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Depuis trois décennies, l’islam – en France – ne cesse de défrayer la chronique. Pascal ROUX, prêtre à la paroisse de St François d’Assise – à Paris, (administrateur de la F.A.) écrit : «en lisant cette mise en garde d’un journaliste égyptien à propos de ce qu’il appelle l’islam profond, nous voyons l’urgence de continuer à aider nos amis musulmans à diffuser une version humaniste de l’islam ». Dans une tribune, le journaliste égyptien Saïd Shuayb appelle à une mobilisation pour « réanimer et promouvoir la critique humaniste » au sein de l’islam : « comment j’ai été éduqué à détester les chrétiens » (Le Monde du 19.05.2017).
Après les attentats de Charly Hebdo, du 13 novembre et de Nice en 2016, un groupe de professionnels et de la Société Civile : éducateurs, assistantes sociales, aumôniers, professeurs, anthropologues, etc … inquiets, bouleversés par ces évènements, se réunissent et créent, en Savoie : L’Association de Recherches sur le Processus de Radicalisation Contre les Dérives Sectaires liées à la religion : ASPRA. Leur but étant de comprendre d’où viennent ces dérives et à quoi correspond le processus de l’endoctrinement. Nous savons très bien que la radicalisation djihadiste est portée sur la volonté de remplacer la démocratie par une théocratie basée sur la foi islamique en ayant recours à la violence et aux armes.
De nombreux pays ont été menacé par un terrorisme inspiré d’un courant fondamentaliste et intégriste de l’islam. Al Qaïda et Daesh en sont deux courants les plus répandus. Leur objectif étaient d’imposer une idéologie totalitaire par des moyens violents.
Pour lutter contre cette radicalisation en France auprès :
- des jeunes, des travailleurs sociaux en première ligne,
- dans les prisons
- dans le milieu scolaire,
Il est indispensable, voire indispensable de consolider une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme qui mobilise tous les pans de l’action publique.
Mise à part détecter les trajectoires de radicalisation et les filières terroristes le plus tôt possible, il faut :
- développer impérativement des programmes de formation en mobilisant les volets « citoyenneté » des projets éducatifs du territoire pour développer, en partenariat avec les communes et les associations, une offre d’activités périscolaire dédiée au développement de l’esprit critique mais aussi de la capacité du jugement vis à vis des médias et des réseaux sociaux,
- diffuser, à chaque classe d’âge de jeunes, des modules de prévention de la radicalisation à l’occasion de la journée : « défense et citoyenneté »,
- éduquer aux médias et à l’information,
- augmenter les capacités de prise en charge parmi les personnes radicalisées de celles qui connaissent des problématiques de santé mentale,
- lancer un plan de prévention et de suivi de la radicalisation interne à l’Education nationale (prévention, repérage et signalement, suivi, formation),
- inviter les maires et les préfets à développer un volet de prévention de la radicalisation.
- s’intéresser aux témoignages du type : comment j’ai été élevé à détester les autres religions ? et ne pas se faire d’illusion sur l’objectif fantasque et immonde de l’Etat islamique (E.I.).
Il s’agit, dans un deuxième temps, de dénouer et de réfuter les contenus rhétoriques du groupe terroriste par l’éducation et par la formation. Celle des imams et des aumôniers, en France et d’abord dans le département savoyard, qui sera une première.
Un article paru dans « l’Express » précise que concernant la formation des imams, il faut clarifier et valoriser leur statut pour mieux contrer les discours radicaux.
En Belgique, Allemagne et Pays Bas, les cursus universitaires, en études islamiques, donnent une place importante aux Sciences Humaines et permettent, aux futurs imams, d’obtenir un diplôme reconnu par le système éducatif public.
En France, cela n’existe pas et ces modèles étrangers ne sont pas transposables du fait de cette séparation stricte de l’Eglise et de l’Etat. On peut, cependant, espérer que les instituts privés, en théologie qui forment certains imams, fassent des efforts pour s’inspirer des programmes d’étude de ces pays.
Parallèlement à cela dans les universités, nous assistons à une disparition de l’islamologie française qui nous vient des Etats Unis ou de l’Angleterre. Ce qui fait, qu’aujourd’hui en France, il n’existe plus de professeurs d’islamologie. Pourtant cette étude philosophique des textes musulmans des premiers siècles de l’Islam est fondamentale. Pour éviter les discours extrémistes de certains imams, il faut absolument développer l’histoire de l’anthropologie de l’islam pour réinscrire chaque texte dans la société dans laquelle il a été écrit.
Depuis 30 ans, ces instituts de théologie se sont multipliés en France. Ils laissent souvent croire qu’ils offrent un niveau universitaire mais ce n’est que rarement le cas.
D’autre part, l’enseignement n’y est que confessionnel et n’aborde pas l’étude des textes religieux de manière académique. Il faut introduire, dans leurs cours, des Sciences Humaines, l’Histoire, la Philosophie, la Littérature qui y sont trop souvent absentes.
Le nombre d’imams participant à des sessions « D.U », diplôme universitaire mettant, entre autres, l’accent sur la Laïcité, le Droit, l’Histoire se sont développés depuis les attentats, mais il reste faible, de l’ordre de quelques dizaines.
Un décret devrait rendre obligatoire ce cursus pour les aumôniers à l’œuvre sociale dans les prisons, l’armée ou les hôpitaux.
Mais en réalité, peu d’imams sont formés dans ces instituts. Les élèves sont des cadres religieux comme des administratifs ou des professeurs et des musulmans lambda qui étudient l’arabe, le Coran ou le Hadith. Ils n’ont pas tous, absolument le désir de devenir imam, son statut étant économiquement et juridiquement trop précaire. Une des nécessités est donc, également, que les organisations musulmanes clarifient son statut et le valorisent socialement et économiquement.
En France, les imams sont formés à l’étranger : au Maroc, en Turquie, en Tunisie, en Arabie Saoudite. Résultat : ils ne maîtrisent pas la langue française et prêchent hors sol.
En parallèle, de plus en plus de jeunes qui franchissent les portes des mosquées ne parlent pas arabe, d’autant qu’avec Internet, certains jeunes sont amenés à se « bricoler « leur religion.
Réinstaurer des médiations, comme celle de l’imam, est indispensable.
Il serait donc souhaitable, à défaut de création d’une faculté de théologie, d’améliorer le niveau des instituts privés avec davantage de cours des Sciences Humaines.
Nous devons expulser tous ces imams radicalisés (expulsions et déchéances de nationalité peuvent être des outils majeurs de lutte contre le terrorisme islamiste.
Il faut faire vivre nos valeurs. Il faut anéantir les ennemis de la République en créant des centres d’internement antiterroristes.
Dans les prisons, il est impératif de :
- prévoir une prise en charge des personnes radicalisées en détention,
- d’accroître les efforts de sensibilisation et de formation pour mieux détecter les signes de radicalisation,
- développer des programmes de prise en charge de personnes détenues après leur passage en unités dédiées, recruter de nouveaux surveillants et conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation,
- renforcer l’aumônerie pénitentiaire musulmane afin d’endiguer la diffusion, en milieu carcéral, les discours extrémistes,
- pérenniser le dispositif national de recueil et de traitements des signalements,
- créer une grille d’indicateurs de sortie de la radicalisation.
…………………………………..
Pour lutter contre tous ces phénomènes, il faudrait envisager :
- le renforcement des contrôles policiers aux frontières,
- la révision du code d’instruction criminelle : personnes fichées, bracelet électronique
- exclusion des prédicateurs de haine (screening de tous les prédicateurs en vue d’assigner à résidence, de priver de liberté ou d’expulser ceux qui prêchent la haine,
- démanteler les lieux de culte non reconnus qui diffusent le djihadisme,
- fin de l’anonymat des cartes prépayées,
- fermeture des sites internet prêchant la haine,
- extension du réseau de caméras de reconnaissance des plaques minéralogiques
Ma fonction de travailleur social m’a amené à m’interroger sur ces dérives.
- Benabadji