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Selon le premier ministre Justin Trudeau, il ne sert à rien de poser des gestes qui blessent inutilement les autres.
Le premier ministre Justin Trudeau ne suit pas son homologue français Emmanuel Macron qui soutient que, terrorisme ou pas, on doit continuer à pouvoir caricaturer le fait religieux, y compris le prophète musulman Mahomet. Selon M. Trudeau, il ne sert à rien de poser des gestes qui blessent inutilement les autres. Par Hélène Buzzetti à Ottawa Correspondante parlementaire Canada.
Photo: Sean Kilpatrick La Presse canadienne : Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau
La tenue ces jours-ci du procès des complices de l’attentat contre Charlie Hebdoa été le prétexte en France pour publier à nouveau les caricatures de Mahomet qui avaient choqué et poussé les terroristes à agir en 2015. D’aucuns pensent que ce geste est à l’origine des attaques au couteau qui se sont multipliées en France au cours des dernières semaines. La décapitation de l’enseignant Samuel Paty était aussi survenue après qu’il a montré des caricatures du prophète à ses élèves.
Tout cela a amené Emmanuel Macron à dire que la France ne renoncera pas « aux caricatures, aux dessins ». Mais Justin Trudeau ne se range vraiment pas dans son camp.
Interrogé à nouveau vendredi à ce sujet, M. Trudeau a d’abord soutenu qu’il allait « toujours défendre la liberté d’expression ». « Mais la liberté d’expression n’est pas sans limite, a ajouté le premier ministre. On n’a pas le droit par exemple de crier “au feu” dans un cinéma bondé ; il y a toujours des limites. Dans une société pluraliste, diverse et respectueuse comme la nôtre, nous devons être conscients de l’impact de nos mots, de nos gestes sur les autres, particulièrement ces communautés et populations qui vivent énormément de discrimination encore. »
Selon M. Trudeau, la liberté d’expression doit s’exercer dans le « respect pour les autres » et avec le souci de « ne pas blesser de façon arbitraire ou inutile ».
Le premier ministre ajoute que l’intention de celui qui caricature, toute bonne soit-elle, n’est pas nécessairement pertinente dans le débat. « C’est une question de respect, de ne pas chercher à déshumaniser ou blesser délibérément. Il y a toujours un débat extrêmement important, un débat sensible à avoir sur de possibles exceptions sur des enjeux où on ne veut pas blesser, mais souvent l’intention est moins importante et le fait peut quand même blesser, alors dans une société basée sur le respect de l’autre et l’écoute et l’apprentissage, ayons ces conversations complexes de manière responsable. »
Dans une société pluraliste, diverse et respectueuse comme la nôtre, nous devons être conscients de l’impact de nos mots, de nos gestes sur les autres
— Justin Trudeau
Plus tôt cette semaine, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a tenu des propos similaires en soutenant que « la liberté d’exprimer nos pensées n’est pas une liberté de créer par exprès des divisions [et de] la haine ».
Le chef conservateur Erin O’Toole, qui ne s’est toujours pas rendu disponible pour être interrogé par les journalistes, a seulement diffusé une vidéo cette semaine. « Une autre attaque islamiste, une autre atteinte à nos valeurs et notre liberté, y dit-il. Si la France est attaquée, ce sont toutes les démocraties qui sont attaquées. Je veux exprimer ma solidarité avec les alliés français. Les terroristes ne nous feront pas plier. Ici au Canada, nous allons nous battre pour créer un pays fier de ses principes, de son ouverture et de sa liberté d’expression. »
“Nous nous devons d’agir avec respect pour les autres et de chercher à ne pas blesser de façon arbitraire ou inutile ceux avec qui nous sommes en train de partager une société et une planète”, a déclaré le Premier ministre canadien.