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L’unité actée pour la création d’une association du financement du culte musulman
Une nouvelle étape dans l’organisation de l’islam en France est en passe d’être franchie. Après deux ans de relations pour le moins difficiles, le Conseil français du culte musulman (CFCM) et l’Association musulmane pour l’islam de France (AMIF) ont annoncé, vendredi 6 mars, la création d’une association unifiée du financement du culte musulman.
A son lancement en 2018, l’Association musulmane pour l’islam de France (AMIF) s’était attiré la défiance des cadres du Conseil français du culte musulman (CFCM), au point de se précipiter pour créer l’Association pour le financement du culte musulman (AFSCM). Cette structure est demeurée au stade de coquille vide, tandis que l’AMIF n’a pas plus avancé sur la phase opérationnelle.
Fini le temps de l’animosité. Avec l’élection de Mohammed Moussaoui à la tête du CFCM) en janvier, la donne a changé et le rapprochement avec Hakim El Karoui a été instantané, sous l’œil béni du ministère de l’Intérieur.
Deux semaines après le discours présidentiel sur le séparatisme prononcé mi-février à Mulhouse, lors duquel Emmanuel Macron a plaidé pour une meilleure organisation du culte musulman, l’instance représentative du culte musulman et l’AMIF ont ainsi
annoncé la création d’une « association unifiée de financement du culte musulman ».
« Nous avons décidé d’unir nos forces », ont fait valoir les dirigeants du CFCM et Hakim El Karoui dans une tribune parue au Monde vendredi 6 mars.
« L’exigence du président de la République (d’une meilleure organisation de l’islam en France, ndlr) est la nôtre. Depuis longtemps, très longtemps même. Et il est vrai que le CFCM n’a pas toujours pu proposer et mettre en œuvre des actions allant en ce sens : c’est une institution encore jeune qui a longtemps été contrainte dans son action par des difficultés internes que nous ne nions pas », lit-on.
Dans le même temps, « l’Etat doit au passage reconnaître ses responsabilités : il a abandonné des quartiers entiers ; il n’a pas lutté contre la complaisance de certains élus locaux avec l’islam politique, acceptant des stratégies de repli communautariste ; il a enfin été trop tolérant avec l’activisme de certaines puissances étrangères promouvant une vision rétrograde de l’islam, qui n’est pas celle de l’immense majorité des musulmans de France », explique-t-on.
« Il faut – nous en sommes convaincus – nous attaquer à la source : faire interdire, et non pas seulement contrôler, les financements provenant de personnes ou d’Etats qui s’inscrivent en dehors des accords traditionnels et historiques avec les pays dont le lien sociologique avec la France est avéré et ancien et, par ailleurs, former tous les ministres des cultes à identifier et à bannir les idéologies qui instrumentalisent la religion à des fins politiques », appellent-ils.
« Sa gouvernance sera conforme aux meilleurs standards professionnels »
La nouvelle association, espèrent-ils, serait soutenue par des financements provenant « du produit des dons mais aussi des consommations liées à la religion, la viande halal par exemple ou le voyage vers La Mecque pour le pèlerinage rituel ». « Elle aura aussi pour mission de collecter des dons et des legs susceptibles de financer la réponse aux enjeux nationaux que nous venons de décrire. Elle n’aura en revanche pas vocation, en tout cas à court terme, à permettre de construire des mosquées ; sujet laissé à ce stade à la responsabilité des communautés locales », indiquent les signataires.
« Sa gouvernance sera conforme aux meilleurs standards professionnels, avec une séparation des opérateurs économiques et des régulateurs : des personnalités indépendantes ayant signé une déclaration d’intérêt attestant qu’ils n’ont aucun intérêt dans les secteurs économiques susceptibles d’être régulés par eux seront donc majoritaires au conseil d’administration », précise-t-on. « Le CFCM et les fédérations qui le composent auront un tiers des sièges. Les décisions concernant la régulation économique se prendront à la majorité simple. Les décisions portant sur l’emploi des ressources seront prises à la majorité qualifiée des deux tiers dans le consensus, après appels à projets ouverts et transparents. »
« Un nouveau dialogue entre l’Etat et l’islam se met en place, un dialogue fondé sur la confiance, sur la responsabilité partagée et mutuelle. (…) Il est sain qu’il puisse exister, dans le respect de la laïcité, une dynamique constructive entre l’Etat et le culte musulman. Avec toujours pour objectif de construire des relais efficaces pour lutter contre les logiques de repli communautariste et d’extrémisme sans jamais abîmer le lien qui nous lie », concluent-ils.