commence le chef de l’Etat. Et de promettre: “pendant les quelques minutes où je vais vous parler, je ne voudrais ni vous ennuyer, ni vous attrister”. Il concluera avec une formule restée célèbre “adieu donc 1974 et salut à toi 1975”.
• “Il faut laisser les choses basses mourir de leur propre poison”
Fin 1979, Valéry Giscard d’Estaing est secoué par “l’affaire des diamants”. Le 10 octobre, le Canard Enchaîné révèle que des diamants d’une valeur de 1 million de francs auraient été remis, en 1973, au président alors ministre des Finances, par le président de la République centrafricaine, Jean Bédel Bokassa.
Le lendemain, Le Monde reprend l’information et dénonce le silence de l’Elysée. Une semaine plus tard, le Canard Enchaîné publie une nouvelle note du président centrafricain qui mentionne de nouveaux dons de diamants.
Valéry Giscard d’Estaing reste silencieux. Interrogé sur Antenne 2 le 27 novembre, il ne fera qu’un seul commentaire: “Il faut laisser les choses basses mourir de leur propre poison”. Une contre-enquête du Point infirmera finalement la plupart des accusations.
• “Au revoir”
Le 19 mai 1981, Valéry Giscard d’Estaing, battu par François Mitterand au second tour de l’élection présidentielle, fait des adieux très solennels aux Français depuis l’Elysée.
“Je viens vous dire très simplement au revoir”, explique-t-il. “Avant de vous quitter, je vous souhaite bonne chance, à chacune et à chacun d’entre vous. Bonne chance du fond du cœur, sans amertume pour les uns, et avec une chaude reconnaissance pour les autres.”
Si la séquence reste célèbre, c’est surtout pour sa fin. Valéry Giscard d’Estaing conclut son discours avec un “au revoir”, puis il quitte simplement la pièce, la caméra filmant toujours et laissant l’image d’une chaise vide alors que retentit la Marseillaise.
Plus de trente ans après, invité d’Europe 1, l’ancien président racontera qu’il n’avait pas réalisé que la porte était si loin. “À la fin de mon texte, je voulais signifier que je partais. Ce qui consistait à me lever de mon siège et à partir. Simplement, je n’avais pas vu que le bureau était si loin de la porte. Je croyais que c’était à trois mètres. En fait, c’était à sept ou huit mètres.”