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La marque à la pomme nettoie son code informatique
Dans notre nouveau monde vertueux, Apple ne cesse de montrer l’exemple.
La société Apple produit la majorité de ses appareils en Chine pour diminuer drastiquement ses frais salariaux. Elle ne paie pas la moitié du quart des impôts qu’elle devrait payer, grâce à d’ingénieux moyens de contournement fiscal. Et elle vend ses appareils à l’obsolescence programmée à des prix stratosphériques. Après ce constat, nous aurions pu attendre que la société Apple se fasse discrète quand il s’agit de donner des leçons de morale à deux balles.
La vedette Oprah Winfrey présente le nouveau service Apple tv + au siège de la marque à Cupertino en Californie, le 25 mars 2019 © Tony Avelar/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22320417_000007
Que nenni ! Apple, comme à peu près toutes les sociétés touchant de près ou de loin aux activités informatiques, met un genou à terre : elle a décidé de retirer des « termes jugés offensants de son écosystème de développement. »
La firme de Cupertino veut inventer le code informatique inclusif
Dans son code informatique, les termes « listes blanches » et « listes noires » ne seront donc plus employés par Apple. Et on devine que ce n’est pas la liste blanche qui a posé le plus de problème de conscience aux concepteurs de cette nouvelle liste noire (oups !) d’expressions à bannir. Espérons que lesdits concepteurs ne travaillent pas au noir ! Et souhaitons que le développeur blanc ne devienne pas la bête noire d’Apple. L’entreprise l’écrit noir sur blanc : ses employés cesseront de broyer du noir dès lors qu’ils choisiront des termes n’excluant personne ! En revanche, ils dépasseront la ligne jaune s’ils ne respectent pas la consigne directoriale ou, autrement dit, s’ils ne montrent pas patte blanche.
« Écrivez consciemment pour inclure tout le monde et éviter les préjugés culturels et les stéréotypes », demande expressément la firme de Cupertino à ses développeurs de programmes auxquels il est en outre conseillé de ne plus utiliser les termes pourtant courants en informatique de « maître » et « esclave » . La bêtise n’ayant aucune limite, on se demande quels sont les mots qu’Apple préconisera, après les revendications animalistes et véganes à venir, pour désigner la “Souris”, le “Cheval de Troie” (logiciel pouvant dissimuler un programme malveillant de piratage), ou le “Chat”. Si le terme « Carte Mère » ne semble poser aucun problème pour le moment, il n’est pas certain que ceux de « Moniteur », « Navigateur » ou « Serveur », ne se voient pas non plus reprocher prochainement une masculinité trop affichée. Quant au mot « bit » (unité de base informatique), nous attirons l’attention d’Apple sur l’allusion phallique et patriarcale qu’il peut représenter en France. Il y a encore du travail.
En attendant de verser des fonds aux associations LGBT, Apple s’attaque au racisme en mettant au pot pour « l’équité raciale et la justice » une infime partie des impôts qu’elle ne paie pas, à savoir 100 millions de dollars. Ça, c’était il y a quelques semaines, alors que le mouvement « Black lives matter » agitait l’Amérique. Il y a quelques jours, bien décidée à cocher toutes les cases progressistes, Apple a lancé un plan visant à atteindre la neutralité carbone. « Les entreprises ont une profonde opportunité de contribuer à la construction d’un avenir plus durable, né de notre préoccupation commune pour la planète que nous partageons », a déclaré Tim Cook, le PDG, qui, emporté par son élan, a ajouté avec le plus grand sérieux : « Les innovations qui alimentent notre voyage environnemental (sic) ne sont pas seulement bonnes pour la planète, elles nous ont aidés à rendre nos produits plus efficaces sur le plan énergétique et à mettre en ligne de nouvelles sources d’énergie propre dans le monde entier. » Bravo.
A lire aussi, Yves Mamou et Caroline Valentin: Les soutiens idéologique et pécuniaire surprenants de « Black lives matter »
Nul doute que les petites mains chinoises qui fabriquent plus de la moitié des iPhone seront bien contentes d’apprendre que l’argent dont elles ne bénéficient pas est reversé en partie dans des projets dont elles ne profiteront pas non plus.
La Chine offre une main d’œuvre très bon marché, pollue à mort et n’offre aucune perspective de vie politique démocratique. L’empire du Milieu permet aux dirigeants d’Apple de jouer les vertueux dans les pays qui ne sont ni les plus racistes ni les plus pollueurs de cette planète, dans lesquels des bobos repus, repentants et à genoux, ne demandent plus qu’une chose : pouvoir continuer de s’épancher, de pleurnicher et de se battre la coulpe en poussant des petits cris d’indignation sur les réseaux sociaux.
Depuis les terminaux high-tech de l’entreprise la plus engagée du moment.
Parlez-vous woke? La haine recuite
Nancy Pelosi, la cheffe des démocrates au Congrès américain, ploie le genou en hommage à George FLoyd, Washington, 8 juin 2020. © Manuel Balce Ceneta/AP/SIPA
Derrière le slogan #BlackLivesMatter, une organisation politique révolutionnaire née aux Etats-Unis promeut une idéologie manipulatrice et vindicative, le « woke », sorte de politiquement correct sous stéroïdes. Il y a urgence à résister.
Dans la comédie satirique d’Aristophane, Les Cavaliers , le Peuple invite un nouveau leader politique surnommé le Charcutier à être son guide, par des paroles aussi naïves que terrifiantes : « Ré-éduque-moi ! » L’organisation qui se cache à peine derrière le slogan #BlackLivesMatter nourrit les mêmes ambitions que le Charcutier : prendre le pouvoir en nous rééduquant, en nous imposant une idéologie manipulatrice qui déforme la réalité. À la différence du Peuple dans la pièce, nous devons tous résister à cet extrémisme politique qui cherche à racialiser et à diviser notre société pour mieux régner. Son idéologie, longtemps en gestation, tient aujourd’hui en quatre petites lettres : « woke ».
Que ce soit sur les médias sociaux ou traditionnels, tout dissident à la doxa woke est dénoncé, persécuté et chassé de la scène publique
Le terme woke vient des activistes afro-américains. C’est littéralement une injonction à rester « vigilant » face à tout ce qui dans la société actuelle peut constituer une forme d’oppression des Noirs par les Blancs. Cet usage, consacré surtout à partir de 2012, s’est étendu à l’oppression des pauvres par les riches, des femmes par les hommes, des homosexuels par les hétérosexuels, et des transgenres par la nature « hétéronormative » de la société traditionnelle. L’idéologie woke peut être qualifiée de « totalisante » dans la mesure où il s’agit d’amalgamer les griefs supposés de différents groupes afin d’encercler et de mettre en accusation le groupe social majoritaire qui, selon les activistes woke , domine les autres en abusant de son pouvoir. Ce groupe, composé de tous les Blancs, serait dominé à son tour par les êtres les plus abusifs de tous : les hommes blancs hétérosexuels. Détrôner ces tyrans est le but suprême. De même qu’on accumule les tares en étant blanc, masculin et hétéro, on peut accumuler les vertus en étant noir, femme et homo ou trans. Cette apothéose agrégative de la victimisation s’appelle l’intersectionnalité . La volonté de fédérer les doléances sans distinction s’exprime à travers des acronymes comme LGBTQIA+ ou le terme britannique « BAME » qui signifie « les Noirs et les autres minorités ethniques », c’est-à-dire tout le monde, sauf les Blancs. Le citoyen lambda est sommé de reconnaître en bloc le bien-fondé de tous ces griefs sous peine d’être voué aux gémonies comme le laquais des oppresseurs. Que ce soit sur les médias sociaux ou traditionnels, tout dissident à la doxa woke est dénoncé, persécuté et chassé de la scène publique.
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Les doctrines sociales, culturelles et scientifiques qui composent cette culture de la revendication sont diffusées selon la stratégie définie dans les années 1920 et 1930 par le marxiste italien Gramsci. Cette stratégie se base sur la notion d’hégémonie culturelle : pour préparer la conquête du pouvoir, il faut d’abord mener celle des esprits en investissant l’éducation, la culture, les médias et le débat intellectuel. La machine de propagande créée autour de BLM est le dernier avatar de cette opération gramscienne.
Lancé par trois femmes noires – dont deux se qualifient de « queer » – en 2013, en réponse à l’acquittement de l’homme qui a tué l’adolescent noir Trayvon Martin, ce mouvement né comme un simple hashtag est devenu un réseau international décentralisé et une fondation habilitée à recevoir des dons. Dans une vidéo datant de 2015 et facile à trouver sur internet, une des fondatrices, Patrisse Cullors, se vante d’avoir reçu une formation d’organisatrice marxiste, de même que sa collègue, Alicia Garza. Il suffit de consulter le site de la branche américaine de BLM ou les pages Facebook et GoFundMe (un site de financement participatif) de la branche britannique pour comprendre que BLM n’est pas simplement un mouvement de lutte contre le racisme. On y découvre, exprimés dans une prose ala