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Les psychothérapeutes Aurélia Schneider, Christophe André et Cécile Guerés expliquent comment mieux cultiver la psychologie positive
Alors que chez de nombreuses personnes, un isolement prolongé peut finir par développer différentes formes de traumatismes liées à la peur ou à l’anxiété, les psychothérapeutes Aurélia Schneider, Christophe André et Cécile Guerés expliquent, dans “Grand bien vous fasse” comment mieux cultiver la psychologie positive.
Des psychiatres reviennent sur les conséquences psychologiques du confinement, les comportements à adopter pour mieux les maitriser et pour penser de manière plus positive.
Selon une vaste analyse menée par l’équipe de recherche de Samantha Brooks, du King’s College à Londres, quant aux suites psychologiques des dernières épidémies (SRAS, MERS, grippe H1N1, Ebola) et des mises en quarantaines depuis 2003, dans 11 pays, sont apparus des symptômes de stress post-traumatique, d’anxiété, de dépression, d’irritabilité, de confusion, de peurs, de colère, d’abus de médicaments ou de drogues, d’insomnies, de stigmatisations. Ce sont là les principaux méfaits potentiels d’une mise en quarantaine, mais qu’il est possible de surpasser par la psychologie positive.
Ce sont nos émotions qui guident notre état d’esprit
Aurélia Schneider : “La quarantaine est une situation anormale qui peut menacer notre intégrité tant on réagit tous différemment : nos émotions peuvent être différentes en fonction de nos antécédents personnels, notre culture…
Au-delà de l’évènement lui-même, c’est bien la signification que l’on va donner à l’événement qui va venir conditionner notre esprit. Nos émotions négatives et positives vont avoir des influences considérables sur la gestion de l’évènement”.
C’est le sens donné à la situation qui donne une protection psychologique, ce n’est pas une souffrance individuelle et isolée que nous traversons, mais une souffrance collective. Cécile Guérés
On sait, ajoute Aurélia Schneider, “que les émotions plus positives nous aident à résoudre nos problèmes, c’est donc sur elles qu’il faut miser pour maitriser nos peurs”.
N’oublions pas ce qui va bien, ça nous donnera l’énergie pour mieux affronter ce qui va mal. Christophe André
Comment cultiver le sens d’émotions plus positives ?
- Se raisonner positivement soi-même
Christophe André : “Se concentrer aussi sur ce qui va bien et pas seulement sur ce qui va mal, c’est la base de la psychologie positive qui consiste à prêter attention à ce qui va bien dans nos vies comme si, au fond, faire attention à ce qui va bien nous empêche de voir ce qui va mal”.
- Aller bien ensemble : un confinement altruiste
Aurélia Schneider : “La communication est essentielle, il faut garder du lien par l’intermédiaire des réseaux sociaux, par téléphone et essayer de faire du bien autour de soi, certes à distance, mais aider les autres, ceux que l’on sait seuls : quand on reste chez soi, c’est aussi pour protéger les autres, c’est important d’avoir ce type de comportement parce que ça génère en nous des émotions positives”.
- Ne pas céder à la mauvaise panique des fausses rumeurs : éviter de tout mélanger
Christophe André : “C’est important que nous arrivions à faire un usage sensé et raisonné de l’information, c’est important de ne pas (s’)affoler.
La crise actuelle dans notre société nous conduit à adopter un regard d’adulte quant aux difficultés, se dire que nous devons avoir des comportements respectueux par rapport aux autres”.
Il ne pas oublier tout ce qui fonctionne bien. Notre état fonctionne, nous n’allons pas mourir de faim, nous avons pour la plupart d’entre nous les moyens de garder un contact avec l’extérieur grâce à Internet.
Aurélia Schneider : “On a tendance à tout mélanger : la crainte de la maladie, la crainte d’avoir de gros problèmes, la crainte économique, les aspects financiers de cette situation”…
Cécile Guérés : “C’est important de prendre le temps de se rassurer sur l’idée que nous aurons suffisamment de ressources ; que nous sommes dans un pays où nous pouvons nous appuyer les uns sur les autres, que nous sommes dans un État qui fonctionne où on peut encore s’alimenter.”
- Apprendre à se sentir bien, en sécurité chez soi
Aurélia Schneider : “Nous sommes, d’une part, certes, dans une situation extrême de confinement, mais nous sommes, d’autre part, dans notre appartement, notre maison, plus ou moins à l’étroit pour nombre d’entre nous, mais nous bénéficions de l’électricité, de l’eau courante ! Il faut arriver à réunir toutes ces choses qui font qu’on se trouve bien dans ce lieu malgré tout, développer le plus d’affect positif à l’égard de cet endroit où nous sommes en sécurité”.
C’est très important de s’armer de bonnes ondes pour la suite en tenant compte du confort qui nous entoure.
- Créer un contact différent avec autrui quand nous sommes à l’extérieur
Christophe André suggère que “quand nous sortons dans la rue, le risque, c’est ne plus voir souvent, dans les quelques humains que nous croisons, des porteurs de virus qui se méfient de nous et dont nous nous méfions en retour. Le problème, c’est que plus vous augmentez la distance, plus vous augmentez la méfiance…
Peut-être qu’on pourrait se regarder avec le sourire et se dire bonjour, chercher un contact à distance, essayons tous les uns les autres de se regarder, de se saluer”.
Des soutiens psychologiques bénévoles pour vous aider
Cécile Guéret rappelle les différents organismes bénévoles qui sont là pour vous écouter et vous aider à mieux gérer vos peurs, vos inquiétudes en cette période de confinement :
Pour les soignants :
Pour tous :
Ils assurent leur permanence par téléphone, par un numéro que vous trouverez sur le site internet. Vous pouvez y laisser un message sur le répondeur avec votre prénom et votre numéro de téléphone, après quoi un thérapeute professionnel bénévole vous rappellera sous un numéro masqué.
C’est le Syndicat national des praticiens en psychothérapie relationnelle et psychanalyse, qui vont mettre les coordonnées de leurs six professionnels qui se rendent bénévoles pour des consultations téléphoniques partout en France.
Source : France Inter